LES SPAHIS DE LA HORGNE (2010)

Bonjour Monsieur Guenouni,

Un grand merci pour cette première transmission très intéressante de l'histoire orale. En plus, ces débuts de votre père dans la carrière militaire sont plein d'humour, malgré le tragique de la situation du Bou Gaffer au djebel Sagho.

Ce récit me fait penser aux descriptions du médecin des Spahis du 1er Marocains (le docteur Millet) en 1918 à l'Armée d'Orient. Il décrit la fête annuelle du "Sultan des Tolbas" au régiment, fête au cours de laquelle un spahi devient - l'espace d'une journée - le Sultan, à la manière des étudiants du Maroc.

Il existe quelques rares photographies de cette fête qui aura lieu chaque année pendant l'entre-deux-guerres au sein des Spahis du 1er Marocains stationnés à Alep, en Syrie. Lors de cette fête, les Spahis Marocains (et les Tirailleurs Marocains) aimaient organiser des petites séances de Jààh (le guignol arabe) au cours desquelles ils se moquaient gentiment de leurs cadres ou de certains camarades...

La chute de votre histoire avec le pan de la tente qui s'ouvre, dévoilant les deux hommes tenant la dépouille du chien... est bien dans cette veine !

Merci encore pour ce partage de souvenirs intimes !

Cordialement,

Thierry Moné

Bonjour et bienvenue à Monsieur Samir Merzouki qui vient de joindre les membres du forum d'ATF40

Nous sommes plus qu'honorés de compter déjà parmi nous deux fils ou petit-fils de Spahis Marocains ayant combattu à La Horgne le 15 mai 1940.

"Les vrais soldats ne meurent jamais"... la preuve !

Cordialement,

Thierry Moné

NB. Et bravo pour le choix de l'avatar...

je suis sur,certain et meme formel que la photo publiee a la page 18 n est pas celle du mdl
ahmed benabbou.quant aux renseignements envoyes par monsieur samir merzouki sont
authentiques.je le remercie infiniment
fils de benabbou

Bonsoir messieurs,
Me voici des vôtres, officiellement, et j'en suis honoré.
Je suis impatient de découvrir les récits de feu Ahmed Benabbou par son fils le professeur Guenouni qui nous rapprochera, encore plus, de ces vaillants spahis et, certainement, de belle manière.

Bonsoir,

Une nouvelle importante qui fait suite à la disparition du poste de Secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens Combattants. Le contenu du poste est confié par le Ministre d'Etat Alain Juppé à M. Arthur Paecht. Vu aujourd'hui dans le blog "Secret Défense" de Jean-Dominique Merchet :

"L'ancien député Arthur Paecht, 80 ans, sera chargé du dossier des anciens combattants auprès du ministre de la Défense. Alain Juppé a souhaité appeler à ses côtés une "personnalité" afin de pallier la suppression du poste de secrétaire d'Etat aux anciens combattants dans le nouveau gouvernement.
Né à Vienne (Autriche) en 1930, Arthur Paecht a été médecin. Il a eu une longue expérience parlementaire, comme député (UDF) du Var et d'élu local. "
http://www.marianne2.fr/blogsecretdefense/Arthur-Paecht-s-occupera-des-anciens-combattants-aupres-d-Alain-Juppe_a29.html

Cordialement,

Thierry Moné

le mdl ahmed benabbou et le mdl kabbour etaient de bons amis.ils avaient le meme trait
de caractere.mon pere me disait de feu kabbour :c etait mon alter ego,mon clone,mon bis
nous avons suivi le meme cheminement:bougfer,la tunisie,la syrie(deir ezzouhour) et la france.en tunisie,kabbour s est amourache d une chanteuse juive d origine tunisienne .
mon pere essayait de le raisonner:ecoute kabbour,nous sommes nes entre la rudesse
des champs et le reche de la cambrousse,c est pour cela qu on ne peut pas dire je t aime
sans sentir un rabais de notre virilite.c est un amour impossible.
dieu est beau et il aime la beaute . avait il repondu.
guenouni,fils de benabbou

remarque:
chaque fois que j ecris un billet il y a automatiquement une partie qui manque ce qui
rend le recit tronque. c est bizarre?
guenouni

Bonjour Monsieur Guenouni,

Je ne sais pas quelle peut-être la cause du problème que vous rencontrez.

Avant d'envoyer votre billet, vérifiez sa forme en employant la touche "prévisualiser" et, si le résultat vous convient, cliquez sur "envoyer".

Autre solution, une fois votre message envoyé, vous avez toujours la possibilité de le corriger ou d'y rajouter du texte et des images : utilisez la touche "éditer" qui se trouve en haut et à droite de la case contenant votre billet. Apportez vos corrections et refaites "envoyer".

Cela devrait fonctionner !

Cordialement,

Thierry Moné

NB tous les textes ont repris leur forme initiale grace aux conseils de monsieur THIERRY.
je prie tous les lecteurs de relire mes humbles billets.MERCI
GUENOUNI

bonsoir à tous,
absent depuis plusieurs semaines, je reprends contact avec ce beau récit de recherche des spahis marocains de La Horgne,
bravo pour cette réussite. ces récits viennent illustrer l'ouvrage récent de thierry moné que je n'ai pas terminé entierement.....
celà montre que l'honneur et la vaillance ne sont pas toujours vains (dans une défaite) car on les honore pres de 70 ans aprés et c'est tres bien...
tres cordialement
vincent

Bonsoir messieurs,

@ Monsieur Guenouni, c'est un réel plaisir de vous lire.
Au moment où j'écris ce message, j'écoute une chanson d'amour de la défunte Louisa Tounsia, étoile de la chanson arabe des années 30 . C'est elle, une belle juive tunisienne qui a fait chavirer le coeur d'un spahi musulman, feu grand-père, le Mch Kabbour ben Aomar Zemrani.

Lien duquel j'écoute les chansons de Louisa Tounsia et où l'on peut voir une des rares photos de la chanteuse:
http://musique.noukate.com/musique_tunisienne/649-ecouter-louisa-tounsia-mp3.html

Bonsoir à tous,
Bonsoir à nos amis marocains auxquels je voudrais poser une question...

Dans le Maroc moderne, au sein de l'université ou des FAR, existe-t-il toujours une tradition de la journée du "Sultan des Tolbas", ou cette tradition a-t-elle complètement disparu ?

Cordialement,

Thierry Moné

Bonsoir Monsieur Moné,
Concernant la traditionnelle fête de "Soltan Tolba", il me semble qu'elle n'existe plus mais je ne peux le confirmer. Je vais me renseigner sur le sujet.
Personnellement, j'ai vécu en 1979 une tradition semblable appelée "Père-cent", au Lycée Moulay Ismail à Meknès, un des plus célèbre du pays:
A cent jours de l'examen du baccalauréat, on constitue un comité pour une levée de fond en faisant le tour des notables de la ville pour collecter de l'argent pour organiser une grande fête. Durant cette journée, les éleves de terminale se déguisent et l'administration du lycée se fait discrète. Nous sortons même en ville toujours en déguisement. Je me souviens que pour l'occasion, j'avais emprunté l'uniforme de mon père. Ainsi, j'étais déguisé en Officier des FRA. Les filles avaient tellement apprécié la fière allure que j'avais commencé à envisager une carrière militaire...J'empreinte, ici, ce que le Mch Kabbour Zemrani avait dit à son ami Mdl Ahmed Benabbou: "Dieu est beau et il aime la beauté"...

Pour plus d'informations sur l'histoire et l'origine de la tradition de "Soltan Tolba", veuillez consulter le lien suivant: http://said.hajji.name/fr/book-stolbas.html

Merci beaucoup Monsieur Merzouki pour votre réponse et pour ce lien bien utile.

Comme la référence a été indiquée par le lien et que le texte date de 1938, je pense que nous pouvons, pour plus de facilité, reprendre ici quelques extraits significatifs, afin que tous ceux qui sont intéressés par le sujet puissent comprendre en quoi consiste cette tradition marocaine née à Fez. Cela constituera une bonne base avant de montrer comment cette tradition était reprise dans les régiments de Spahis et de Tirailleurs marocains.
http://said.hajji.name/fr/book-stolbas.html

Cordialement,

Thierry Moné
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Une vieille tradition, LE SULTAN DES TOLBAS

Le supplément culturel du journal "Almaghrib" - Nos 5 p. 69 et 6 p. 91 des 5 et 12 mai 1938

1. Description des festivités

La "Nouzha" (ou partie de plaisir) que nous organisons dans notre milieu marocain pendant la saison du printemps est l'un des aspects les plus agréables de notre vie. [...] Les familles se dirigent par petits groupes vers les lieux qu'elles choisissent pour leur sortie [...] Mais comment se présente-t-elle en milieu étudiant où bouillonne le sang chaud de la jeunesse? [...]

Dans la ville éternelle de Fès où le printemps se présente dans tout son éclat et étale sa splendeur sur les rives de "Wady Aljawahir" (la rivière des perles), les étudiants ["Tolbas"] regroupés au sein de leur campus universitaire adressent à Sa Majesté le Roi, l'éternel symbôle du pays, leur requête d'organiser leur fête traditionnelle, et le Roi bienaimé leur fait savoir par l'intermédiaire de son Grand Vizir qu'il acquiesce à leur demande. [...]

Le vendredi qui suit le jour de l'annonce de l'accord royal, les étudiants tiennent dans l'après-midi une réunion plénière au vaste patio de l'Université de la Karaouiyine. La surenchère est ouverte officiellement, avec la participation active de tous les étudiants et se déroule sur deux après-midi d'affilée avant de se solder par la désignation du candidat gagnant. [...] Le gagnant se fait proclamer "Sultan des Tolbas". Après cette proclamation, il retourne à son établissement pour constituer son gouvernement avec les condisciples de son choix [...]

Le vendredi d'après, à 11 heures du matin, le "Sultan des Tolbas" quitte son école à la tête d'un cortège officiel formé de ses ministres et de ses chambellans. Sa Majesté le Roi lui envoie un cheval harnaché ainsi qu'un habillement complet. Elle lui délègue le chef des fêtes organisées au palais ainsi qu'une troupe de soldats et des assistants du pacha. [...] Le lendemain, après la prière du milieu de la journée, "le Sultan des Tolbas" et son cortège se dirigent vers [...] la rivière de Fès, où le pacha de la ville nouvelle a fait dresser des tentes pour accueillir les étudiants [...] Le sixième jour de la fête, Sa Majesté le Roi en personne se dirige à la tête de son cortège officiel vers les rives de "Wadi Aljawahir" où les étudiants jouissent de la beauté du printemps. Il est salué par "le Sultan des Tolbas", qui monte ensuite à cheval pour faire face au Roi également assis sur son cheval.

Le "Sultan de l'Université" conserve toutes les prérogatives de son pouvoir. Il joue la comédie à la perfection, ce qui permet de voir à quel point le peuple marocain et ses dignes souverains apprécient la science et s'intéressent au monde étudiant. [...] Le chef des festivités du "Sultan des Tolbas" se dresse en face du Roi, en présence d'une foule compacte de gens et lui dit à haute voix: "Comment peux-tu, Roi ordinaire du Maroc, te présenter devant le plus grand des monarques sur terre, qui gouverne des millions de moustiques, de mouches, de fourmis, de crapauds et autres espèces d'insectes ?"

Le Roi proteste en plaisantant, et "le Sultan des Tolbas" lui souhaite la bienvenue et l'autorise à séjourner dans son royaume. Sur ce, son orateur bouffon prend la parole et prononce devant les deux sultans en présence d'une très nombreuse assistance deux discours mettant en valeur "la grande bouffe" et remerciant Dieu d'avoir fait qu'elle existe pour satisfaire les estomacs aux appétits les plus gloutons.[...] Le dernier soir, "le Sultan des Tolbas" doit quitter secrètement le lieu de la fête et se rendre à son école, de peur que ses condisciples ne se révoltent par jeu contre lui, du moment qu'il devient un simple étudiant comme eux [...]

2. Son origine historique

[...] D'après la légende, il semble que lorsque le Maroc vivait dans une période d'instabilité au moment de la décadence des Saâdiens, vivait dans les environs de Taza un riche négociant juif, du nom de Ben Mechaâl. On rapporte qu'il y avait fait une incursion territoriale, en était devenu le maître absolu, et a pu étendre son influence jusqu'à Fès où il aurait obligé les habitants à reconnaître son autorité morale et à lui envoyer chaque année, à titre de cadeau, la plus belle fille de la ville qu'il réunissait à son harem.

Pendant cette période, il y avait parmi les étudiants de la Karaouiyine un nommé Moulay Rachid Alaoui, qui s'est révolté contre cette humiliation, d'autant plus que la fille qui a été désignée cette année-là pour être remise comme cadeau au juif était d'origine noble et appartenait à la famille des Alaouis. Il s'est engagé dans une aventure extrêmement périlleuse en se travestissant comme une jeune fille et en se voilant pour être envoyé aux lieu et place de la fille qui était désignée. Il s'est fait accompagner de son trousseau prétendûment réparti dans une quarantaine de malles, après avoir pris soin de cacher dans chacune d'elles un de ses camarades étudiants armé jusqu'aux dents. Ben Mechaâl a souhaité la bienvenue à la soi-disante jeune fille qui lui était offerte et l'a admise chez lui avec tous les chargements qui l'accompagnaient. Mais aussitôt qu'il a fermé la porte, les étudiants sortirent de leurs cachettes et Moulay Rachid, fort de leur aide, a asséné à Ben Mechaâl un coup mortel. Ces mêmes étudiants ont par la suite reconnu Moulay Rachid comme souverain.

Moulay Rachid a voulu perpétuer les circonstances qui ont entouré cet acte d'allégeance et faire honneur aux étudiants qui ont aidé l'institution monarchique au Maroc à se débarrasser d'un tel despote. Il a donné l'ordre d'organiser chaque année une fête de couronnement d'un des étudiants de la grande université de la Karaouiyine. Même si les manuels d'histoire ignorent cette légende avec les rôles qui y ont été joués par les différents acteurs et les péripéties amoureuses qui en constituent le centre de l'intrigue, ils ne nient pas qu'à cette époque un riche juif du nom de Ben Méchaâl vivait dans la région de Taza, et que Moulay Rachid l'a dépossédé de toute sa fortune et l'a tué.[...]

Le responsable en chef de la famille royale l'historien Ibn Zaydan a écrit dans son ouvrage "les perles précieuses", citant le livre "les faveurs de Dieu ou l'explication du poème d'Ibn Alwannan" : "C'est Moulay Rachid qui a institué la fête des étudiants qui se déroule au printemps de chaque année à Fès et à Marrakech. Lorsqu'il a éliminé Ben Machaâl et saisi tous les biens qu'il possédait, il a organisé une fête grandiose à l'attention des étudiants qui l'accompagnaient et qui étaient au nombre de 500 environ".[/i]

Bonjour,

Comme promis, voici quelques éléments qui montrent comment la tradition de la fête du SULTAN DES TOLBAS a été reprise au sein des régiments de Spahis et de Tirailleurs Marocains.

Il n'est pas inutile de rappeler que la création des unités auxiliaires de Spahis Marocains (les Escadrons Auxiliaires Marocains, EAM) date de 1912 et fait suite aux "évènements de Fès" qu'il serait trop long de relater ici. Le premier régiment de Spahis Marocains est constitué à l'été 1914, en regroupant un certain nombre de ces EAM : les Spahis du 1er Marocains étaient nés et furent envoyés immédiatement sur le front français, puis sur le Front d'Orient au début de 1917. Pour faire simple, nous dirons que les EAM demeurés au Maroc constituèrent ensuite les Spahis du 2e Marocains (le Régiment traditionnel de Marrakech, celui qui participera à La Horgne le 15 mai 1940). Plus tard, par dédoublement, naîtront les Spahis des 3e, 4e, 5e et 6e Marocains.

Pour en revenir au Sultan des Tolbas, il semble bien que cette tradition avait été adoptée assez tôt dans les armées, sans qu'il me soit possible de dire exactement quand. Ma référence illustrée la plus ancienne date de 1919 et se déroule en ... Hongrie ! (oui, en 1919, la Grande Guerre n'est pas terminée pour tout le monde !).

Voici un extrait de l'ouvrage "Les Burnous Bleus dans les Balkans, les Spahis du 1er Marocains de 1917 à 1920 et de 1993 à nos jours", ISBN 978-2-902935-90-0, La Gandoura & CRCL, 2008, 208 pages.

"Le RMSM [Régiment de Marche de Spahis Marocains, qui deviendra 1er RSM] fait la fête en Hongrie, mai à août 1919

[...] « Les spahis sont comme les hussards de Napoléon, ils ont fait boire leurs chevaux dans le beau Danube bleu. [...] Bref, j’attends avec impatience mon tour de partir en permission […] Depuis plus de 7 ans cela commence à compter. [...] Conscient de la situation pour le moins singulière des Poilus d’Orient qui continuent de faire campagne alors que la guerre s’est achevée à l’ouest, le commandement multiplie les rassemblements où se côtoient harmonieusement cérémonial militaire et véritable fête. Le RMSM va ainsi participer à de mémorables journées lors desquelles il sera tout à la fois à l’honneur et à la fête .

Contrastant avec la dureté des opérations, ces journées permettent aux spahis d’entretenir de solides traditions parmi lesquelles on retiendra plus particulièrement la Fête du sultan des tolbas. Il s’agissait d’une tradition propre au système éducatif marocain, un système mis en place bien longtemps avant le protectorat français. Les jeunes Marocains fréquentaient déjà assidûment les écoles coraniques où l’on formait les garçons dès l’âge de cinq ans en leur faisant apprendre par cœur les sourates du Coran. Les meilleurs d’entre eux pouvaient rejoindre une mosquée ou une zaouïa vers l’âge de douze ans. L’admission dans une medersa constituait le nec plus ultra de l’enseignement et ne concernait que quelques privilégiés. Dans son récit Au Maroc, Pierre Loti a décrit avec talent cette fête au sein de l’université de Fès : « Mardi 23 avril 1889. […] Le bruit court que le sultan des tholbas est en fuite depuis cette nuit. Il était roi éphémère, un peu en dehors des murs, dans sa ville improvisée, en toile blanche ; à la porte de sa tente, il avait un simulacre de batterie de gros canons, imités avec des morceaux de bois et des roseaux. Il était, avec plus de dignité, quelque chose comme au Moyen Age notre pape des fous. […] ils viennent tous, les vizirs, les marchands, les hommes de métiers, par corporations et bannières en tête, visiter le camp des tholbas et apporter des présents. Et enfin, vers le huitième jour, le sultan en personne, le vrai, vient aussi rendre hommage à celui des étudiants, qui le reçoit à cheval, sous un parasol comme un calife, et le traite d'égal à égal, l'appelant « mon frère ». Ce sultan des tholbas est toujours quelqu'un des tribus éloignées, qui a une grâce suprême à demander pour lui-même ou pour les siens, et qui profite, pour l'obtenir, de ce tête-à-tête unique avec le souverain. Aussitôt après, de peur qu'on ne la lui reprenne, de peur aussi de représailles de la part des gens qu'il a fait bâtonner pour de bon, une belle nuit, clandestinement, il disparaît […] » Dans les medersa du Maroc il était donc de tradition de se divertir une fois l’an au cours de la Fête du sultan des tolbas . A cette occasion, un étudiant élu par ses camarades recevait fictivement tous les pouvoirs du sultan ; il était entouré des membres tout aussi fantoches d’un maghzen chargé de collecter les fonds nécessaires à l’organisation d’une diffa , agrémentée de sketches parodiant les professeurs. Il n’est donc pas surprenant de retrouver cette coutume transposée au sein du RMSM où les spahis reproduisent les fêtes traditionnelles qui leur rappellent le Maroc. Quelques spahis espiègles refaisaient ainsi le monde à leur façon au cours de sketches et quelques précieux clichés illustrent même ces moments de liesse.

Le commandant en chef de l’Armée de Hongrie, le général de Lobit, passe en revue les troupes de Szeged, le 13 mai 1919. Il en profite pour remettre au fanion du RMSM la fourragère aux couleurs du ruban de la Médaille militaire. [...] Le 25 mai, le RMSM décide de fêter cette fourragère à sa façon sur le terrain d’aviation à l’ouest de Szeged, en présence de nombreux invités. Toute la journée se succèdent jeux, courses, fantasia, diffa et…cortège du sultan des tolbas. Il s’agit là d’une véritable répétition puisque la grande fête va se dérouler à Nagy Kikinda.

Le 22 juin 1919, le Prince Alexandre – Régent du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes – passe en revue les troupes françaises à Nagy Kikinda. A cette occasion, il remet la croix de Karageorges au fanion du RMSM « pour la récompense de la citation à l’ordre de la 1re Armée Serbe, obtenue par le Régiment en octobre 1918 au cours de l’offensive qui permit à la Serbie de recouvrer la liberté. » La même récompense était attribuée au 1er RCA lors de ladite cérémonie, dont le programme indiquait que la revue serait suivie d’un carrousel présenté par les chasseurs d’Afrique et d’une fête arabe offerte par les spahis. Les 25 et 26 juin, c’est le commandant en chef les Armées Alliées, le général Franchet d’Espèrey, qui passe les troupes en revue sur le champ de courses de Szeged. "

Quelques notes utiles :

Zaouïa (ou zawiya) : établissement religieux islamique construit à proximité d’un tombeau vénéré.
Medersa (ou madrasa) : collège ou université dépendant de l’autorité religieuse dans les pays musulmans.
Tolbas (ou tholbas) : nom donné aux étudiants d’une école coranique, quel qu’en soit le niveau.
Maghzen (ou makhzen) : au Maroc, nom donné au gouvernement du sultan.
Diffa : réception d’hôtes de marque accompagnée d’un repas.

Le docteur Millet [médecin du RMSM] évoque la Fête du sultan des tolbas dans son ouvrage Au Maroc, ce que tout officier ou médecin doit savoir, paru en 1919 : « Les «fous» s'avancent et c'est ce qu'il y a de plus amusant. J'ai vu à mon régiment la visite médicale et la visite vétérinaire reproduites satiriquement avec un sel qui n'était point gros. Les histoires de Jààh, le guignol arabe, sont toujours accueillies avec enthousiasme ; malheureusement, les quelques connaissances d'arabe que vous possédez sont insuffisantes pour tout comprendre. »

Les illustrations suivent...

Cordialement,

Thierry Moné

Cette tradition de la fête du Sultan des Tolbas sera reprise chez les Spahis du 1er Marocains, durant l'entre-deux-guerres, alors que le régiment est stationné au Levant, en Syrie, à Alep (avec un escadron tournant détaché à Beyrouth). Mais cette fête était-elle également de mise chez les Spahis de Marrakech avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale ? Je ne sais pas... mais j'aimerais bien le savoir ! D'autant que le 2e RSM ayant servi de réserve de relève au 1er RSM du Levant, jusqu'au déclenchement de la guerre du Rif, les uns savaient ce que faisaient les autres. Si des membres du forum possèdent des éléments de réponse à cette interrogation, qu'ils n'hésitent pas à en faire part dans ce fil. De mon côté, je poserai la question aux quelques Anciens qui étaient à Marrakech avant-guerre.

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BONSOIR TOUT LE MONDE.
MERCI POUR MONSIEUR MONE QUI A OUVERT CETTE FENETRE SUR LES US ET COUTUMES.
MERCI A MONSIEUR MERZOUKI QUI A DONNE LA REFERENCE POUR PLUS D INVESTIGATION
CE QUI EST SUR C EST QUE SOULTANE TOULBAS DATE DE L EPOQUE DE MY RCHID.
AUJOURD HUI,ELLE EST OBSOLETE ET DESUETE ET PAR CONSEQUENCE DEVENUE RUGUEUSE A ETREINDRE AU SENS RIMBALDIEN.ACTUELLEMENT,ON CELEBRE ENCORE CETTE FETE SURTOUT DANS LA REGION DE TAFOUGHALTE PRES D OUJDA MAIS D UNE
MANIERE FOLKLORIQUE.
MONSIEUR MONE,DEUX QUESTIONS ME TARAUDENT L ESPRIT.POURQUOI CETTE FETE EST CELEBREE AU PRINTEMPS
ET POURQUOI EXACTEMENT A FES ET MARRAKECH?

Bonjour à Messieurs Guenouni et Merzouki,

Je suis bien désolé de ne pouvoir répondre aux questions qui vous taraudent : pourquoi au printemps et pourquoi à Fez et à Marrackech ?

Je pense que la réponse ne peut venir que du Maroc en général, de l'université en particulier. Pour Fez, je pense que l'aspect universitaire ancien explique la naissance de cette tradition (cf. le lien de M. Merzouki).

De mon côté, à condition que le sujet intéresse les lecteurs de ce fil, je pourrais illustrer la poursuite de cette tradition chez les Spahis et les Tirailleurs Marocains, dans l'entre-deux-guerres à Alep, en Syrie. L'iconographie nous montre en particulier des représentations intéressantes et des allusions théâtrale au sort réservé aux opposants du Sultan (le vrai) avec le fameux "Rogui" de Taza (Bou-Amara, lhomme à l'anesse si je me souviens bien...) promené dans une cage à dos de chameau.

La question demeure : les Spahis du 2e Marocains de 1939, ceux de La Horgne, entretenaient-ils cette tradition à Marrakech lors de la Fête régimentaire ?

Cordialement,

Thierry Moné

@ Visaval,

Bonjour Vincent,

Merci pour l'intervention après plusieurs semaine d'absence en ligne et bon courage pour la fin de lecture des "Spahis de La Horgne". La partie technique (4e partie) n'est pas forcément la plus facile à lire, mais elle constitue le fondement de l'ouvrage et montre la démarche de cette "enquête" qui a permis de dresser, entre autres choses, la liste nominative des tués du 2e Algériens et du 2e Marocains.

Ces précisions nominatives et les nuances apportées au fait d'armes de La Horgne, permettront (inchallah !) de mieux orienter la démarche mémorielle et d'honorer en toute connaissance de cause, non plus des héros approximatifs issus d'un mythe digne des sagas nordiques, mais les Spahis de chair et de sang, dûment identifiés et ayant combattu un adversaire puissant avec un savoir faire et une vaillance qui forcent notre admiration.

Cordialement,

Thierry Moné

Bonjour à tous,

Voici une référence qui pourrait-être utile quant à la date et au lieu de la fête du sultan des tolbas :

P. de Cénival

"Légende du juif Ibn Mesh'al et la fête du sultan des tolbas, à Fès, Hespéris V, 1925, p.137/218"

Cordialement

Jean-Jacques

bonjour M. Moné et merci pour ce message... bonjour à tous
en effet, je suis accaparé par beaucoup de tâches à la fois et donc .... la lecture de votre ouvrage très bien conçu et avec une riche iconographie traîne un peu et je le regrette....
lorsque je suis allé le chercher rue de Crussol il n'en restait guère et je doute qu'il y en ait encore de disponible....avez vous pensé à une réédition future ?
tres cordialement
vincent

@ Jean-Jacques,

Merci pour cette référence relative au Sultan des Tolbas. Reste à trouver l'ouvrage en question...

Cordialement,

Thierry Moné

@ Visaval,

Bonjour Vincent,

Je venais tout juste de répondre assez longuement à votre légitime interrogation concernant un éventuel retirage des "Spahis de La Horgne", quand ma machine s'est déconnectée soudainement... engloutissant mon billet ! Arrrgh !!!

Depuis votre passage à la librairie, j'ai effectué un petit ravitaillement à dos de mulet. Il ne devrait donc pas y avoir de rupture pour celles et ceux qui voudraient acquérir "Les Spahis de La Horgne"...

Par contre, quand il n'y en aura plus, il n'y en aura plus et il n'est pas question de retirage, eu égard aux coûts d'impression d'un 208 pages quadri sur beau papier... L'amicale "La Gandoura & CRCL" a eu déjà bien du mal à monter une telle opération, il n'est pas question pour elle de remettre ça, quel que puisse être l'intérêt de l'étude en question.

Cordialement,

Thierry Moné