Bonjour à tous,
je reviens sur ce sujet suite à la lecture de nouveaux documents.
Voici un bref historique concernant le 21° RI :
" Point n'est besoin de nombreuses pages pour se rendre compte qu'en 1939 et aux jours douloureux de 1940, le 21° R.I. s'est montré digne des fastes inscrits sur son drapeau, et de son épopée de 1914-1918.
Entre les deux guerres, après les années d'occupation en Allemagne, Langres ne conserve plus que le 2° bataillon du 21°, les deux autres avec le colonel, tiennent garnison à Chaumont. Le 23 août 1939, le commandant Lambert, à la tête de son bataillon, quitte le quartier Turenne, pour rejoindre les autres unités du régiment, qui est d'abord cantonné au sud-est de Belfort (Grandvillars, Joncherey, Boron), puis gagne le sud du Haut-Rhin, par la région d'Altkirch. Il s'avance ensuite vers le Rhin, et se met à l'œuvre au sud de Mulhouse, pour prendre enfin position (10 mai 1940), face à la frontière suisse.
Pendant huit mois et demi, « tout en s'entraînant méthodiquement au combat », le 21° R.I. avait effectué de vastes travaux de fortification, construit des abris, des fossés anti-char, des pistes, des réseaux, des épaulements. C'est au cours de cette période que le commandant Lambert, promu lieutenant-colonel, prend la direction du régiment tout entier.
Le 22 mai 1940, le 21°, qui fait partie de la 13° Division d'Infanterie, s'embarque en chemin de fer (sauf les voitures autos) pour la région de Chevreuse, au sud de Versailles, puis des autobus l'acheminent à l'ouest d'Amiens. Il va participer à la bataille de la Somme (27 mai-8 juin).
D'abord c'est le redressement de la situation, que tente le général Weygand, qui a succédé à Gamelin. Les Allemands tiennent Amiens, ils élargissent leur tête de pont sur la Somme et s'y installent fortement. Le 21°, avec le 60° R.I., prend position sur le fleuve vers le nord-ouest d'Amiens, de Picquigny à Dreuillès-Amiens, et tient le front jusqu'à Pont-de-Metz, au sud-ouest (27 mai). Pendant plusieurs jours, on organise le dispositif, le terrain, les liaisons, le ravitaillement. Ces soldats, qui, pour la première fois affrontent le réalisme de la bataille, font preuve de bravoure active, repoussant les tentatives de l'ennemi, en dépit de l'infériorité des moyens, celle surtout écrasante de l'aviation.
Le 5 juin s'engage l'ultime bataille de France. A l'aube, artillerie ennemie et aviation préparent généreusement l'attaque. Les nôtres s'accrochent, fantassins, artilleurs collaborent avec une énergie lucide, si bien qu'en fin de journée, l'ennemi n'a pas réussi sa percée ; mais le lendemain, encore dès l'aube, accru sans cesse de renforts, il accentue son choc, il faut alors se replier sur Poix, au sud-ouest d'Amiens, puis sur Crèvecoeur (Oise), où se trouvent déjà des unités allemandes, ensuite au sud de Beauvais, pour s'établir sur l'Oise, entre l'Isle-Adam et Beaumont-sur-Oise.
La bataille de l'Oise (9-12 juin) marque encore un léger arrêt de l'avance ennemie. Le 21° trouve d'abord l’Ile de France en pleine insouciance, mais rapidement la population est évacuée, et le combat recommence le 11, vers le milieu du jour. L’artillerie ennemie arrive très vite, la nôtre, au contact des fantassins, exécute avec promptitude et précision ses tirs, si bien que l’ennemi ne peut franchir l'Oise. Cependant, le 12 au soir, l’encerclement de notre aile gauche s'amorçant, c'est le repli.
Désormais on va se contenter des combats en retraite (13-25 juin). Ce n'est pas une déroute : « à maintes reprises, la division forme l'arrière-garde qui couvre le repli des troupes ». Du nord de Paris (Enghien), on passe au sud (14 juin), alignés sur Longjumeau, puis Arpajon, où le 21° s'empare d'une voiture blindée, d'un side-car et de deux canons de 47 ; les officiers supérieurs sont au milieu de leurs hommes. La situation générale oblige à gagner le sud de la Loire. Le 17 juin, on se fraye un passage à « travers les forces ennemies très supérieures en nombre» ; mais la destruction des ponts ajoutant à la difficulté de passer le fleuve, le lieutenant-colonel Lambert est fait prisonnier avec un certain nombre de ses hommes.
Néanmoins, les unités de la division se regroupent, avec leurs officiers, et elles poursuivent leur tâche. Par le nord-ouest du Cher, on atteint l'Indre, pour former « un bouchon » dans le bois de Saint-Paul, que traverse la route de Blois à Châteauroux De La Roche-Posay (Vienne), on passe à Montmorillon, on atteint le nord de la Charente (Champagne-Mouton) puis le nord-est d'Angoulême, où l'on épaule l'action défensive de la 87e Division, près du camp de la Braconne. Enfin, l'armistice entre en vigueur (24-25 juin 1940).
Cette interminable retraite, bien souvent à pied, encore alourdie par une épreuve nationale sans précédent, parfois au milieu de localités en flammes, sous la menace constante de l'ennemi, spécialement de son aviation absolument maître de l'air, par des routes secondaires pour éviter les colonnes ininterrompues de population en fuite, tout en se contentant d'un ravitaillement d'infortune, a été un long calvaire.
Ce qui reste du 21° R.I. gagne Bergerac (Dordogne) et la bourgade de Lalinde ; en coopération avec les autres unités de la 13° D.I., il rassemble et assure la nourriture de « milliers d'hommes égarés, incertains », que le malheur national a jeté sur les routes sans information suffisante, et en particulier deux mille « garçons de la classe 1939, libérés par les Allemands », que l'on emploie à des tâches éducatives.
Ainsi, jusqu'au bout, le 21° d'Infanterie, qui serait bientôt dis sous, garda la Fidélité et se montra un élément sain et actif de la vie de la France."
Source : société historique et archéologique de Langres, tome 17 (numéros 252 et 253), le 21° régiment d’infanterie, épreuves et gloire par Paul VIARD.
Tout complément sera le bienvenu, merci d'avance.
Cordialement
Rémy SCHERER