Mobilisation d'arroseuses à Paris

Bonjour.
Des ressemblances avec certains camions Laffly.
" Ypériter " ?  Etrange ... pas plutôt  décontaminer ?
Au revoir.
PML

 
 
 

Bonjour Tahure,

Je n'ai rien à ajouter sur l'adaptation " ypérite " de ces arroseuses-balayeuses municipales Laffly (je confirme la marque suggérée plus haut par Pierre ; type exact à retrouver, je dois chercher dans mes grimoires), mais je sais qu'elles ont été envisagées dans le rôle inverse.
Plus précisément : en novembre 1938 a eu lieu un exercice de défense passive au polygone de Vincennes, en vue du " nettoyage de la chaussée, après la chute de bombes à gaz nocifs ".
L'arroseuse utilisée dans cet exercice portait le numéro de parc " Sud 123" sur l'auvent (sur votre photo, le premier véhicule est marqué " Nord 127", autant que je puisse lire).

Espérant que ce renseignement vous sera de quelque utilité,

Bien cordialement

François

Bonjour,

vous trouverez dans l'ouvrage indiqué ci-dessous, en page 16, l'explication de cette photographie.

Lien :http://www.museepompiersparis.com/medias/files/histoire-des-pompiers-de-paris-1938-1944.pdf

Citation : "Des équipes de déblaiement et de désinfection sont créées en mars 1939. Elles ont pour tâche principale de rétablir après une attaque aérienne la circulation sur les voies publiques. En cas de bombardement aux gaz, elles retirent les débris et désinfectent les voies au moyen de chlorure de chaux répandu par arroseuses. La compagnie technique de démolisseurs est mobilisée en septembre 1938. Cette unité compte deux cent soixante dix-sept sapeurs-pompiers. Elle a pour mission de raser les bâtiments qui, gravement endommagés par les bombardements,peuvent présenter un risque pour la population, la circulation et les ouvrages publics périphériques."

Les véhicules sont effectivement des Laffly.

Cordialement

Rémy SCHERER

Bonjour à tous,


Merci à Messieurs Vauvillier et Scherrer pour ces éléments de réponse.
Mais je confirme la mission précédemment décrite,à savoir l'infection du terrain par dispersion d'ypérite, et non la désinfection.

L’évocation de l’infection du terrain par l’ypérite semble avoir suscitée une certaine surprise. Ce procédé fut largement étudié durant l’entre-deux guerres et certaines armées disposaient de moyens opérationnels et en service en 1939-1940 comme des mines chimiques (allemandes Sp. Bu.37, britanniques Chemical Mine N°1 Mk I, américaines 1 Gallon Chemical Mine M1, polonaises WP-MP 1938 ou française dite « bouteille en verre ») et des véhicules destinés à l’infection du terrain (Chemical Lorry Mk I/II en Grande-Bretagne, Type 94A au Japon et Sd. Kfz 10/3 et 11/3 en Allemagne).

L’armée française a procédé à l’infection du terrain en juillet 1918 en Champagne (ypéritage de certains abris de 1^ère ligne à la IVe Armée (note secrète 6793/3 du 12 juillet 1918).

En 1926, la Commission d’Expériences de Bourges fut chargée d’étudier la dispersion sur le sol de l’ypérite à partir de bidons de cinq litres amorcés par pétard.
En 1927, elle fut chargée d’étudier l’ypéritage d’une route avec une ypérite fluidifiée, dispersée par une arroseuse à traction animale.
En 1931, cette étude fut approuvée comme « urgente » par le général Weygand. L’arroseuse envisagée est dorénavant tractée par un véhicule automobile.

En juin 1935, les premiers ordres sont donnés en vue de mettre sur pied une « section d’arrosage » à partir du personnel du Régiment des Sapeurs-Pompiers de Paris et du 19^e Escadron du Train. Selon les documents originaux « le Régiment de Sapeurs-Pompiers réquisitionnera les arroseuses, les aménagera et les conduira à la Poudrerie du Bouchet ». En outre, une note signée du général Colson insiste sur « sur le caractère particulièrement secret de cette dépêche dont les prescriptions feront l’objet d’ordres d’exécution pour les exécutants sans qu’ils soient mis au courant du but à atteindre ».
Tant qu’un matériel spécial ne fut pas mis en service, l’aménagement des arroseuses de la Ville de Paris était prévu pour cette mission particulière.
Des remorques-arroseuses furent mises en commande le 21 mars 1938 mais la mise au point fut délicate et il ne semble pas que le matériel ait été produit.


Quant aux arroseuses de la Ville de Paris, pourrait-il s’agir de LAFFLY LC2 ?

Bonsoir Tahure,

Intéressantes précisions.

S'agissant du type exact, non, ce ne sont pas des LC2, mais des Laffly MLB 5 (type spécifique pour arroseuse-balayeuse).

Ce qui m'intrigue depuis le début dans la photo publiée en tête de ce fil, c'est la tuyauterie spéciale partant du toit. Celle-ci n'existe pas sur les arroseuses-balayeuses normales, ce qui est logique puisque l'eau est conduite directement de la tonne au système d'arrosage, par en-dessous.

Cette tuyauterie extérieure est, à l'évidence, un ajout pour usage spécial.
L'émission d'ypérite paraît justifier ce genre d'équipement.

Bien cordialement

François