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| Le cas Gamelin | |
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Auteur | Message |
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Eric Denis Admin
Nombre de messages : 7234 Age : 57 Localisation : Toulon Date d'inscription : 04/05/2006
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Lun 13 Avr 2020 - 14:17 | |
| Bonjour BRH - BRH a écrit:
- Pour venir à bout des 40 divisions polonaises, les Allemands pouvaient se contenter d'une soixantaine de divisions. Il convenait de dissuader les Français d'attaquer si tant est que ce fut utile. Ils connaissaient parfaitement les délais de notre mobilisation et n'attendaient pas une attaque de grande envergure avant le 10 septembre. Néanmoins, prudence est mère de sûreté et il convenait de prévoir l'impossible témérité d'un Gamelin retrouvant l'énergie d'un Foch...
La victoire allemande devait être rapide pour pouvoir retourner ses forces contre l'Ouest. Il fallait donc engager en Pologne le maximum de troupes possible. Or, l'Allemagne laisse 44 divisions à l'Ouest dès l'attaque de la Pologne, qui auraient été bien plus utiles en Pologne. Le Reich pensait donc possible une attaque française dès le début des hostilités et il était impératif de défendre puissamment la ligne Siegfried, au risque de perdre cet atout défensif majeur. De plus, le ratio de troupes habituellement reconnu depuis la Première Guerre mondiale dans l'attaque est de 3 contre 1, et bien plus si la position ennemie est puissamment fortifiée, ce qui est le cas avec la ligne Siegfried. En fonction du nombre de divisions allemandes déployées face à la ligne Maginot, je vous laisse faire les calculs du nombre d'unités françaises qu'il aurait fallu engager dans l'offensive pour avoir une vraie chance de succès et le ratio que ce nombre représente sur la totalité de divisions disponibles début septembre 1939. - BRH a écrit:
- Une petite partie des réserves sont placées derrière la 1ère armée, la plus grande derrière la ligne Maginot. Quant au Rhin, les réserves peuvent venir de la Vème armée, comme de la VIIIème...
Donc vous nous dites que les réserves peuvent être déployées derrière le Rhin, mais vous refusez d'envisager de la même façon qu'elles peuvent être déployées derrière la Meuse, alors qu'une bonne partie d'entre elles est située plus près de la Meuse que du Rhin, c'est bien cela ? Tout comme vous persistez à ignorer (je vous l'ai déjà dit) que dès le 13 mai, il est décidé de porter sur la limites des 9e et 2e armées un premier lot de grandes unités disponibles (14e, 36e, 44e DI et 87e DIA) et de constituer sur la Sambre un groupement (2e DCR et 43e DI) susceptibles d'intervenir au profit de la 9e armée. Il faut croire que ces renforts, totalisant pourtant plus de 80 000 hommes, sont négligeables. Tout comme vous refusez d'entendre que la toute la stratégie allemande repose sur la vitesse de progression des troupes motorisées et blindées. La réussite de la percé de Sedan n'est pas la conséquence de l'absence de réserves françaises, mais de la vitesse de progression allemande. - BRH a écrit:
- Eric Denis a écrit:
- Ensuite, si l'exemple polonais a effectivement été analysé il faut rappeler que les situations sont très différentes. La Pologne n'a pas eu le temps de mobiliser une bonne partie de ses troupes et les stratèges polonais ont voulu défendre la totalité du territoire, ce qui a amené à une dilution de leurs troupes à l'avantage de l'Allemagne, celle-ci concentrant son action sur quelques axes majeurs.
C'est, en effet, l'analyse faite par Gamelin et Georges. La percée des Ardennes démontre qu'ils se sont trompés et se sont bercés d'illusions. Georges a plutôt écouté Corap avec plus d'attention que Gamelin, mais il n'a pas su inverser la tendance... C'est l'analyse faite par tous les attachés militaires étrangers durant la campagne de Pologne et elle est plutôt juste. La percée des Ardennes ne démontre en rien que cette analyse est fausse. - BRH a écrit:
- D'abord Gamelin a facilité la subordination de l'AAF à l'ATF, sans avoir vraiment la main dessus, ce qui peut paraître contradictoire. Mais qui ne l'est pas, dans la mesure où Vuillemin n'a pas vraiment eu le choix pour disposer ses escadrilles de chasse.
La responsabilité de l'engagement de l'armée de l'Air ne dépend pas de Gamelin. D'un point de vue organisationnel, le décret du 21 janvier 1938 créé un poste de chef d’état-major général de la Défense Nationale, mais son rôle le cantonne à une mission de coordination et donc aucunement à une subordination des armées de terre de l’air et de mer, chacune gardant son autonomie. Gamelin peut exprimer des besoins, mais l'engagement des escadrilles dépend de Vuillemin. - BRH a écrit:
- Ensuite, la faiblesse de notre DCA résulte du fait que sa remontée en puissance n'a pas été jugée prioritaire...
C'est bien plus compliqué que ça mais ça nécessiterait des pages entières pour répondre. Mais quoi qu'il en soi, dans ce cas, où est la responsabilité de Gamelin sur ce point pourtant fondamental pour l'ATF 40 ? - BRH a écrit:
- Cependant, il a bel et bien incarné au plus haut niveau cette sous-estimation des capacités de l'arme motorisée et aérienne. Au reste, ce n'est pas le grief principal que je retiens contre lui et qui serait plutôt d'ordre tactique. Quitte à me répéter moi aussi, le grief principal à lui faire, c'est de ne pas avoir disposé d'une réserve stratégique, capable de réagir rapidement à une percée inopinée !
Mais en 1939, le monde entier sous-estime les capacités des troupes motorisées et des forces aériennes, et c'est même le cas de la majorité des hauts responsables militaires allemands. Et puis réagir rapidement, ça veut dire quoi exactement ? La réaction française débute dès le 13 mai, lorsque seules quelques petites unités allemandes ont traversé la Meuse. _________________ Cordialement Eric Denis
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Lun 13 Avr 2020 - 21:34 | |
| Bonsoir Eric, BRH a écrit: Pour venir à bout des 40 divisions polonaises, les Allemands pouvaient se contenter d'une soixantaine de divisions. Il convenait de dissuader les Français d'attaquer si tant est que ce fut utile. Ils connaissaient parfaitement les délais de notre mobilisation et n'attendaient pas une attaque de grande envergure avant le 10 septembre. Néanmoins, prudence est mère de sûreté et il convenait de prévoir l'impossible témérité d'un Gamelin retrouvant l'énergie d'un Foch... - Citation :
La victoire allemande devait être rapide pour pouvoir retourner ses forces contre l'Ouest. Il fallait donc engager en Pologne le maximum de troupes possible. Or, l'Allemagne laisse 44 divisions à l'Ouest dès l'attaque de la Pologne, qui auraient été bien plus utiles en Pologne. Le Reich pensait donc possible une attaque française dès le début des hostilités et il était impératif de défendre puissamment la ligne Siegfried, au risque de perdre cet atout défensif majeur.
De plus, le ratio de troupes habituellement reconnu depuis la Première Guerre mondiale dans l'attaque est de 3 contre 1, et bien plus si la position ennemie est puissamment fortifiée, ce qui est le cas avec la ligne Siegfried.
En fonction du nombre de divisions allemandes déployées face à la ligne Maginot, je vous laisse faire les calculs du nombre d'unités françaises qu'il aurait fallu engager dans l'offensive pour avoir une vraie chance de succès et le ratio que ce nombre représente sur la totalité de divisions disponibles début septembre 1939. C'est un autre débat qui a déjà été traité dans le cadre de l'offensive en Sarre. Rappelons seulement que la plus grande partie de ces 44 divisions sont de moindre qualité. Il est noté d'ailleurs que 14 divisions d'active seulement sont en ligne... BRH a écrit: Une petite partie des réserves sont placées derrière la 1ère armée, la plus grande derrière la ligne Maginot. Quant au Rhin, les réserves peuvent venir de la Vème armée, comme de la VIIIème... - Citation :
- Donc vous nous dites que les réserves peuvent être déployées derrière le Rhin, mais vous refusez d'envisager de la même façon qu'elles peuvent être déployées derrière la Meuse, alors qu'une bonne partie d'entre elles est située plus près de la Meuse que du Rhin, c'est bien cela ?
Non, je n'ai pas dit cela et je ne le dis pas. Pourquoi refuserai-je d'appliquer le même raisonnement aux divisions de la IIIème armée ? Puisque c'est de celles-ci dont il s'agit, je suppose ? En effet, on ne voit pas ces divisions marcher sur le Rhin, étant plus proches de la Meuse. Mais l'on se doit de poser la question : les divisions disponibles de la Vème armée, n'étaient-elles pas plus proches du Rhin que celles de la IIIème ne pouvaient l'être de la Meuse ? Je ne fais pas le calcul sur la carte, mais à l'oeil, ce sont celles de la Vème armée qui me paraissent plus proches du fleuve à secourir. - Citation :
- Tout comme vous persistez à ignorer (je vous l'ai déjà dit) que dès le 13 mai, il est décidé de porter sur la limites des 9e et 2e armées un premier lot de grandes unités disponibles (14e, 36e, 44e DI et 87e DIA) et de constituer sur la Sambre un groupement (2e DCR et 43e DI) susceptibles d'intervenir au profit de la 9e armée.
Pas du tout. J'évoque le sujet : - Citation :
- prévoir une réserve centrale entre les deux points forts de nos positions. Dans une certaine mesure, cette nécessité n'était pas tout à fait abandonnée, puisque l'activation de la VIème armée était prévue et c'est bien ce qui fut ordonné. Mais les DI affectées à cette mission étaient bien trop loin pour intervenir à temps : seules les 14e et 36e Di furent lancées dans la bataille en 1er échelon, le reste parvenant à mesure en s'échelonnant derrière l'Aisne...
. Il y a là une curieuse manière d'escamoter mes écrits ! - Citation :
- Il faut croire que ces renforts, totalisant pourtant plus de 80 000 hommes, sont négligeables. Tout comme vous refusez d'entendre que la toute la stratégie allemande repose sur la vitesse de progression des troupes motorisées et blindées. La réussite de la percé de Sedan n'est pas la conséquence de l'absence de réserves françaises, mais de la vitesse de progression allemande.
C'est un peu un travestissement de ma pensée, comme il est donné à voir ci-dessus. Les 80 000 hommes en question ne sont pas négligeables. Ils auraient pu être déterminants s'ils étaient arrivés à temps. Venant de trop loin, ils n'ont pu remplir le rôle qui leur était assigné. La vitesse de progression allemande provient précisément du fait qu'elle ne rencontre plus d'obstacles après la percée... - Citation :
- Eric Denis a écrit:
Ensuite, si l'exemple polonais a effectivement été analysé il faut rappeler que les situations sont très différentes. La Pologne n'a pas eu le temps de mobiliser une bonne partie de ses troupes et les stratèges polonais ont voulu défendre la totalité du territoire, ce qui a amené à une dilution de leurs troupes à l'avantage de l'Allemagne, celle-ci concentrant son action sur quelques axes majeurs.
C'est, en effet, l'analyse faite par Gamelin et Georges. La percée des Ardennes démontre qu'ils se sont trompés et se sont bercés d'illusions. Georges a plutôt écouté Corap avec plus d'attention que Gamelin, mais il n'a pas su inverser la tendance... C'est l'analyse faite par tous les attachés militaires étrangers durant la campagne de Pologne et elle est plutôt juste. La percée des Ardennes ne démontre en rien que cette analyse est fausse. Si elle n'est pas fausse, elle est tronquée ! C'est tout de même extravagant de le contester : si les Allemands sont parvenus à se concentrer sur des axes majeurs, c'est bien grâce à l'action combinée des panzers et des stukas ! Certains semblent avoir oublié la contre-offensive polonaise de la Bsura qui a été une très mauvaise surprise pour la Wehrmacht qu'elle n'a pu pallier que par la supériorité tactique du binôme char-avion. Notons d'ailleurs que l'armée française n'a pas été capable d'en produire l'équivalent... - Citation :
- BRH a écrit:
Ensuite, la faiblesse de notre DCA résulte du fait que sa remontée en puissance n'a pas été jugée prioritaire...
C'est bien plus compliqué que ça mais ça nécessiterait des pages entières pour répondre. Mais quoi qu'il en soi, dans ce cas, où est la responsabilité de Gamelin sur ce point pourtant fondamental pour l'ATF 40 ?
Des pages entières ? C'est possible. Il n'en demeure pas moins qu'à aucun moment, Gamelin n'a mis l'accent sur la nécessité de disposer d'une DCA performante, y compris au niveau des troupes de mêlée... - Citation :
- BRH a écrit:
Cependant, il a bel et bien incarné au plus haut niveau cette sous-estimation des capacités de l'arme motorisée et aérienne. Au reste, ce n'est pas le grief principal que je retiens contre lui et qui serait plutôt d'ordre tactique. Quitte à me répéter moi aussi, le grief principal à lui faire, c'est de ne pas avoir disposé d'une réserve stratégique, capable de réagir rapidement à une percée inopinée !
Mais en 1939, le monde entier sous-estime les capacités des troupes motorisées et des forces aériennes, et c'est même le cas de la majorité des hauts responsables militaires allemands.
Et puis réagir rapidement, ça veut dire quoi exactement ? La réaction française débute dès le 13 mai, lorsque seules quelques petites unités allemandes ont traversé la Meuse. Ce n'était pas le cas du général Estienne et du colonel de Gaulle. Même Weygand était convaincu de la nécessité de motoriser notre armée. D'ailleurs, si une grande partie de notre cavalerie a été motorisée, on le lui doit sans aucun doute. Quant à réagir rapidement; je note que le 13 mai, pour les défenseurs de Gamelin, l'armée française ne pouvait pas faire plus vite, compte-tenu du fait que seules quelques petites unités allemandes avaient traversé la Meuse... En somme, Gamelin -compte-tenu du contexte de l'époque (selon l'expression consacrée)- a quasiment réagi comme un génie. Je crois même avoir lu (mais je ne me souviens plus de l'auteur) que, même Napoléon n'aurait pas fait mieux !!! |
| | | dhouliez Admin
Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Lun 13 Avr 2020 - 21:43 | |
| BRH, si vous pouviez revoir la mise en page de votre message et notamment vos citations : vous vous attribuez des écrits d'Eric, vous attribuez à Eric certains de vos écrits... Accessoirement, je suppose que vous avez obtenu l'accord d'Eric pour copier/coller ses interventions sur votre forum ? - Citation :
- En somme, Gamelin -compte-tenu du contexte de l'époque (selon l'expression consacrée)- a quasiment réagi comme un génie.
C'est une interprétation ridicule, mais on a bien compris que, chez vous, il n'y a pas d'intermédiaire entre la nullité et le génie... - Citation :
- défenseurs de Gamelin
Si essayer d'avoir une vision qui soit la plus juste possible et qui évite les caricatures, c'est être défenseur de Gamelin, alors pourquoi pas... il me semble que c'est juste une démarche normale. Ce qui est bien avec vous, c'est qu'on est jamais perturbé : quand on a l'impression que vous vous engagez dans une discussion arguments contre arguments, vous revenez très rapidement à vos caricatures. |
| | | dhouliez Admin
Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Lun 13 Avr 2020 - 21:52 | |
| - BRH a écrit:
- Je crois même avoir lu (mais je ne me souviens plus de l'auteur) que, même Napoléon n'aurait pas fait mieux !!!
L'auteur est Max Schiavon, mais il ne parle pas de Gamelin. Ce qui est une erreur bien révélatrice de votre état d'esprit. |
| | | Eric Denis Admin
Nombre de messages : 7234 Age : 57 Localisation : Toulon Date d'inscription : 04/05/2006
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 1:47 | |
| Bonsoir BRH, Pour l'instant juste sur ce point : - BRH a écrit:
- Des pages entières ? C'est possible. Il n'en demeure pas moins qu'à aucun moment, Gamelin n'a mis l'accent sur la nécessité de disposer d'une DCA performante, y compris au niveau des troupes de mêlée...
Entre 1930 et le 1er septembre 1939, la France consacre des budgets totalisant 5,628 milliards de Frs à la DCA dont 4,935 milliards lorsque Gamelin est commandant en chef de l'ATF. Mais au fait, savez vous que les programmes d'armement concernant l'ATF sont décidés par le ministre et par Gamelin (entre 1935 et mai 1940) ? Toujours à ce sujet, en 1938, les seuls programmes Condé-Marescaux et Keller sont acceptés par Gamelin. Il se composent en 1re urgence de la fabrication d'environ 200 batterie de 75 mm modernes, 120 de 90 mm, et de plus de 6 000 pièces de petit calibre, celles-ci devant en majorité être attribuées à tous les CA, toute les divisions et tous les SF, donc les troupes de mêlée. Et en seconde urgence de la fabrication d'une centaine de batterie de 75 mm modernes, de 18 de 90 mm et de 1 600 pièces de petits calibre, l'ensemble devant s'ajouter aux fabrications de 1re urgence. Quand je vous disais que c'était bien plus compliqué que cela, ça l'est ! C'est donc une grosse erreur de votre part que d'affirmer de cette façon sur un sujet que visiblement vous maîtrisez si peu... Je pense que votre leitmotiv consistant à accabler Gamelin vous entraîne à lui reprocher tout et n'importe quoi et par conséquent à des affirmations péremptoires et parfaitement inexactes. Gamelin n'est certes pas irréprochable, loin de là, mais il n'es pas non plus le "fossoyeur de l'armée française" tel que vous cherchez à nous le décrire. _________________ Cordialement Eric Denis
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 10:44 | |
| Bonjour Eric,
Sur tous les points particuliers, je renvoie à Claude Paillat. Je ne pense pas que cet écrivain ait commis des erreurs grossières et qu'on ait pu lui reprocher de mal maîtriser son sujet. Il y a eu beaucoup de matériels commandés (et fabriqués). Malheureusement, le 10 mai 1940, ils étaient loin d'être en dotation dans toutes les unités...
Sur Gamelin, j'ai eu la chance d'en discuter avec Pierre Miquel et le général Jeannou Lacaze (tous deux décédés). Nous étions d'accord pour imputer le désastre au plan Dyle. Et c'est bien Gamelin qui en était l'instigateur, sinon l'auteur. Evidemment, la question de sa syphilis était toujours évoquée, comme ayant pu détremper son caractère.
J'avoue ne pas trop discerner ce que cache cette volonté de réhabiliter Gamelin. Il me semble qu'elle est alimentée par tout un courant qui s'est déjà dévoilé en affirmant qu'il n'y avait pas d'autres solutions, le 16 juin 1940, que de demander l'armistice.
Les jugements à l'emporte-pièce sur ma personne me laissent froid. D'autant qu'il est inutile d'y répliquer quand ils proviennent des administrateurs d'un forum. Mais je suis toujours preneur pour redresser les erreurs factuelles que nous commettons tous... |
| | | françois vauvillier GBM
Nombre de messages : 3859 Localisation : Paris Date d'inscription : 09/10/2006
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 11:23 | |
| Bonjour BRH, bonjour à tous,
Sans vouloir... (etc.) Mais aussi sans vouloir porter ombrage à la mémoire d'un disparu, je ne pense pas qu'il soit pertinent d'invoquer Pierre Miquel pour ce qui concerne la campagne 1939-1940.
Et pour la Grande Guerre, qui était son terrain d'élection, il sera bon de prendre des avis de spécialistes.
Sur ce, je file...
Bon débat circulaire, digne des derviches tourneurs.
Bien cordialement à tous,
François |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 12:02 | |
| Bonjour François,
Certes, Pierre Miquel n'était pas un spécialiste de cette période. Ce n'est donc pas une référence. Par contre, il était assez admiratif du travail de Claude Paillat. J'ignore s'ils se connaissaient, mais j'ai discuté avec Pierre Miquel, pas avec Claude Paillat, à mon grand regret.
Quand j'ai accédé à ma petite notoriété, Paillat venait de décéder (2001). Je n'ai donc pas pu lui dire tout le bien que je pensais de son travail. Avant cette période, j'étais encore avocat. L'Histoire était pour moi un délassement, pas encore une matière à travailler...
Quant au débat, votre appréciation n'est pas très gentille pour mes contradicteurs... |
| | | dhouliez Admin
Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 12:52 | |
| BRH, Claude Paillat a écrit toute une série de bouquins très documenté, et il semble qu'il ait trouvé tellement de matière que le nombre de volumes qu'il a consacré à la période est supérieur à ce qu'il avait prévu (cf. la numérotation un peu particulière des différents volumes). Mais ces bouquins passionnants datent de 1985 à peu près. Depuis 35 ans, des documents d'archives ont été déclassifiés, des historiens ont continué à travailler. Il ne faut donc, d'après vous, pas prendre en compte ce qui éventuellement modifierait un peu les déductions de Claude Paillat, à supposer que vous les retranscriviez sans déformation involontaire ? Chercher à affiner les connaissances serait déplacé, signe d'une volonté incompréhensible de réhabiliter Gamelin ? Et modifier des conclusions établies il y a 35 ans serait reprocher à l'auteur de mal maîtriser son sujet ? Sérieusement ? Reprenons le contexte de ce débat : Un nouveau livre vient de sortir, qui pourrait permettre d'affiner la compréhension des choses, et c'est le moment que vous choisissez pour, d'une manière provoquante et insultante, relancer le "débat" sur des bases simplistes. Je vais rappeler, quand même, parce que la posture victimaire, "ça va bien deux minutes", deux faits qui encadrent à peu près, en l'état, ce débat : - vous l'avez "entamé" en nous disant que Gamelin était un nul, - vous le terminiez hier en prétendant que Eric ou moi voulions faire de Gamelin un génie ! Et il faudrait en déduire que vous vous inscrivez dans un débat constructif ? Encore aujourd'hui : - BRH a écrit:
- J'avoue ne pas trop discerner ce que cache cette volonté de réhabiliter Gamelin.
Avec à la suite, l'argument massue pour discréditer les arguments qui vous sont opposés pour mieux démêler les faits et les responsabilités : - BRH a écrit:
- Il me semble qu'elle est alimentée par tout un courant qui s'est déjà dévoilé en affirmant qu'il n'y avait pas d'autres solutions, le 16 juin 1940, que de demander l'armistice.
La suite sera probablement de passer de "Gameliniste" à "Pétainiste"... Puis les arguments d'autorité : Pierre Miquel et le Général Lacaze étaient d'accord avec vous... Puis la posture de l'outragé -du provocateur outragé, donc- : "les jugements à l'emporte-pièce sur ma personne"... Et pour finir, l'humilité feinte : "nous commettons tous des erreurs"... Mais oui, bien sûr, ce qui est une bonne raison de se garder de jugements définitifs. Je reviens au fond, si tant est que vous soyez sincère et que vous ne soyez pas seulement dans la provocation : - BRH a écrit:
- J'avoue ne pas trop discerner ce que cache cette volonté de réhabiliter Gamelin.
Pouvez-vous admettre une fois pour toute que mieux cerner les responsabilités et éviter les caricatures n'est pas vouloir réhabiliter ? Je prends un exemple sur 14-18, puisque vous évoquez (invoquez) Pierre Miquel : entre essayer de comprendre les mutineries de 1917, dire que les mutins n'étaient pas nécessairement des salauds, et les réhabiliter dans un hommage national, il y a une marge, non ? Toujours sur le fond, même si, là encore, je ne sais si vous y croyez vous-même : Il y a une marge entre estimer qu'il n'y avait pas moyen de continuer efficacement la résistance armée et affirmer que l'armistice était inévitable. Si votre allusion sur un "courant qui s'est déjà dévoilé" fait référence au forum, montrez-nous donc cette affirmation chez Eric ou chez moi-même. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 13:56 | |
| Mettons de côté les personnes...
Il va sans dire que la documentation nouvelle ne peut que parfaire les connaissances sur un sujet donné. Voire même les bouleverser. Et sur ce point, j'aurais mauvaise grâce puisque je suis moi-même considéré comme un "révisionniste"...
Donc, que des travaux récents viennent nuancer les constats de Paillat, la chose n'est pas impensable, ni même impossible. Mais s'agissant de la responsabilité de Gamelin dans l'élaboration du plan Dyle et sa validation, que cela soit remis en cause, je suis plus que dubitatif et demande à voir...
Quant à avoir écrit que Gamelin était un "nul", je ne me souviens pas l'avoir écrit ici, au cours de ce débat. L'homme était intelligent, cultivé, diplomate, mais sans avoir les qualités qui font un vrai général en chef. Dans quelle mesure sa maladie avait-elle oblitéré sa volonté ? Peut-être pas autant qu'on l'a dit. Sa ductilité lui avait permis de bien "coller" aux institutions décadentes de la IIIème république. Et de s'adapter à celui qui les incarnait, savoir : Daladier !
Je pense (mais je peux me tromper) que si Weygand était demeuré à son poste (ou, à tout le moins, l'avait récupéré en septembre 1939), le plan Dyle n'aurait pas eu la même configuration. L'impasse sur le secteur des Ardennes (de Namur à Sedan), n'aurait pas été aussi totale. Même chose, probablement avec Georges (compte-tenu de l'amitié qu'il avait pour Corap).
Sinon, il ne sert à rien de gloser sur les intentions des uns ou des autres. Tous les pétainistes ne sont pas "gamelinistes" et inversement...
Ps : Quant aux expressions provocantes et insultantes, elles ne visent (si tant est qu'il est fondé de les interpréter ainsi) que la personne de Gamelin. On ne peut pas en dire autant des attaques personnelles qui me visent !
Dernière édition par BRH le Mar 14 Avr 2020 - 14:43, édité 1 fois |
| | | dhouliez Admin
Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 14:37 | |
| - Citation :
- Mais s'agissant de la responsabilité de Gamelin dans l'élaboration du plan Dyle et sa validation, que cela soit remis en cause, je suis plus que dubitatif et demande à voir...
Mais qui donc aurait dit que Gamelin n'était pas le principal décideur du plan Dyle ? - Citation :
- L'homme était intelligent, cultivé, diplomate, mais sans avoir les qualités qui font un vrai général en chef.
Quand Eric et moi, il y a quelques temps, vous avions fait remarquer qu'il était inexact de présenter Gamelin comme un imbécile (ou autre nom d'oiseau approchant) pour les raisons que vous énumérez, cela nous avait valu de votre part des sarcasmes répandus en d'autres lieux. Je suis très heureux de voir que vous nous rejoignez désormais. Et je constate désormais que vous aussi vous doutez que Gamelin soit "un nul", appréciation qui est bien au départ du débat, puisque vous avez réactivé ce fil quand Thierry Moné vous a fait remarquer que celui sur lequel vous interveniez est consacré à un livre en particulier... - Citation :
- Sinon, il ne sert à rien de gloser sur les intentions des uns ou des autres.
J'ose espérer que désormais vous cesserez de gloser sur nos supposées intentions de "défense", de "réhabilitation", etc. Si l'on en vient aux problèmes posés par la manoeuvre Dyle et sa variante lourde de conséquences Breda (quoiqu'il ne soit pas sûr que si la VIIe armée s'était engagée moins loin en Belgique, ses unités aurait pu en être dégagée plus facilement) : On peut remarquer que sur le front du GA1, il y a, à la fois, une densité largement insuffisante sur la Meuse, et au contraire, une très forte densité sur le reste du front, avec les 1re et 7e armée, la BEF et l'armée belge. A cela, on peut trouver des explications : - la défiance envers les anglais, que la Première guerre avait montré prompts à envisager le ré-embarquement en cas de coup dur, incitait à intercaler une armée française entre la BEF et la côte ; - le manque de confiance (plus discutable peut-être) dans les capacités tactiques de la BEF incitait à ne pas leur donner la charge de la trouée de Gembloux ; - l'absence quasi-totale de coordination avec les belges ne permettait pas d'envisager une répartition des forces sur le front qui prenne en compte l'ensemble des forces potentiellement disponible... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 14:54 | |
| Gamelin a été très largement reconnu comme responsable du désastre de 1940, du moins des années soixante à l'an 2 000. De Gaulle a été relativement clément envers lui dans ses mémoires de guerre, faisant porter la principale responsabilité sur les épaules de Daladier. Certainement parce que Gamelin lui avait confié le commandement de la IVème DCr. Sans cela, de Gaulle n'aurait rien fait...
Enfin, je rappelle que le témoignage du général Beaufre sur Gamelin est accablant. |
| | | dhouliez Admin
Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 15:09 | |
| De Gaulle a été clément avec Gamelin et Daladier parce que son but était de charger Pétain et Weygand. Déjà dit. "Débat" circulaire.
Mais ça ne sert à rien, vous êtes dans une démarche autre...
Vous raisonnez en procureur et vous nous prenez pour des avocats.
Nous essayons de comprendre ce qui a amené à prendre des décisions néfastes... vous ne voulez pointer qu'un responsable.
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| | | Eric Denis Admin
Nombre de messages : 7234 Age : 57 Localisation : Toulon Date d'inscription : 04/05/2006
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 15:42 | |
| Bonjour, T out d'abord et de façon générale :Mon travail se base sur les nombreuses archives en ma possession. Si je suis affirmatif sur les points que j'exprime, ce n'est pas parce qu'on me l'a dit ou parce que je l'ai lu, mais parce que je possède des documents qui le démontrent. C'est justement à cause d'erreurs un jour écrites, et parfois par d'illustres auteurs (personne n'est parfait et je ne leur reproche rien), que des idées erronées ont été colportées jusqu'à nos jours, car bien des auteurs se sont contenté de répéter ce que d'autres avaient écrit. Je sais bien que pendant des décennies, il était d'usage de tout mettre sur le dos de Gamelin, mais de toute évidence, et bien que l'homme soit loin d'être irréprochable (je me répète), les faits démontrent que cette vision mérite d'être corrigée. Comme vous pouvez le lire ici ou dans mes écrits, lorsque je n'ai pas de preuves formelles, je me contente de dire "qu'il semble que", ou que "j'exprime l'hypothèse que", mais je n'affirme pas. Je ne suis pas un fervent défenseur de Gamelin, mais je ne me contente pas de rapporter ce que d'autres en pensent. Il ne s'agit donc pas de réhabiliter ou de condamner qui que ce soit, mais de "rendre à Cesar ce qui lui appartient". Or, pour se faire, la meilleur façon, à mon sens, ne consiste pas à plagier ce que d'autres ont dit ou écrit, mais à travailler sur les sources primaires en ne perdant jamais de vue le contexte de l'époque. Ensuite ceci : - BRH a écrit:
- Il y a eu beaucoup de matériels commandés (et fabriqués). Malheureusement, le 10 mai 1940, ils étaient loin d'être en dotation dans toutes les unités...
Et comme je l'ai exprimé plus haut, Gamelin a approuvé le lancement de cette production en nombre de pièces de DCA, et si elles furent insuffisante en nombre au 10 mai 1940, Gamelin n'y est pas pour grand chose. Donc quid de votre : - BRH a écrit:
- Il n'en demeure pas moins qu'à aucun moment, Gamelin n'a mis l'accent sur la nécessité de disposer d'une DCA performante, y compris au niveau des troupes de mêlée...
Pour info et pour se faire une idée plus précise, ce budget total de 5,628 milliards de Frs attribué à la seule DCA peut par exemple être comparé au coût de la ligne Maginot, dont les estimations les plus sérieuses parlent d'environ 7 milliards de Frs. Ensuite : - BRH a écrit:
- Sur Gamelin, j'ai eu la chance d'en discuter avec Pierre Miquel et le général Jeannou Lacaze (tous deux décédés). Nous étions d'accord pour imputer le désastre au plan Dyle. Et c'est bien Gamelin qui en était l'instigateur, sinon l'auteur. Evidemment, la question de sa syphilis était toujours évoquée, comme ayant pu détremper son caractère.
C'est un sujet qui a déjà été longuement débattu dans nos pages. Je rappellerai simplement qu'à l'époque, la manœuvre Dyle n'a soulevé aucune contestation majeure, tant dans les milieux militaires que politiques. C'est l'option Breda qui le fut, et à mon sens à juste titre. Une fois encore, ces avis que vous citez sont donné à posteriori et ne tiennent aucun compte du contexte. Comme c'est facile ! - BRH a écrit:
- J'avoue ne pas trop discerner ce que cache cette volonté de réhabiliter Gamelin. Il me semble qu'elle est alimentée par tout un courant qui s'est déjà dévoilé en affirmant qu'il n'y avait pas d'autres solutions, le 16 juin 1940, que de demander l'armistice.
Malgré ce que nous cessons de répéter, comme je viens à nouveau de le faire en début de réponse, nous ne cherchons aucunement à réhabiliter qui que ce soit, etc... Mais vous préférez, ici comme ailleurs, rester sur cette idée car elle vous arrange. Qu'en est-il des nombreux contre-arguments fondés qui vous ont été opposés auxquels d'ailleurs vous ne répondez généralement pas ? Je vous signifie donc que votre position de "tout mettre sur le dos de Gamelin" n'a pas de fondement historique, ce qui ne l'affranchit pas de ses erreurs. C'est votre avis personnel et j'imagine bien qu'il est plus confortable de répliquer que nous cherchons à le réhabiliter plutôt que de prendre le recul nécessaire pour (enfin) voir l'homme tel qu'il était et pas comme vous vous imaginez qu'il fut, ce qui d'ailleurs me fait sourire quand je vous vois écrire : - BRH a écrit:
- Mais je suis toujours preneur pour redresser les erreurs factuelles que nous commettons tous...
Pour faire un parallèle avec un sujet qui vous est cher, je peux par exemple vous dire que Napoléon est perçu comme un tyran sanguinaire dans bien des pays d'Europe et cette idée n'est pas sans un certain fondement. Fin de la parenthèse. Mais reprenons ce débat : - BRH a écrit:
- Rappelons seulement que la plus grande partie de ces 44 divisions [laissées à l'Ouest] sont de moindre qualité. Il est noté d'ailleurs que 14 divisions d'active seulement sont en ligne...
14 ID de première vague sur les 35 disponibles au 1er septembre 1939, ça fait plus d'1/3 ! De plus, l'Allemagne dispose de l'équivalent de 107 divisions en tout au 1er septembre 1939, dont 44 à l'Ouest, donc quand je disais 1/3 de leurs GU à l'Ouest, j'étais en dessous de la vérité, il s'agit des 2/5e. Que l'Allemagne laisse les 2/5e de ses forces à l'Ouest dont plus d'1/3 des ID d'active le 1er septembre 1939 n'est pas du tout représentatif d'une faible potentialité de réaction française, c'est évident. D'ailleurs, et dès que ce fut possible, ils renvoyèrent à l'Ouest au plus vite toutes les unités dont la présence en Pologne n'était plus impérative. - BRH a écrit:
- C'est un peu un travestissement de ma pensée, comme il est donné à voir ci-dessus. Les 80 000 hommes en question ne sont pas négligeables. Ils auraient pu être déterminants s'ils étaient arrivés à temps. Venant de trop loin, ils n'ont pu remplir le rôle qui leur était assigné. La vitesse de progression allemande provient précisément du fait qu'elle ne rencontre plus d'obstacles après la percée...
Il me semble que je vous l'avais déjà dit. La distance est un facteur peu important dans le déplacement d'une division par voie ferrée (le plus rapide sur des distances moyennes à longues). La vitesse moyenne des convois est de l'ordre de 30 à 35 km/h, ce qui montre que le fait qu'une division soit déplacée de 50 ou 150 km ne fait varier la durée totale que de quelques heures. C'est surtout son regroupement, son déplacement vers la zone d'embarquement, son embarquement (une DI nécessite plus de 50 trains), son débarquement et sa réorganisation après le transport qui prend du temps. Toutes ses phases prennent des journées, qui, dans le meilleur des cas sont d'environ 5 jours entiers. Il faut ensuite ajouter son acheminement vers le secteur qui lu a été attribué et son déploiement. Donc, un ordre de mouvement d'une division donné le 13 mai effectué par voie ferrée de 100, 200 ou même 300 km, rend cette Grande Unité opérationnelle sur son nouveau secteur au bout d'un minimum de 5 jours et nous amène donc au 18 mai, date à laquelle les PzD ont déjà dépassé Saint-Quentin. Votre affirmation : - BRH a écrit:
- La vitesse de progression allemande provient précisément du fait qu'elle ne rencontre plus d'obstacles après la percée...
Est donc parfaitement infondée. Vous inversez causes et conséquences. - BRH a écrit:
- Eric Denis a écrit:
- Ensuite, si l'exemple polonais a effectivement été analysé il faut rappeler que les situations sont très différentes. La Pologne n'a pas eu le temps de mobiliser une bonne partie de ses troupes et les stratèges polonais ont voulu défendre la totalité du territoire, ce qui a amené à une dilution de leurs troupes à l'avantage de l'Allemagne, celle-ci concentrant son action sur quelques axes majeurs.
C'est, en effet, l'analyse faite par Gamelin et Georges. La percée des Ardennes démontre qu'ils se sont trompés et se sont bercés d'illusions. Georges a plutôt écouté Corap avec plus d'attention que Gamelin, mais il n'a pas su inverser la tendance...
- Eric Denis a écrit:
- C'est l'analyse faite par tous les attachés militaires étrangers durant la campagne de Pologne et elle est plutôt juste. La percée des Ardennes ne démontre en rien que cette analyse est fausse.
Si elle n'est pas fausse, elle est tronquée ! C'est tout de même extravagant de le contester : si les Allemands sont parvenus à se concentrer sur des axes majeurs, c'est bien grâce à l'action combinée des panzers et des stukas ! Certains semblent avoir oublié la contre-offensive polonaise de la Bsura qui a été une très mauvaise surprise pour la Wehrmacht qu'elle n'a pu pallier que par la supériorité tactique du binôme char-avion. Notons d'ailleurs que l'armée française n'a pas été capable d'en produire l'équivalent... Là n'est pas la question, lors d'une offensive, une armée s'arrange toujours pour disposer d'une forte supériorité numérique sur le secteur d'attaque sur l'adversaire pour avoir une bonne chance de succès. Certes, les chars et les avions sont tactiquement des atouts indiscutables, mais ils sont surtout utiles dans l'exploitation d'une percée et pas dans son obtention. Les positions ennemies sont initialement matraquées par l'artillerie, comme ce fut le cas en Pologne, et dans l'immense majorité des offensives des deux guerres mondiales. Et c'est ce à quoi l'on s'attendait logiquement pour l'époque en France. La surprise ne fut pas l'usage du duo chars/aviation, mais l'absence totale de préparation d'artillerie avant l'attaque sur la Meuse, remplacée par l'action des Stuka. Cette méthode, à l'époque complètement inédite, fut décidée en raison du facteur de la vitesse, base fondamentale de Fall Gelb (dois-je le rappeler?). D'ailleurs, les Panzers n'ont joué aucun rôle dans l'obtention de la percée, si ce n'est, parfois et très localement, celui d'artillerie. Dans le contexte de l'époque (j'insiste !!!), cette vision d'une offensive allemande était bien loin d'être dénuée de sens car il aurait fallu 8 à 10 jours aux Allemands pour amener les pièces et les munitions nécessaires sur le secteur pour débuter leur offensive. Ce délai était donc largement suffisant pour transporter sur place de nombreux renforts (cf mon laïus sur le transport ferroviaire ci-dessus). Enfin, au sujet de la contre-offensive polonaise de la Bsura, c'est surtout l'envoi sur le secteur de nombreuses unités allemandes qui permit de la stopper, y compris des Panzers et l'utilisation de la Luftwaffe et ce n'est pas ces derniers qui à eux seuls ont permis de la contrer. Je rappellerai en outre qu'elle se termina par l'encerclement de plus de 150 000 polonais. _________________ Cordialement Eric Denis
Dernière édition par Eric Denis le Mar 14 Avr 2020 - 15:58, édité 2 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 15:53 | |
| Non. Je ne trouve pas que de Gaulle ait été clément avec Daladier, puisqu'il souligne son rôle dans le refus d'une armée de métier, en tout cas, dans celui d'une armée offensive.
Si vous trouvez un nom à l'auteur du plan Dyle autre que celui de Gamelin, je serais bien aise de la connaître. Je ne dis pas que les autres grands chefs ne l'ont pas approuvé (peu ou prou). Il n'en reste pas moins qu'aucun ne s'y est véritablement opposé, à part sans-doute, dans une certaine mesure, Prételat... Georges n'était pas enthousiaste, mais il l'a validé.
Nous avons eu un débat sur le mythe des Ardennes infranchissables aux blindés. Là encore, il a été tenté d'atténuer la responsabilité de Gamelin. Je ne m'y suis pas laissé prendre... |
| | | dhouliez Admin
Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 16:11 | |
| - BRH a écrit:
- Si vous trouvez un nom à l'auteur du plan Dyle autre que celui de Gamelin, je serais bien aise de la connaître.
Et si vous nous disiez qui ici a dit que Gamelin n'était pas l'auteur du pan Dyle ? Vous vous enfoncez dans votre mauvaise foi au fur et à mesure qu'Eric apporte des contradictions sourcées. - BRH a écrit:
- Nous avons eu un débat sur le mythe des Ardennes infranchissables aux blindés. Là encore, il a été tenté d'atténuer la responsabilité de Gamelin. Je ne m'y suis pas laissé prendre...
Trop fort ! Et tellement plus facile que d'admettre que vous vous êtes planté en beauté à propos de la DCA. Mais au sujet des Ardennes, vous pourriez référencer le sujet ? Juste histoire de comprendre ce que vous entendez par "il a été tenté d'atténuer la responsabilité de Gamelin"... |
| | | Claude Girod Général de Brigade
Nombre de messages : 2855 Age : 73 Localisation : Jura Date d'inscription : 20/06/2010
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 17:07 | |
| Bonjour à tous !
A propos de la DCA, je suis sidéré par le rapport entre les chiffres annoncés par Eric Denis ( ".../... ce budget total de 5,628 milliards de Frs attribué à la seule DCA peut par exemple être comparé au coût de la ligne Maginot, dont les estimations les plus sérieuses parlent d'environ 7 milliards de Frs.") pour ce qui concerne le montant du budget attribué à la Défense Contre Aéronefs eu égard à sa "relative" efficacité comparée à celle de la redoutable F.L.A.K ... ! Bien cordialement !
Dernière édition par Claude Girod le Mar 14 Avr 2020 - 18:04, édité 1 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 17:51 | |
| Quand un spécialiste discute avec un "généraliste", il arrive un moment où le débat est déséquilibré, puisque le second n'a évidemment pas travaillé sur des sources primaires. C'est mon cas : si j'ai beaucoup lu sur la période 39/40 (presque autant que sur l'Empire), je n'y ai pas travaillé en archives à la différence de mon domaine de spécialité...
Je me contenterai de citer cet article, mis en ligne en 2009, avec lequel je suis globalement d'accord.
https://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2004-2-page-97.htm
Libre aux spécialistes de le déchirer à belles dents et foin des leçons d'épistémologie...
Un mot cependant sur la notion de "contexte". Je n'ai jamais employé celle-ci pour excuser les fautes de Napoléon. Ce serait trop facile...
Un exemple : la manoeuvre sur Kulm faisant suite à la brillante victoire de Dresde ; Napoléon lance Vandamme vers Kulm pour envelopper la droite des coalisés. Mais rappelé dans la capitale de la Saxe par les mauvaises nouvelles concernant ses subordonnés (Oudinot et Mac-Donald), il laisse Vandamme sans de nouvelles instructions. On ajoutera -pour la défense de l'Empereur- qu'il a subi un malaise d'origine gastrique...
Malaise ou pas, Vandamme fonce, sans se préoccuper de ses flancs, persuadé d'être bientôt soutenu par Napoléon et toute sa garde. Il s'empare de Kulm et veut marcher sur Toeplitz pour couper les communications de l'armée de Bohême en pleine retraite. Mais il a bientôt plus de 100 000 hommes sur les bras et pire, le corps prussien de Kleist, menacé lui-même d'encerclement, surgit sur ses arrières. La promesse de victoire si belle se transforme en désastre. Près de la moitié de son corps est décimé ou prisonnier...
Parlera-t-on de contexte ? Oui, certes. Pour dire que Napoléon ne pouvait être à la fois général en chef et Empereur. Vandamme s'est montré trop téméraire, mais au vu des ordres qu'il avait reçus, il pouvait s'attendre à être soutenu. Cela n'excuse pas la faute de Napoléon, si même elle l'explique...
Toute proportion gardée, j'estime qu'il en est de même pour Gamelin. Toutes les sources primaires du monde ne justifieront pas qu'il ne se soit pas ménagé une réserve centrale susceptible de renforcer le centre déjà si faible sur la Meuse... L'expliquer, probablement, mais le justifier, certainement pas ! |
| | | dhouliez Admin
Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 18:05 | |
| - BRH a écrit:
- L'expliquer, probablement, mais le justifier, certainement pas !
Et où avez vous pêché que l'on cherchait à faire autre chose qu'expliquer ? |
| | | Eric Denis Admin
Nombre de messages : 7234 Age : 57 Localisation : Toulon Date d'inscription : 04/05/2006
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 18:18 | |
| Bonjour Claude,
Bien évidemment, ces chiffres sont issus de mes archives et en particulier celles concernant les programmes d'armement et leurs financements.
Je comprend parfaitement votre sidération, et c'est bien pour cela que je disais plus haut que les causes du faible nombre de pièces de DCA présentes dans les rangs français en 1940 était une question complexe qui mériterait une longue réponse.
Ensuite, la redoutable efficacité de la Flak n'était pas encore d'actualité en 1940. Les résultats étaient à l'époque assez faibles, par manque d'entraînement, de cohésion, et en raison d'une doctrine devant encore être améliorée. Ce ne sera plus le cas les années suivantes, ce qui générera à juste titre l'idée de la redoutable efficacité de la Flak.
Mais en 1940 elle pouvait néanmoins être efficace dans certains cas, et en particulier sur le secteur de Sedan, ou environ 300 pièces furent affectées à la défense des pont de génie traversant la Meuse pour des raisons stratégiques évidentes. Une telle densité de FLAK sur un secteur aussi étroit, d'ailleurs exceptionnelle pour la globalité de la Seconde Guerre mondiale, ne pouvait qu'engendrer de lourdes pertes aux avions alliés qui tentèrent de s'attaquer à ces ouvrages. _________________ Cordialement Eric Denis
|
| | | Claude Girod Général de Brigade
Nombre de messages : 2855 Age : 73 Localisation : Jura Date d'inscription : 20/06/2010
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 18:25 | |
| Merci pour votre réponse, Eric .. Je partage votre analyse sur la FLAK. Pour ce qui concerne la DCA, j'espère que nous aurons la possibilité de revenir sur la question complexe ainsi soulevée ... Bien cordialement ! |
| | | dhouliez Admin
Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 19:03 | |
| Désolé, mais je ne résiste pas, - BRH a écrit:
- Quand un spécialiste discute avec un "généraliste", il arrive un moment où le débat est déséquilibré, puisque le second n'a évidemment pas travaillé sur des sources primaires...
Quand un "généraliste" se présente chez un spécialiste, et veut asséner ses conclusions à ce spécialiste, qui essaye de lui faire comprendre qu'il devrait modérer un tantinet ses appréciations, mais que ce "généraliste" insiste au point d'affirmer des contre-vérités, il arrive qu'il soit renvoyé dans ses cordes par le spécialiste, sur la base d'archives. Il arrive parfois alors que ce "généraliste" cherche une pirouette pour s'en sortir La plus touchante étant quelque chose du style : "c'est pas du jeu, c'est déséquilibré." La plus désinvolte : "OK, vous êtes meilleur sur la physique quantique, mais ma vraie spécialité, c'est le chou farci. C'est quand vous voulez." La plus menaçante : "ouais, ben en tout cas, chuis d'accord avec un autre spécialiste, alors si z'êtes pas d'accord avec moi, z'avez qu'à lui dire en face, et il faut éradiquer les tentacules de la déréliction* ", tout en renvoyant à un écrit qui ne reflète que d'une manière très lointaine les termes du débat... *Ce qui dans le contexte, a autant de pertinence que "foin des leçons d'épistémologie", mais, c'est comme une citation latine, avec un peu de chance ça peut impressionner : « Tempora mori, tempora mundis recorda . Voilà, eh ben ça par exemple, ça ne veut absolument rien dire, mais l’effet reste le même… » (LdO, K III-1-27) - BRH a écrit:
- C'est mon cas : si j'ai beaucoup lu sur la période 39/40 (presque autant que sur l'Empire), je n'y ai pas travaillé en archives à la différence de mon domaine de spécialité.
Merci de ces informations, qui expliquent, probablement, mais ne justifient certainement pas. |
| | | Claude Girod Général de Brigade
Nombre de messages : 2855 Age : 73 Localisation : Jura Date d'inscription : 20/06/2010
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mar 14 Avr 2020 - 20:06 | |
| François parlait ce matin de "débat circulaire, digne des derviches tourneurs".
Je suis très attaché à la tournerie, celle-ci ayant quasiment disparu du Jura, pour plusieurs raisons, où elle était reine, ce qui me désole.
Et je suis avec attention et fidélité vos échanges, car j'y trouve des arguments intéressants, échanges qui, qui plus est, ont le mérite de me faire sourire, ce qui est important dans le contexte sanitaire actuel ...
Tout ceci dit sans grief ni méchanceté je vous l'assure !
Bonne soirée à tous ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mer 15 Avr 2020 - 11:44 | |
| J'ai résumé l'article de Philippe Garraud. Le rôle de la « doctrine défensive » dans la défaite de 1940 : une explication trop simple et partielle. par Philippe Garraud https://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2004-2-page-97.htm - Citation :
- Cette stratégie attentiste et conduisant à l’inaction est donc relativement cohérente et rationnelle au regard des contraintes, des ressources et des opportunités existantes. Ce qui est souligné par de nombreux historiens étrangers qui réhabilitent très largement le haut commandement français et tout particulièrement la figure centrale de Gamelin, dont l’action et le rôle, après avoir fait figure à tort ou à raison de principal responsable de la défaite, sont notablement réévalués par l’historiographie anglo-saxonne récente [10]
[10] Voir dans cette perspective J. Gunsburg, Divided and Conquered.….
La « bataille méthodique » : une doctrine impossible à mettre en œuvre
Cependant, la doctrine opérationnelle de l’armée n’est en tant que telle ni défensive ni offensive [11]
DES DÉCISIONS STRATÉGIQUES PARTICULIÈREMENT LOURDES DE CONSÉQUENCES
18La défaite, qui se joue véritablement en dix ou vingt jours seulement (le 20, les côtes de la mer du Nord sont atteintes par les Allemands), ne découle cependant pas mécaniquement et uniquement de la doctrine opérationnelle française en tant que telle mais est plus largement le produit de la mise en œuvre et de la confrontation en pratique de deux conceptions radicalement différentes de la guerre, l’une excessivement prudente, méthodique et lente ; l’autre subordonnant tout à la vitesse et au mouvement mais prenant des risques considérables. Cependant, la variable doctrinale n’est pas la seule à prendre en considération : la défaite est également la conséquence de choix qu’on peut qualifier de stratégiques, relativement autonomes.
Les hypothèses du haut commandement et la répartition inadaptée des forces sur le front nord-est
19Dans le cadre de sa stratégie défensive, le haut commandement a privilégié exclusivement trois hypothèses hiérarchisées (par ordre décroissant de probabilités : offensive principale en Belgique, attaque frontale de la ligne Maginot, contournement par la Suisse) [22]Se référer à ce propos à J.-C. Allain, « La France et la…, dont aucune ne s’est avérée valide (les Allemands en ayant mis en œuvre une quatrième), mais qui ont conditionné l’organisation des moyens disponibles, à commencer par la constitution de trois groupes d’armées (GA 1, 2 et 3) dont chacun correspondait à une des trois hypothèses.
20En ce domaine, de manière très classique, il faut rappeler rapidement les forces en présence, non pas de manière générale mais en comparant les dispositifs opérationnels opposés et leurs moyens sur le théâtre d’opérations qui sont révélateurs des stratégies militaires en présence. Cette comparaison fait apparaître des choix a priori relativement arbitraires, et relativement indépendants de la doctrine dans le cas français, qui conditionnent les faiblesses structurelles du dispositif français. Elle définit d’entrée une situation fortement déséquilibrée qui conditionne de part et d’autre le choix des possibles [23]
21Alors que le dispositif allemand est organisé en trois groupes d’armées (Belgique et Hollande, Ardennes et ligne Maginot) d’inégale importance en fonction de la mission plus ou moins active qui leur est impartie, mais regroupant un nombre relativement limité d’armée (deux ou trois) et de divisions, la répartition des moyens français conduit très schématiquement et grossièrement, à distinguer plus deux blocs que les trois qui correspondent à son organisation formelle en trois groupes d’armées. Dans la mesure où des moyens approximativement identiques leur ont été attribués, ces deux ensembles sont de force sensiblement équivalente, même si l’intervention en Belgique est l’hypothèse la plus probable et la plus préparée. Au moins par défaut, le choix stratégique et organisationnel a été fait d’être fort aux deux ailes (au nord et sur la ligne Maginot) et faible au centre, alors que, schématiquement, les Allemands ont fait le choix inverse dans le cadre du « plan jaune » (Fall Gelb) ou von Manstein [24]
22La frontière belge est tenue par le GA 1 de la mer du Nord à la ligne Maginot en passant par les Ardennes. Sans compter les forces belges (une vingtaine de divisions), il rassemble cinq armées (dont la British Expeditionary Force, BEF) et une quarantaine de divisions. Elles sont opposées globalement aux 30 divisions du groupe d’armées B. Mais dans la plaine belge où a lieu l’engagement principal, la disproportion des forces en faveur des Alliés est encore plus grande puisque jusqu’à la capitulation de l’armée hollandaise, le 15 mai, les 45 divisions environ des trois armées du GA 1 engagées (7e, 1re, BEF) et de l’armée belge sont opposées aux 17 divisions seulement de la 6e armée allemande. Cette très forte densité d’unités alliées dans un espace relativement réduit conduira à la sous-utilisation de certains moyens, belges et anglais tout particulièrement, tout à la fois par défiance du commandement français quant à la valeur des unités et des armées concernées mais aussi difficultés de coordination politiques et militaires. La subordination de l’armée belge et de la BEF au commandant du GA 1 ne sera que tardivement reconnue et fera l’objet de réticences qui mettront à de nombreuses reprises le commandement français devant le fait accompli [25]
23Le GA 1 est particulièrement fort sur sa gauche pour l’engagement en Belgique qui constitue sa mission principale, mais faible sur sa droite, tout particulièrement à la charnière des 9e et 2e armées dans le secteur des Ardennes, de la Meuse à Sedan. Ces deux armées ont certes un rôle défensif, voire statique dans le cas de la 2e armée, mais elles sont « polarisées » de manière contraire ; le centre de gravité de la 9e est constitué par la manœuvre Dyle au nord-ouest, dont elle doit assurer la sûreté dans les Ardennes, alors que celui de la 2e l’est par la ligne Maginot à l’est. En outre, le commandement de ce très grand ensemble hétérogène rassemblant cinq armées est assuré par un seul homme (Billotte), ne disposant que d’un état-major relativement réduit, dont toute l’attention est accaparée par l’engagement considéré comme décisif en Belgique et qui se trouve également chargé de la coordination difficile avec l’armée belge. Les difficultés de mise en œuvre de l’opération Dyle ne manquant pas tant sur le plan politique (les relations avec l’armée belge et la BEF) que strictement militaire (défaut de coordination, mauvaises informations, initiatives unilatérales belges), autant dire que sa droite et le secteur des Ardennes ne constituent pas pour lui une préoccupation majeure.
24Le restant du front nord-est est tenu en Lorraine, Alsace et dans le Jura par quatre armées (3e, 4e, 5e et 8e) [26] [26] On ne compte pas ici la 6e armée (Touchon), ex-armée des Alpes…, qui regroupent également une quarantaine de divisions environ, dans la mesure où une action dans ce secteur n’est nullement exclue (à la frontière suisse tout particulièrement, à l’origine de la constitution du GA 3) [27] [27] Hormis la 6e armée qu’on vient d’évoquer, en attente d’un… et qu’aucune hypothèse n’est véritablement écartée (sauf, très curieusement et malheureusement, celle d’une pénétration massive et rapide par les Ardennes). Ce fort dispositif fait face à une faible menace (19 divisions allemandes seulement). Aussi il apparaît complètement disproportionné, fixant inutilement des forces qui n’auront aucune activité significative pendant tout le mois de mai.
25Mais au centre du dispositif français apparaît une zone fortement dépressionnaire au regard des moyens allemands qui lui font face. Le centre de gravité de la 9e armée (Corap) se situe dans le cadre de l’engagement principal en Belgique et l’incline à privilégier sa gauche ; de manière contraire, celui de la 2e armée (Huntziger) est situé à sa droite pour assurer la protection de la ligne Maginot et éviter son débordement et son enroulement. La faiblesse des moyens s’ajoutant à l’inégale qualité des unités et à de nombreuses négligences tactiques, le dispositif français présente une charnière centrale particulièrement fragile et vulnérable. Très malheureusement, c’est ce secteur qui est l’objet de l’effort principal allemand masqué pendant quelques jours par l’engagement en Belgique. Alors que les 9e et 2e armées ne rassemblent qu’une quinzaine de divisions seulement, hétéroclites de surcroît [28] [28] Quatre des cinq divisions légères de cavalerie (DLC) hybrides,…, le groupe d’armées A en regroupe 40 dont 7 Panzerdivisionen (PzD) et plusieurs divisions motorisées en première ligne qui attaqueront de Dinan à Sedan sur un front de moins de 100 km.
L’engagement en Belgique : de la bataille d’arrêt à la bataille de rencontre
27En effet, la manœuvre Dyle introduit incontestablement un changement et un élément d’incohérence relatif dans la stratégie française. Alors que la doctrine générale défensive adoptée conduit logiquement à attendre l’attaque ennemie sur des positions soigneusement préparées à l’avance aux frontières et fortifiées, l’engagement en Belgique entraîne un mouvement relativement important s’écartant de la défensive pure, nécessairement générateur d’incertitudes en raison de l’état des relations franco-belges [30] [30] B. Chaix, Fallait-il entrer en Belgique ?, op. cit., et concernant de surcroît les unités les plus mobiles, les plus professionnelles et parmi les meilleures de l’armée, à commencer par les trois « divisions légères mécaniques » (DLM), grandes unités blindées de cavalerie les plus comparables aux divisions blindées allemandes, et la plupart des divisions d’infanterie motorisée (DIM) [31]
Voulue et maintenue par Gamelin [33] André Géraud parle de véritable « idée fixe » de Gamelin… en dépit des réticences ou des réserves d’autres généraux (Georges, Blanchard, Prioux), avalisée par le pouvoir politique sans avoir été véritablement débattue, elle a fait l’objet d’une planification longuement préparée, minutieuse et détaillée et est déclenchée automatiquement dès l’attaque allemande. Elle se heurte pourtant immédiatement (et indépendamment de l’offensive dans les Ardennes) à un sérieux obstacle qui en hypothèque totalement la validité et l’opportunité : celui du refus préalable de toute coopération tant belge que hollandaise jusqu’au dernier moment, condition considérée pourtant comme impérative au départ. Dans la mesure où aucun échange d’informations sérieux, aucune coordination n’ont eu lieu préalablement, elle conduit nécessairement à une improvisation risquée, les mesures et les dispositions défensives prises par les Belges (état des fortifications, continuité des barrages antichars, positions des unités, destructions préalables, etc.) n’étant pas conformes à ce qu’attendait le commandement français, ou les initiatives allemandes les ayant rendu caduques [34] 30De la déclaration de guerre à l’offensive allemande du 10 mai, un changement relativement important s’opère tout à la fois dans le dispositif français et dans la réflexion stratégique qui le sous-tend. La prudence qui caractérise toute la politique de défense jusqu’ici cède alors le pas à une prise de risques. La « bataille d’arrêt » projetée ouvre non seulement la possibilité mais conduit même à la « bataille de rencontre » sur des positions nécessairement improvisées, tant redoutée par le commandement français. Et ce d’autant plus qu’en dépit d’un rapport des forces favorable sur le plan numérique, l’engagement ne tourne pas en faveur des Alliés du fait tout à la fois de l’inadaptation du calendrier arrêté par rapport aux mouvements allemands [35] [35] En ce domaine, il est certain que des choix organisationnels…, de la faiblesse de la coordination, d’initiatives unilatérales successives mettant les autres membres de la coalition devant le fait accompli et des dissensions entre Belges, Français et Anglais qui s’ensuivent.
31Croyant en la répétition du plan Schlieffen de 1914 qui en constitue le présupposé central, alors que l’attaque allemande n’est qu’une diversion secondaire, et en engageant ses moyens les plus modernes et les plus mobiles en Belgique, l’armée française s’engouffre tête baissée dans un piège à l’initiative du général Gamelin dont la responsabilité paraît très lourde en ce domaine. Cette action et le calcul stratégique qui l’a fondée constituent un facteur essentiel de la défaite puisqu’il est directement à l’origine de l’encerclement puis de la perte de trois armées entières et du rembarquement de la BEF à Dunkerque. Sur le plan militaire, la défaite de 1940 trouve une de ses origines centrales dans la manœuvre Dyle adoptée par le haut commandement qui constitue un choix stratégique qui n’était pourtant pas inscrit à proprement parler, ou « naturellement », dans la doctrine défensive en tant que telle [36] [36] On ne prétendra pas pour autant qu’une stratégie différente…. Il en constitue bien au contraire une altération qui conduit directement à la perte de la totalité des forces engagées, soit près de 40 divisions françaises et anglaises.
Faiblesse des réserves générales et incapacité à faire face à toute surprise stratégique
32Au cours de la Première Guerre mondiale, des réserves générales nombreuses ont constitué un élément décisif dans la capacité de l’armée française à résister avec succès aux grandes offensives allemandes. Mais en mai 1940 la situation est bien différente. Le résultat de la répartition des moyens adoptée par le haut commandement français en fonction des différentes hypothèses retenues fait que les réserves sont particulièrement faibles ou beaucoup trop éloignées pour pouvoir intervenir rapidement. Ce qui signifie qu’en cas de « surprise », et l’attaque allemande comme la manœuvre Dyle en accroissent inévitablement et dangereusement la possibilité, directement ou indirectement, le commandement est très largement dépourvu de moyens de faire face rapidement.
33D’une part, l’option Breda du plan Dyle conduit tout particulièrement à l’utilisation, inutile au final, de la seule armée en réserve générale susceptible d’intervenir rapidement sur le champ de bataille (la 7e, une des mieux équipées et des plus mobiles). D’autre part, le GQG n’a en tout et pour tout à sa disposition qu’un maximum de 15 divisions en réserve générale, dont certaines en formation ne sont pas immédiatement disponibles et relèvent de l’état-major de l’Intérieur [37] [37] Sur cette question importante trop longtemps négligée, on ne…. Ces réserves, dont la localisation et l’emploi n’ont jamais fait l’objet d’aucune étude précise, il faut le souligner, étaient réparties de manière égale en trois zones géographiques différentes : dans la Marne et l’Aisne au centre du dispositif français, mais aussi derrière la ligne Maginot, déjà abondamment pourvue, et enfin dans le Jura, à la frontière franco-suisse (« lot » suisse).
34Quant à l’acheminement d’unités positionnées derrière la ligne Maginot, qui s’imposera progressivement, il s’accompagne inévitablement de délais longs et d’aléas. Dans la mesure où la ligne Maginot fut progressivement dégarnie (25 des 45 divisions en position transférées) et sans tenir compte des cinq unités de réserve les plus proches de Sedan (premier lot), c’est en définitive un total de plus de 35 divisions qui durent être déplacées dans l’urgence sur des centaines de kilomètres d’est en ouest et dans des conditions nécessairement improvisées, entre le milieu du mois de mai et début juin [38]
35La suite des événements et de la campagne est trop connue pour qu’il soit nécessaire de s’y attarder : la malheureuse 9e armée en charge d’un front très étendu (145 km) sera laminée en quelques jours seulement par l’attaque allemande [39] [39] Se reporter par exemple à : général A. Doumenc, Histoire de la… (et son commandant, rendu responsable, limogé brutalement le 16 mai et remplacé par Giraud), toutes les tentatives de contre-attaques échoueront, jamais la brèche ainsi ouverte ne sera fermée (le « couloir des Panzers ») et la progression des blindés allemands se poursuivra jusqu’à la mer et l’encerclement du corps de bataille engagé en Belgique. Et le reste de la campagne ne sera que l’inexorable et irrémédiable déclinaison, ou plutôt résolution (au sens quasi mathématique du terme), d’une situation structurellement compromise en quelques jours décisifs, le commandement français n’étant jamais en mesure de reprendre la moindre initiative, de concentrer et d’opposer des moyens significatifs [40]
36Dans le cadre de sa stratégie défensive, le haut commandement français a été conduit à n’écarter aucune hypothèse, sauf très malencontreusement celle d’une offensive massive dans les Ardennes retenue par les Allemands [41] Les raisons de cette impasse restent largement à préciser. En… et ce choix l’a entraîné à disperser les forces et les moyens pourtant importants dont il disposait. Aucune de ces trois hypothèses ne s’étant avérée valide, le haut commandement a alors été contraint de parer au plus pressé dans l’urgence et de réorganiser progressivement mais totalement son dispositif en pleine offensive allemande à partir des 18-19 mai, avec en particulier la constitution (ou reconstitution plus exactement) de deux nouvelles armées (6e et nouvelle 7e), regroupées au sein du GA 3 qui s’est vu ainsi assigné un tout autre terrain d’action que celui qui lui avait été attribué initialement (le Jura) : la tentative de « colmatage » de la percée dite de Sedan à la suite de l’effondrement de la 9e armée du fait de l’offensive allemande dans les Ardennes.
37En définitive, le désastre de Sedan et ses effets stratégiques désastreux s’expliquent structurellement tout autant sinon plus par différentes décisions inadaptées dans le domaine de la répartition et de l’affectation des moyens que par la doctrine et les règles d’emploi elles-mêmes. De façon presque mécanique, la défaite est dans sa genèse le produit de l’incapacité de l’armée française à faire face à cette percée inattendue et imprévue qui disloque entièrement une armée, ouvre une brèche qui ne cesse de s’élargir au fil des jours et conduit à l’encerclement du corps de bataille engagé en Belgique. L’absence de réserves importantes ou leur éloignement est une variable lourde ; mais pas la seule. Comment alors l’expliquer ?
38Là encore effets de doctrine et décisions organisationnelles semblent se conjuguer. L’incapacité de l’armée française à organiser et mettre en œuvre en temps voulu une contre-attaque à la hauteur de l’enjeu à la suite de la percée de Sedan renvoie une nouvelle fois à ces deux variables mais de manière difficilement dissociables ou, plus exactement interdépendantes. Les règles d’emploi privilégiant la bataille méthodique, l’établissement d’un front continu, la priorité accordée au « colmatage » préalable avant toute tentative de contre-attaque, ont des effets particulièrement lourds, à commencer par la lenteur dans la préparation et l’exécution des actions incompatible avec le rythme des opérations imposé par les Allemands. La confrontation de deux conceptions différentes de la guerre conduit à un déphasage temporel entre les deux adversaires qui ne cessera de s’accentuer. Et celle-ci entraîne à son tour une incapacité de réaction rapide aux initiatives allemandes et un décalage permanent et sans cesse croissant au fur et à mesure que la désorganisation gagne, les moyens diminuent, les liaisons se font plus difficiles et les armées commencent à se disloquer. |
| | | dhouliez Admin
Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006
| Sujet: Re: Le cas Gamelin Mer 15 Avr 2020 - 13:20 | |
| Vous avez une drôle de conception du résumé. Plutôt que "j'ai fait un résumé", il aurait été plus correct de dire "j'ai copié une partie de l'article, en mettant certaines phrases en gras". Vous prendrez ça comme une leçon d'épistémologie si ça vous chante. Et donc, vous avez l'impression que l'auteur considère que Gamelin est un nul (votre idée de départ, j'insiste un petit peu, parce que sinon, on pourrait se méprendre sur votre motivation), seul et unique responsable militaire de la défaite ? Je cite une phrase également, en "soulignant" au contraire ce que vous n'avez pas souligné... - Citation :
- L’absence de réserves importantes ou leur éloignement est une variable lourde ; mais pas la seule.
Le problème est que, visiblement, vous ne voulez pas que l'on étudie ces autres raisons... |
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