39e Compagnie de Travailleurs Espagnols

bonjour


voici le témoignage d'un officier de la Guerre d'Espagne qui a rejoint cette compagnie et qui je pense permettra d'éclairer le parcours 

https://www.biardigital.com/index.php/opinio/2546-era-el-8-de-febrero-del-39-los-rojos-en-francia

Citation :

A Agde, l'organisation était meilleure et comme j'étais lieutenant, j'ai été installé dans une baraque d'officiers. La nourriture était correcte mais clairement insuffisante, surtout pour ceux qui comme moi étaient très faibles et avaient besoin de trop manger. Quoi qu'il en soit, cette vie sédentaire ne me convenait pas : j'avais besoin de faire un peu d'activité et surtout un peu de liberté. Lorsqu'ils m'ont proposé de m'inscrire à une Cie de Travailleurs Etrangers, je n'y ai pas réfléchi à deux fois car j'avais beaucoup envie de changer d'air et surtout de manger beaucoup. Mais c'était un autre drame car nous étions compagnons d'Alger et d'Espagne et la moitié voyait cette décision d'un mauvais œil et s'y opposait fermement ; 4 d’entre eux sont restés à Agde et 3 sont partis.

Le 23 juin 1939 je partais comme lieutenant E. de la 6ème section de la 39ème compagnie de Travailleurs Etrangers. Sur les 6 compagnies seule la 40ème partit avec nous. Nous avons pris le train d'Agde à Nice ; lorsqu'ils nous ont transférés de la gare SNCF à la gare routiere de Nice, nous avons été insultés et presque agressés par un groupe de fascistes espagnols aidés par les Français.

En bus nous avons pris la route jusqu'à Saint Martin d'Entraunes (Alpes Maritimes) une belle ville de montagne où nous avions pour mission de construire la route qui menait à Mounard et de tracer des pistes pour l'armée.

Les habitants de la petite ville se sont enfermés dans leurs maisons, ont fermé les portes et les fenêtres et nous ont interdit d'entrer dans les cafés, mais au bout d'un moment, ils ont compris qu'ils avaient tort et que nous n'étions pas les barbares que les journaux nous appelaient, et ils ont fraternisé avec nous Le curé de Saint Martín qui disait la messe deux fois par semaine à Monard ne voulait pas passer par la route où nous travaillions et a fait un trajet de 13 km. à pied, au lieu de 5, pour ne pas passer entre ces terribles rouges qui mangeaient les religieuses et les prêtres. Nous étions une douzaine à lui parler et lui dire qu'il pouvait passer à nos côtés, que personne ne manquerait de le respecter ; Ce prêtre a fini par être un grand ami pour beaucoup d'entre nous, et un jour il nous a dit qu'il avait honte de son comportement et qu'il nous traitait comme des ennemis, et qu'il aurait été mieux qu'il nous connaisse plus tôt. 
Nous sommes restés à Saint Martín jusqu'au 12 septembre 1939, dix jours après que l'Allemagne nazie ait envahi la Pologne et la déclaration de guerre de la France et de la Grande-Bretagne. Pendant la nuit une bonne chute de neige était tombée sur Monard, nous avons été obligés de nous retirer dans la vallée,
où nous sommes mis dans un nouveau camp à Tonet sur Var, où nous sommes restés quelques semaines jusqu'à ce qu'ils nous emmènent en Alsace puis en Lorraine sur la Ligne Maginot, secteur postal 103, continuant les fortifications jusqu'à Saint Avold Faulquemont, réalisant des blockhaus, des tranchées et des rails antichar, qui ne servaient alors à rien. Rien à redire aux Français, du fait du prestige que nous avons acquis, ils nous regardaient avec de bons yeux et beaucoup d'entre nous se sont mis au service de la France.

Saludos
Loïc

Autres biographies de trois membres de la 39éme CTE:
 
Ferran Masip Arenillas (Barcelona, 1899-Mauthausen, 1941)
http://www.barceloninsdeportats.org/es/633/masip-arenillas-ferran/biografia.html
 
Francesc Pau Gómez (Castelldans, Lleida, 1911-1986)
https://raco.cat/index.php/TrobadesGarrigues/article/view/365614/459713
 
Abilio Álvarez Bernardo (Olelas, Ourense, 1916-Hartheim, 1942)
https://raumdernamen.mauthausen-memorial.org/index.php?id=4&p=123459&L=6#

Merci pour les infos certains noms manquaient à ma liste !!!