Troupes indochinoises

bonjour,
en regardant le site j'ai pu remarquer qu'il y avait de régiments formés de troupes d'origine indochinoise
pouvez vous me parler de ces troupes et si  ces régiments ont été au combat ?
vincent

au combat contre les coups de poignard dans le dos des Japonais en 1940 et 1945, et des Thaïlandais en 1941
En Métropole il n y'a pas eu d'envois de bataillons entiers Indochinois comme pendant la Grande Guerre et leur présence fut donc beaucoup plus réduite :

*le 52e Bataillon de Mitrailleurs Coloniaux (Indochinois) de Carcassonne est lui-même amalgamé en septembre 1939 à des reservistes des Pyrénées pour former la 52e Demi-Brigade de Mitrailleurs Coloniaux (20 % Indochinois 80 % Français) et sert avec la 102e DIF

*un 55e Bataillon de Mitrailleurs Indochinois est formé en juin 1940 dans l'urgence pour la 237e DLI

traditionnellement l'Armée Française préfére les Indochinois en Europe dans des emplois auxiliaires et de service voire l'Artillerie plutôt qu'en Bataillons constitués comme les Sénégalais leur prêtant un temperament moins bélliqueux que les autres peuples de l'Empire, d'ailleurs même durant la Grande Guerre les Bataillons Indochinois étaient plus des Bataillons d'Etapes sur les arrières qu'au Front, ainsi dans cet esprit on retrouve en 1939-1940

*20 Compagnies Auxiliaires Indochinoises de Commis Ouvriers Militaires d'Administration levées en Métropole pour l'Intendance (n° de série 700)

*16 Compagnies Indochinoises de FTA (DCA)²

*Bataillon de Travailleurs Indochinois de la XVIIIe Région et une Compagnie à la R.M. de Paris²

[²ces dernières unités sont simplement citées par Lee Sharp dans son ouvrage ce qui nous laisse un peu sur notre faim]

sous reserve d'inventaire supplémentaire...

Dans leur imbécile naîveté pleine de suffisance nos "responsables" politiques ,administratifs et militaires étaient convaincus que les peuples d'Indochine étaient inaptes à faire la guerre : bien joué les Viets,que ce soit à Langson,sur les routes coloniales à Dien Bien Phu ou ailleurs ,vous le leur avez enfoncé bien profond ! Vos peuples ont porté l'estocade définitive qui fit s'écrouler le mythe Français à tout jamais,les nécrophages du maghreb mettant un point final aux dernières possibilités d'indépendance du pays de France.....Et,non content de cela, le petit prof d'histoire maigrichon a réussi à mettre aussi en échec la plus puissante machine de guerre mondiale,ses B52,les nappes de bombes....inaptes à la guerre qu'ils avaient dit les" grands chefs."....

Voilà une intervention qui tranche avec le ton volontiers érudit et bien élevé de ce forum... No comment !

http://www.anai-asso.org/NET/document/le_temps_de_la_guerre/le_temps_de_la_guerre_19401955/2_en_europe/les_tirailleurs_indochinois_dans_la_campagne_de_france_19391940/index.htm

dans cette page les formations Indochinoises en France, quelques unités supplémentaires,
on y apprend aussi que 20 Bataillons de Travailleurs² Indochinois doivent être organisés au printemps 1940
il affecte d'ailleurs le 1er Bataillon à la Ve Région d'Orléans et non la XVIIIe

Travailleurs Militaires , pas Tirailleurs, ce n'est pas une coquille

A noter en complément des infos citées plus haut que selon une statistique officielle établie à l'automne 1940 13.769 aurait participé à la campagne 1939-1940. les pertes sont de 3.151 tués, blessés et disparus.
Concernant les "16 Compagnies Indochinoises de FTA", il s'agit de 16 groupe de DAT numérotés de 101 à 116.
Source Eric Deroo & Maurice Rives Les Linh Tâp Lavauzelle 1999

oui en effet ce terme de "Compagnie" me surprenait, le lien évoquait aussi des "Groupes", à noter qu'en dehors de l'Indochine et la Métropole l'envoi d'un Bataillon de Pionniers Indochinois au Levant puis un 2e.
Ces soldats Indochinois en Métropole vont connaitre un sort tout à fait particulier, faute de pouvoir les rapatrier en Indochine, ils vont formés une bonne moitié des Cies de Militaires Indigènes Coloniaux Rapatriables (MICR) autorisées en surnuméraire de l'Armée d'Armistice, ils seront conversés par les Allemands même aprés l'Invasion et la demobilisation de novembre 1942 qui les voulaient comme des "palefreniers", en réalité l'Organisation Todt les récupérera pour la côte Méditerranénne.

ces troupes indochinoises "moins belliqueuses que les autres" ont pourtant foutu une 'mémorable déculottée' à l'armée française en Indochine quelque 14 ans plus tard....
vincent

Merci de rester dans le cadre 1940 et ne pas s'étendre sur la guerre d'indochine plus que quelques appartées bien naturelles .
Je suis par contre interessé sur toute donnée concernant les troupes en Indochine elle même , et plus particulièrement les unités dotées de véhicules blindés .

Alain

Contre le Siam les troupes alignent des FT et des chenillettes d'infanterie,il existe aussi quelques AM,je les ai vues sur photos comme butin des nippons,plus tard,il faudrait que je retrouve le type......france1940.free.fr/vichy/tk_indo.html
Voici ce que l'on peut trouver en langue anglaise,c'est assez précis

Citation :

In January 1938, the armoured vehicles were grouped into two Détachements
Motorisés (Motorised Detachment) and one armoured car squadron
:

• 
  the Détachement Motorisé n°1 was attached to the
  4e RAC and had one motorcycle platoon with both solo motorcycles and sidecar
  combinations, one platoon of Citroen-Kégrese P 104 (2),
  two platoons of AM White Mle 1918 and one Indochinese engineer company.
  
• 
  the Détachement Motorisé n°2, attached to the
  9e RIC, had one FT 17 company with four platoons (one of which was detached
  to the Brigade d'Annam's I/10e RMIC).
  
• 
  one Escadron d'auto-mitrailleuses de cavalerie with two platoons
  of armoured cars was attached to the 5e RAC.
  

Thus it appears that on the eve of the Second World War about twenty FT
17 tanks remained (most of them apparently armed with the 37mm gun 3),
along with at least three to five Citroen-Kégrese P 104, six to
ten AM White Mle 1918 and six to ten unidentified auto-mitrailleuses
de cavalerie (apparently Laffly-White AM 50 although some sources mention
an enigmatic "Panhard 1928" 4).
At the outbreak of war, these vehicles were reorganised into three motorised
detachments :

• 
  the Détachement Motorisé du Tonkin (DMT - Tonkin Motorised
  Detachment), stationed in Tong, was attached to the 9e Régiment
  d'Infanterie Coloniale (RIC - Colonial Infantry Regiment) ;
  
• 
  the Détachement Motorisé d'Annam (DMA - Annam Motorised
  Detachment) stationed in Hue and attached to the 10e RMIC ;
  
• 
  the Détachement Motorisé de Cochinchine (DMC - Cochinchina
  Motorised Detachment5) stationed in Thu
  Dau Mot and attached to the 11e RIC. This unit's FT-17s seem to have been
  up-armoured with plates landed from the Aramis auxiliary cruiser
  when it was disarmed and returned to civilian service in June 1941 !
  

These motorised detachments were apparently organised into one tank platoon
and an unknown number of armoured car and mechanised infantry platoons
(probably one of each). The armoured cars seem to have been Laffly-White
AM 50s with some older AM White Mle 1918 while the mechanised infantry
used armed Renault UE 2 carriers. These vehicles bear a striking resemblance
to the ten armed UE variants bought by China in 1936 although the casemate
which houses the Chatellerault LMG differs in several respects. It is not
known whether these are the result of a June 1940 order for AMX armoured
casemates or of a specific 1939 contract with the Ministry of Colonies.
Neither are the exact numbers in service (at least twelve are mentioned
in Tonkin around 1945) nor the date of their arrival in Indochina known
but there is photographic evidence of at least two surviving in Cambodia
as late as 1945.
A Détachement Motorisé de la Légion (DML
- Foreign Legion Motorised Detachment) was raised in May 1940 and attached
to the 5e Régiment Etranger d'Infanterie (REI - Foreign Legion
Infantry Regiment). However, this unit had no armoured vehicles and used
only motorcycles (both solo and combinations), field cars and light trucks.
Besides the vehicles already reported, one source (6)
mentions the DMC's use of lightly armoured trucks during its January 1941
operations against Thai forces while another (7)
indicates that these in fact belonged to the 9e RIC's 20mm Oerlikon AA
platoon. In any case, their effectiveness led to several Ford trucks being
armoured by the artillery workshops and permanently armed with with the
Oerlikons after the Franco-Thai border clashes.
Also, two locally armoured trains (
were available in Indochina, one based in Tonkin and one in Cambodia. These
were mainly useful for securing the railways during internal uprisings.
The Cambodia armoured train seems to have been used to patrol the narrow
gauge line between Phnom Penh and Poipet during the war with Thailand although
it didn't see any action. Both of them survived until 1945 but nothing
else is known about these trains.

je peux traduire si certains désirent

Citation :

Concernant les "16 Compagnies Indochinoises de FTA", il s'agit de 16 groupe de DAT numérotés de 101 à 116.
Source Eric Deroo & Maurice Rives Les Linh Tâp Lavauzelle 1999

Ce très bel ouvrage de Rives et Deroo me semble d'ailleurs à recommander à tous ceux qui s'intéressent aux soldats indochinois de la France sur tous les fronts. L'autre référence de base, mais pour l'Indochine dans la 2eme GM, est évidemment:
Hesse d'Alzon, Claude. La présence militaire française en Indochine 1940-1945. Vincennes, 1985, SHAT, iii+383 p.

Ces 101e à 116e GDAT indochinois ont laissé bien peu de traces dans les textes (mentions fugitives des 101e et 110e GDAT !). On aimerait surtout connaître leur organisation, effectif et armement.
Il faut certainement y voir le résultat du programme de renforts coloniaux de 1re urgence destinés aux FTA de l'Intérieur: en janvier 1940, les 7000 soldats indochinois (infanterie) de cette tranche étaient déjà arrivés en France. Sharp V, p. 168 indique d'ailleurs que ces unités avaient été formés par le Dépôt de guerre d'infanterie coloniale No 159 (Toulon), ce qui suggère qu'il s'agissait de compagnies de mitrailleuses de DAT (relevant de l'Infanterie), réunies en 16x Groupes de DAT (...et affectées aux Régions Militaires de l'Intérieur?). Les 7000 Indochinois du programme ne sont pas nécessairement tous compris dans ces unités, mais il y avait là suffisamment de personnel disponible.

En comparaison, le même programme affectait aussi 3000 Malgaches aux FTA: dans les faits, 2400 fantassins et 500 artilleurs malgaches arrivèrent en 1939. Sharp mentionne l'existence des 1re à 12e Cies de FTA malgaches (aussi formées par le DGIC No 159). Cette fois, il devait effectivement s'agir de "compagnies" de DAT.

JGR

Citation :

à noter qu'en dehors de l'Indochine et la Métropole l'envoi d'un Bataillon de Pionniers Indochinois au Levant puis un 2e.

Il y a toute une "petite histoire" derrière l'apparition de ces bataillons au Levant.
À l'origine, ces quelque 2000 soldats indochinois formaient apparemment le Détachement de renfort No 1, destiné à la métropole. Ils s'étaient embarqués à Saïgon les 3 et 17 mai 1940 sur 2 navires transports de troupes (je crois que c'étaient les paquebots Cap-Saint-Jacques et Félix-Roussel), à destination de Marseille. Arrivés début juin 1940 dans la zone du canal de Suez, les navires furent retenus sur place en raison de la menace d'entrée en guerre de l'Italie, puis leurs passagers et cargaisons débarqués et redirigés.
C'est alors seulement qu'il fut décidé d'envoyer ces Indochinois au Levant proche, j'ignore comment exactement. Ils arrivèrent en 2 lots à Beyrouth fin juin 1940 et servirent à former (1/7/40) les 1er et 2e BPIC (Bataillon de Pionniers Indo-Chinois).
Le 2e BPIC fut dissous le 15/11/40 et son personnel réparti entre un 1er BPI renforcé (à 6x Cies en avril 1941) et d'autres affectations.
Pour donner une idée du contingent indochinois au Levant, il y avait environ 2800 soldats indochinois sur ce théâtre au moment de l'armistice. Là-dessus, environ 1900 venait d'arriver, comme nous venons de le voir. C'est dire qu'il y avait déjà près de 900 Indochinois déjà sur place, servant dans diverses unités. On sait qu'il y en avait un bon nombre au sein des unités du Train, aussi chez les infirmiers coloniaux et probablement dans l'artillerie coloniale. Difficile de préciser plus!

À lire:
Sicard, Jacques. «Les unités indochinoises jusqu'en 1945.» Militaria, CCII, mai 2002, 49-57.

JGR

en définitive, il y a t'il eu une troupe de militaires indochinois au combat en france métropolitaine en 40 ?
meci de me répondre
vincent

Loic a répondu : voir la première réponse à votre message initial :

52ème demi-brigade
55ème bataillon

oui je sais, mais je n'ai peut être pas été tres clair dans ma question
voilà, quelle a été l'attitude de ces troupes au combat puisque on les considère comme 'pas belliqueuse'
merci
vincent

Bonjour

Une modeste participation

Livre « Armée Française » imprimé en 1938


Page 61

La valeur physique des contingents Algériens et Tunisiens,très inférieure à celle des contingents Français


Page 62

Difficulté d’instruire les Sénégalais dans l’emploi des armes modernes

L’Indochine pourrait nous fournir des contingents supérieurs, mais l’expérience de la guerre prouve que les Indochinois remarquables dans certains emplois exigent intelligence et habileté, ne sont pas aptes aux rudes besognes des combattants de première ligne

merci beaucoup pour votre post
et on peut constater avec une certaine tristesse les idées reçues sur les troupes d'afrique du nord (qui seront les plus combatives) et sur les troupes d'indochine 'indécrotables' qui foutront les coloniaux dehors de chez eux quelques années plus tard avec efficacité....
vincent

Bonjour
Il m'est impossible de relater tout le livre, mais ces livres d'avant guerre sont intéressant du fait de nos certitudes et inaptitudes.
Par exemple nous attendons de pied ferme sur la "Ligne Maginot" sans penser qu'ils peuvent passer ailleurs
Nous avons comblé les classes creuses par l'allongement du service militaire et donné le moral à l'encadrement avec une seule incorporation par an!?
Par les troupes indigènes
Par la Ligne Maginot
"Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts"
Il faut aussi lire "Darlan et sa flotte" Etc...
Tous ces livres écrits juste avant guerre et non pollué par ce que l'on sait
Bonne journée

Bonjour,

Vivasal a écrit :

Citation :

et on peut constater avec une certaine tristesse les idées reçues sur les troupes d'afrique du nord (qui seront les plus combatives) et sur les troupes d'indochine 'indécrotables' qui foutront les coloniaux dehors de chez eux quelques années plus tard avec efficacité....

Il ne faut quand même pas trop donner dans le cliché inverse.
Durant la guerre d'Indochine, les pertes parmi les Viets sont énorme, de l'ordre de 5 à 10 Viet pour 1 Français. Chaque fois que Français et Indochinois s'affrontent en face à face conventionel, cela se solde par une sévère raclée pour les Viets.
Il ne faut pas, non plus oublier Langson en septembre 40, où un millier de tirailleur plie et fuit au premier choc des troupes Japonaises.
L'opinion de l'EM Français est donc assez justifiée, d'autant qu'on ne combat pas sur théatre Nord-Est comme on pourrait le faire en Asie. Cela ne veut pas dire que les Indochinois n'avaient pas des qualités, mais au corps à corps face aux Allemands on pouvait opposer mieux.

Pontus

bonjour

sur cette perception peu belliqueuse de l'Indochinois dans les représentations des mentalités de l'époque que javais évoqué, au point même d'être qualifiés de demoiselles par les cadres Français de l'époque qui semblaient prêter peu de virilité militaire à leurs Tirailleurs par une telle formule

voici un passage qui semble bien résumer cette perception de même que le malentendu sur les conclusions en à tirer

les Annamites qui forment la majeure partie de la troupe indigène sont considérés, en raison de leur complexion débile*, de leur mentalité, et de leur aversion pour les choses militaires, comme inaptes au combat moderne. Leur esprit combatif ne s'est pas affirmé dans les guerres précédentes tant en France qu'au Levant ni au Maroc. Une image s'est formée dans l'esprit des Français d'Indochine à leur propos qui efface les vertus de ténacité, de vaillance acquises au cours des siècles de luttes engagées contre l'étranger pour ne laisser subsister que les apparences d'un masque soumis et respectueux. Cette illusion disparaîtra en 1945 (...) nos troupes se heurteront à un adversaire courageux et décidé à se battre. L'éveil du sentiment national fera surgir les qualités guerrières, l'allant, l'enthousiasme, l'esprit de sacrifice qui s'étaient émoussés dans l'apathie du vieil Annam durant une longue période de paix (...) Il faudra la sanction de la guérilla pour déterminer sa psychologie en tant que combattant; on comprend aisément qu'elle ait échappé aux Français en 1939


L'Indochine en guerre 
Général Jean Marchand
 1954


*complexion débile : faible constitution physique
 la "débilité" désigne à l'origine la faiblesse et non exclusivement un synonyme de stupidité ou d'idiotie comme aujourd'hui

Salutations
Loïc L.

Bonjour,

je me permets d'intervenir pour vous proposer le récit des combats du 55° BMIC.

55° BMIC : ce bataillon de mitrailleurs d’infanterie coloniale est créé à Carcassonne début juin sous les ordres du chef de bataillon Reben. Il rejoindra la division seulement le 13 juin. Il est formé avec des cadres européens rescapés de la 52° DBMIC (détruite sur la Meuse) et d’indochinois récemment affectés en métropole.

Le régiment est renforcé par le 55° BMIC (bataillon de mitrailleurs d’infanterie coloniale). Le 55° BMIC est créé à Carcassonne au début du mois de juin sous les ordres du chef de bataillon Reben avec des cadres européens rescapés des combats livrés par la 52° DBMIC sur la Meuse et des indochinois récemment débarqués. Formé hâtivement, le bataillon arrive à Saint Gauburge (61) le 13 juin. Affecté à la 237° DLI et plus précisément en renfort du 236° RI décimé, il prend position le jour même sur la route de Neubourg à Conches. Il reçoit l’ordre de tenir sans esprit de recul.