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 55e DI à Sedan

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Louis Capdeboscq
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyMer 13 Fév 2008 - 17:17

alain adam a écrit:
Juste une chose : N'oubliez pas les ordres de repli qui sont rapportés dans tous les temoignages .

Mais ils sont signés de qui, ces ordres ? Suspect
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyMer 13 Fév 2008 - 18:17

Louis Capdeboscq a écrit:
alain adam a écrit:
Juste une chose : N'oubliez pas les ordres de repli qui sont rapportés dans tous les temoignages .

Mais ils sont signés de qui, ces ordres ? Suspect

C'est la toute l'intringue du sujet ...
Pour moi il y eu plusieurs cas differents aboutissant au meme résultat :

1) le cas de réelle peur panique et la fuite sans ordre d'une position . A mon avis , cela ne concerne pas plus de 5% des cas . Comme vous l'avez souligné , en terme d'efficacité , les bombardements aeriens n'ont pas generé enormément de pertes humaines, mais , tres certainement on sappé le moral .

2) Le cas d'un effet de groupe . Des bouts d'unités disparates voyant leurs camarades fuir , se joignent a eux . Cela concerne encore moins de personnels , et en majeure partie des troupes situées encore plus en arriere que l'artillerie .

3 ) Le cas d'ordres émanant de l'ALCA . J'ai la confirmation pour un groupe d'artillerie, qui se replia en ordre et avec son materiel , il faut travailler au cas par cas pour les autres .

4) Des ordres donnés par des officiers n'ayant strictement rien a voir avec l'artillerie de corps ( par exemple de la 5e DLC ) . C'est le cas le plus generalisé .
" des ordres de repli émanants d'officiers ou sous officiers non identifiés" .
On sait que la 5e DLC s'est fait durement accrocher , et qu'il y eu le message transmis incitant a la confusion ( l'histoire des obus tombés qui furent pris pour des tirs de chars ), que certaines lignes telephoniques etaient coupées par les bombardements . Il s'agirait donc d'initiatives locales . J'ai du mal a y croire vraiment , mais je ne l'exclue pas , et cela relance l'importance de disposer d'un JMO precis de la 5e DLC .

5) Pourquoi ne pas imaginer de la desinformation allemande ? C'est tiré par les cheveux pour l'epoque , mais j'ai pu lire de "droles de rapports" , metant en scene des personnes qui etaient vaguement identifiées ( cela rejoint le 4e point ) , venant au contact d'unités en demandant s'ils avaient bien reçus les ordres de repli . A garder comme eventualité , mais ce genre d'actes me semble etre bien plus tardif durant la seconde guerre mondiale . D'un autre coté , si ces estafettes etaient réelles et bien françaises , c'est qu'il devait réellement y avoir des ordres de repli ...

Bref, il faudra s'armer de patience et de lectures supplémentaires ...

Alain
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyMer 13 Fév 2008 - 20:27

Bonsoir Alain,

Je vais rebondir sur le dernier point ci-dessus :
alain adam a écrit:
Louis Capdeboscq a écrit:

Mais ils sont signés de qui, ces ordres ? Suspect
5) Pourquoi ne pas imaginer de la desinformation allemande ? C'est tiré par les cheveux pour l'epoque , mais j'ai pu lire de "droles de rapports" , metant en scene des personnes qui etaient vaguement identifiées ( cela rejoint le 4e point ) , venant au contact d'unités en demandant s'ils avaient bien reçus les ordres de repli . A garder comme eventualité , mais ce genre d'actes me semble etre bien plus tardif durant la seconde guerre mondiale . D'un autre coté , si ces estafettes etaient réelles et bien françaises , c'est qu'il devait réellement y avoir des ordres de repli ...

En plus, ça fait un bon enchaînement avec l'extrait de Gamelin que j'ai posté plus haut dans le topic, car tout à la fin de son chapitre sur la Meuse, Gamelin disait lui aussi :
Gamelin a écrit:
Nous retrouvons ici le travail souterrain accompli dans la nation non seulement par ce qu'on appelle, depuis la révolution d'Espagne, la 5e colonne, mais par tout ce qui était d'avance défaitiste

Donc, il faut aussi aborder cet aspect des choses pour tenter d'éclaircir ce qui s'est réellement passé à Sedan ce jour-là, surtout en ce qui concerne l'interprétation de tous les divers journaux et rapports que l'on peut trouver à droite et à gauche. En effet Alain, il faut que tu gardes à l'esprit que, sans chercher à falsifier véritablement leurs témoignages, de nombreux témoins croient dur comme fer avoir vu ou fait des choses qui ne se sont pas obligatoirement déroulées comme elles sont rapportées. Quelqu'un qui s'est donné beaucoup de mal pour essayer de recouper les témoignages sur ces questions, c'est Crémieux-Brilhac (qui s'appuie aussi, bien entendu, sur de nombreuses enquêtes réalisées par d'autres). La suite n'est pas spécifiquement sur la 55e DI, mais ça illustre très bien ce dont on parle maintenant. Je vais en donner un extrait qui conclut un chapitre "des Français de l'an 40" consacré à ce qui s'est passé pas très loin de Sedan les 10 et 11 mai lors du déploiement français au Luxembourg :

Extrait a écrit:
Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Les Français de l'An 40, Tome II, Gallimard 1990, pages 558-560
[Luxembourg, 10 mai 1940 : aux prises avec la cinquième colonne]
_______________________________

De l'intoxication à l'autojustification
En moins de 24 heures, l'intervention déterminante de la cinquième colonne s'accrédite officiellement. Dès le 11 mai, une note d'information signée du général Prételat en répand la nouvelle dans la IVe Armée[1] :

La IIIe armée s'est heurtée, dès le franchissement de la frontière, à des éléments suspects déjà en place et utilisant des armes stockées par les Allemands grâce à des complicités locales.
Certains dépôts d'armes découverts par nos troupes paraissaient destinés également aux éléments réguliers ennemis débarqués d'avion.
Plus que jamais, il importe que l'attention de tous soit attirée sur une méthode déjà pratiquée en Norvège et en Pologne et qu'une surveillance stricte soit exercée dans toute la profondeur de la zone des armées sur les civils dont l'attitude peut être suspectée et qu'il conviendrait de mettre hors d'état de nuire à bref délai.


Quand le 11 mai au soir, il faut se replier sur la ligne Maginot, le mythe de la cinquième colonne au Luxembourg apporte non plus seulement une explication, mais une autojustification : consciemment ou inconsciemment, il sert d'alibi - pour ne pas dire de camouflage - aux insufisances et aux défaillances : car celles-ci, dans un tel climat d'insécurité, n'ont pas manqué. Si dans les secteurs centraux, les troupes se sont remarquablement comportées, comment taire que lors du franchissement de la frontière devant Differdange, le 10 au matin, les pelotons de sapeurs chargés de déblayer les obstructions Luxembourgeoises, en avant des fortifications françaises, ont fait défaut et que ce furent les cheminots et des ouvriers civils français et italiens qui frayèrent la voie aux motorisées[2] ? Qu'à l'est comme à l'ouest du front, les détachements français ont été paralysés ? Que, dès le 10, les Allemands ont enlevé en plen territoire français, près de Thionville, grâce à un coup de main hardi et longuement préparé, le piton du Stromberg où ils ont fait 180 prisonniers ? Enfin, que la chute de Longwy a été peu glorieuse : le 204e d'infanterie et des éléments du 227e ont vaillamment combattu, mais comment justifier qu'ailleurs des sections se soient débandées ? Comment expliquer que la chute de la position, vite encerclée et bientôt impossible à tenir, ait coûté à la 58e division 76 tués, dont 11 officiers, et 208 blessés, mais 452 disparus, c'est-à-dire 452 prisonniers ?

Tout compte fait, pourtant, l'échec français au Luxembourg et à Longwy, total et irrémédiable en l'espace de trente-six heures, a été dû beaucoup moins à la surprise, qui a été forte, ou à des défaillances locales qu'à des causes plus graves qui étaient des choix stratégiques du commandement : l'armée française s'étant laisser devancer sur la frontière même, il lui aurait fallu, pour agir dans le grand-duché, réunir des moyens autrement plus importants que les 15.000 hommes de la division Petiet, engagés par tronçons sur un front de 40 km. L'enjeu le méritait, mais cet enjeu, le commandement français ne l'avait pas perçu : dans un secteur jugé secondaire, il n'avait jamais envisagé plus qu'une action limitée de retardement. Il a, ainsi, sans même le soupçonner, laissé le Luxembourg et l'Ardenne ouverts aux blindés de Kleist qui fonçaient vers Sedan.

Du moins, cet échec si largement attribué à la cinquième colonne laissait à notre état-major bonne conscience. L'intervention de la cinquième colonne suffisait d'autre part à le justifier devant l'opinion publique : trois grands journaux parisiens furent autorisés à publier des comptes rendus terrifiants des combats au Luxembourg qui contribuèrent à répandre la psychose de la cinquième colonne dans les régiments montant en renfort et dans les populations du Nord[3]

L'intoxication persista une quinzaine de jours, propagée par l'incompréhensible ubiquité des troupes allemandes. Elle culmina avec le bulletin de renseignements diffusé le 24 mai à toutes les unités de la VIIe armée sous la signature du chef d'état-major du général Frère[4] : la crédulité y confine au délire. Quel a dû être le désarroi des rédacteurs pour ne pas se rendre compte que leurs "renseignements" étaient les plus propres à encourager l'esprit de panique :

Dans certains cas, l'ennemi a lancé, presque en même temps que le bombardement des premières lignes, des parachutistes dans les lignes d'arrêt. Les parachutistes se forment aussitôt en deux groupes :
- 1er groupe : armé de mitraillettes, tire dans le dos des défenseurs.
- 2e groupe : abandonnant les combinaisons de vols, les hommes apparaissent revêtus d'uniformes français (officiers, soldats) sans armes. Ils se répandent dans les arrières, batteries, etc., donnent des ordres de retraite et le signal du sauve-qui-peut.
Dans le cas ou le premier groupe est contre-attaqué, les servants de mitraillettes abandonnent leurs armes et opèrent comme les hommes du 2e groupe, cherchant à provoquer la panique.


Est-il besoin de le rappeler, les Allemands n'ont jamais employé de parachutistes au cours de la campagne de France.

___________________
1. SHAT 29N/197
2. Général Jouffrault, p. 31.
3. Voir l'article paru dans "le Matin", t.I p.547
4. SHAT 29N/362. La VIIe armée, qui revient en désordre de Hollande, a largement bénéficié des rumeurs véhiculées par les civils belges dans leur exode ; elle est spécialement accessible aux fables sur la cinquième colonne.

Note de la page 557 :
On ne relève pas un seul fait à la fois probant et précis sur l'action de la cinquième colonne dans les comptes rendus rédigés le soir même des opérations par les petites unités qui étaient pourtant les mieux placées pour observer et rendre compte. Si le journal de marche et d'opération de la division Petiet mentionne, à la date du 10 mai, l'arrestation de 25 civils suspects, rien n'indique que ceux-ci aient alors joué le moindre rôle et il est clair que 12 d'entre eux n'en ont joué aucun. Pas un document émanant de témoins occulaires ne fait état de la découverte d'un dépôt d'armes ou de l'arrestation de civils armés. La nouvelle, répandue dès le 10 ou le 11 mai, selon laquelle les premières vagues de soldats allemands étaient déjà sur place en civil et auraient revêtu à l'heure H des uniformes stockés dans la zone frontière, ne résiste pas à l'examen ; pas d'avantage, l'affirmation, lancée ultérieurement, selon laquelle un escadron du 3e RAM (régiment d'automitrailleuses) fit prisonnier à lui seul une douzaine de Luxembourgeois en civil, mais casqués et portant un brassard hitlérien.
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyJeu 14 Fév 2008 - 18:36

Bonjour,

Selon le témoignage du général von Schwerin patron du Grossdeutschland lors des évènements de Sedan, il n'y avait pas ou peu d'intoxication allemande, mais surtout un service de renseignements très efficace avant et pendant la bataille. Les Allemands n'attaquent pas n'importe ou, et ils connaissent bien les forces et les faiblesses des positions et unités françaises du secteur.

Cordialement
Eric DENIS

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Cordialement
Eric Denis
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MessageSujet: III/185e RALT dans le secteur de la 55e DI   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyVen 15 Fév 2008 - 16:20

extrait du JMO du 185° RALT, 1939-1940
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Par le Capitaine de réserve VALENTIN, adjoint au chef d’Escadron LIOUD , Commandant le 3ème groupe du 185ème RALT.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Ce rapport a été établi sur la demande de Monsieur le Colonel de LIOCOURT, commandant militaire du Cantal.
Dans une première partie, j’indique ce que j’ai vu personnellement ; dans seconde, certains détails provenant de diverses sources.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
1ère partie

Le 185ème RALT (Colonel VINCENS-BOUGUEREAU), formé à Pont- du château ( Puy-de-Dôme) par le CMA 313, armé de 155L Mle 1916, faisait partie de la RGA .
Il fut mis, dès son arrivée dans la zone des armées, à la disposition de la IIè Armée et ses 4 groupes répartis sur le front de cette armée.
Le 3ème groupe fut d’abord en position, d’octobre à décembre 1939, à la droite de cette armée, derrière le fort de Bréhain.
L’armée s’étant resserrée sur sa gauche, le groupe passa à l’extrême gauche de l’armée, à la disposition du Xè corps, et mit en position, le 16 janvier 1940, dans la région de Sedan, les 3 batteries en bordure de la route de Bulson à Haraucourt.
Les gros travaux de terrassement nécessaires pour établir les plateformes étaient, en pleine neige, difficilement camouflables et, malgré toutes les précautions prises, ne pouvaient échapper à la photographie aérienne.
Au début de Mai, les positions étaient établies comme suit plateformes creusées dans le remblai de la route, à l’abri des éclats, les 4 plateformes de chaque batterie se faisait en tranchées, abris de bombardement en sapes à 7m de profondeur, non encore tous réunis entre eux.
Les liaisons téléphoniques à l’intérieur du groupe et avec le groupement étaient établies en caniveaux.
Le PC du groupe était à la gauche de la batterie de gauche.
Le groupe avait construit un observatoire bétonné à Noyers Pont-Maugis, à 100m à l’est de celui de la 55è DI.
Au point de vue commandement, le groupe faisait partie d’un groupement dépendant du Colonel DOURZAL ( PC à Bulson) auquel il était relié directement.
Pendant la période de retardement de l’avance allemande et jusqu’au contact des infanteries, le groupe devait être momentanément rattaché directement à l’ALCA X (Colonel PONCELET, PC à Flaba).
Le groupe avait un officier de liaison auprès du Colonel PONCELET et un sous-officier de liaison auprès du Colonel DOURZAL.
Les postes de TSF avaient été mis à la disposition de l’ALCA, le groupe ne conservant qu’un poste récepteur.
Nous apprîmes le 10 Mai au matin par les émissions de TSF l’action allemande sur le Luxembourg.
Tout fut immédiatement préparé pour une occupation complète des batteries, dont nous reçûmes l’ordre le 11.
Les camions furent, selon les instructions reçues précédemment en cas d’alerte, renvoyés à notre CR, à Oches, où se trouvaient déjà nos tracteurs.
Seules furent conservées à proximité des batteries quelques voitures de liaison et une camionnette.
La journée du 11 se passa tranquillement à parachever notre installation sur les positions et à vérifier les consignes de tir.
J’allai à notre observation vérifier que tout y était prêt.
Des avions allemands avaient lancé quelques bombes sur Noyers.
Quelques fantassins avaient été tués.
J’examinai les points de chute pour me rendre compte de l’effet produit.
En terrain meuble, des entonnoirs analogues à ceux du 210 et sur la pierraille des traces à peines perceptibles.
Je ne vis aucun dégât important dans le village.
Vers 16 heures on apercevait de l’observatoire, dans la direction de l’est, des nuages denses de fumées et on percevait des bruits sourds de bombardement, sans pouvoir se rendre compte de la distance.

Le 12, à 11h50 nous recevions notre premier ordre de tir, de l’ALCA, sur un point de passage vers la frontière belge et nous tirions sur divers points analogues (route de la Chapelle à Bouillon) toute l’après-midi, après avoir effectué un réglage sur un but auxiliaire près de la Chapelle.
L’activité de l’aviation allemande commença à se manifester sur nos arrières dans l’après-midi et vers 16 heures un avion revenant de l’arrière lâcha quelques bombes sur notre batterie médiane qui fut aussi attaquée à la mitrailleuse.
Quelques balles atteignirent l’entrée d’un abri à gargousses et une caisse à gargousses fut incendiée.
Toute la nuit du 12 au 13 nous tirâmes en harcèlement sur des points de passage et des entretiens de destruction.

Dès le matin du 13, l’aviation ennemie se montra très active, bombardant les arrières et la zone des batteries et des observatoires.
Nos batteries furent attaquées à la bombe à plusieurs reprises et plusieurs bombes tombèrent à quelques mètres des pièces, sans aucun dégât sinon des coupures de la route aussitôt réparées. Cette activité intense de l’aviation se manifesta jusqu’à 17 heures.
Nous étions constamment survolés et obligés de tirer en pleine vue de l’aviation ennemie.
Nous n’aperçûmes pas un avion français, ni éclatements de DCA.
Nos propres mitrailleuses de défense contre avion étaient rendues illusoires par la soudaineté des attaques d’avions débouchant de rideaux d’arbres et par la vitesse des avions.
Pour obtenir un résultat, il eut fallu plusieurs nids de mitrailleuses faisant barrage sur un point fixe au dessus de la batterie du centre et tirant systématiquement dès le bruit du piqué.
Impossible d’utiliser des feux de mousqueterie, les hommes étant suffisamment occupés par le service des pièces et le ravitaillement en munitions.
Les tirs étaient en effet nombreux, soit commandés par l’ ALCA, soit sur objectifs signalés de notre observatoire.
Les principaux furent les suivants :
Vers 9h tirs sur des convois allemands vue de notre observatoire et débouchant de la Chapelle vers Givonne ;
Vers 12h tirs de concentration sur Saint-Menges que notre observatoire nous fit reporter en avant du village où il apercevait des chars ;
Vers 13h concentration sur Givonne et points de passage autour.
Vers 15h tir sur Donchery ;
Vers 17 h sur une concentration de chars sur la rive droite de la Meuse, en face d’Iges.
Depuis le début de nos tires, nous avions tiré environ 1.600 coups dans le groupe.
L’activité de l’aviation allemande diminuait, les ordres de tirs avaient cessé, nous étions sans nouvelles de notre observatoire dont la ligne était coupée, comme cela avait eu lieu à plusieurs reprises dans la journée. Nous paraissions jouir de l’accalmie des fins de journée de bataille.
Nous établîmes notre situation de munitions, ce qui demanda des vérifications avec les batteries en raison des tirs commandés, puis arrêtés en cours d’exécution pour des objectifs plus pressants, puis nous envoyâmes des ordres de ravitaillement en munitions à notre CR.

Notre impression à ce moment était que la journée avait été dure, du fait de l’activité de l’aviation ennemie, mais que nos hommes s’étaient très biens comportés au feu qu’ils voyaient pour la première fois.
Nous nous préparions à recevoir des ordres de tir et pour la nuit en les attendant nous décidâmes de dîner rapidement.
A ce moment (environ 18h30) notre sous-officier de liaison avec le groupement arriva à motocyclette.
Il venait vérifier si nous avions bien reçu l’ordre de repli immédiat de nos hommes vers l’arrière, l’ennemie étant à mois d’1km des positions avec les tanks.
Ce fut pour nous un étonnement complet, le groupe, installé le long d’une route parallèle au front, n’ayant aperçu aucun mouvement de repli.
Je téléphonai immédiatement au PC du groupement, puis l’ALCA, puis à l’observatoire.
Aucune réponse.
Notre sous-officier de liaison nous confirma que le PC du groupement à Bulson avait était abandonné, ce que nous vérifiâmes.
Nous pensâmes alors que quelques tanks légers allemands avaient réussi à franchir la Meuse et que le Commandement, n’ayant pas immédiatement sous la main les éléments de contre-attaque nécessaire, prévoyait un léger repli des hommes afin qu’ils ne soient pas tués sur place et puissent venir reprendre leur poste aussitôt après la contre-attaque, dans un délai de quelques heures.
Sur instructions du Chef d’Escadron LIOUD, commandant le groupe, je téléphonai alors aux batteries d’évacuer les positions et de se rendre en bon ordre à Chémery, à 4 km de Bulson en ajoutant que nous allions à l’ALCA à Flaba savoir ce qui se passait et que nous leur porterions des ordres à Chémery.
Ce mouvement se fit dans le plus grand ordre, les servants emportant appareils de pointage et niveau afin de rendre le matériel momentanément inutilisable.
Les culasses des pièces avaient-ils dévissés et enterrés.
Le chef d’escadron et les officiers de l’EM du groupe montèrent dans deux voitures de liaison pour se rendre à Flaba.
En passant au PC de la 55è DI, nous trouvâmes la route barrée.
Un colonel nous déclara qu’on défendait la lisière du bois et nous demanda d’arrêter là les fantassins qui se repliaient.
Nous lui expliquâmes que nos hommes avaient reçu l’ordre de se rendre à Chémery et que nous devions les y rejoindre après avoir vu le Colonel DOURSAL qui ne nous donna aucune indication.
Nous nous installâmes donc à cette lisière de bois avec quelques fantassins qui refluaient et qui ne savaient d’ailleurs indiquer où se trouvait l’ennemi.
On n’entendait aucun bruit de bataille, pas un coup de canon, ni de mitrailleuse, ni de fusil.
La nuit venue, vers 21h, n’entendant toujours rien, notre chef d’escadron poussa une reconnaissance vers Bulson où nous l’accompagnâmes avec un groupe de fantassins.
Bulson était entièrement vide.
Nous gagnâmes nos positions où nous espérions retrouver nos hommes, pensant que des ordres de rejoindre leur avaient été donnés par ailleurs. Il n’en était rien.
Sur la route d’Haraucourt à Bulson passèrent quelques chenillettes. Ayant reconnu leurs conducteurs comme français, nous leur demandâmes des renseignements. Ils n’avaient pas vu l’ennemi et savaient seulement qu’ils allaient prendre position à Bulson.
A 23h environ, ne voyant pas revenir nos hommes, nous nous allâmes à Bulson où le Colonel DOURSAL était revenu.
Après l’avoir vu, le Chef d’escadron nous emmena pour tâcher de retrouver nos hommes.
Au PC de la 55è DI nous ne trouvâmes plus de barrage et arrivâmes sans encombre à Chémery.

Par contre nous nous trouvâmes là au milieu d’un flot de soldats qui se repliaient par la route Chémery-Tannay.
Nous demandâmes aux gendarmes s’ils n’avaient vu les officiers et hommes du 185è RALT.
Ils nous répondirent qu’ils avaient ordre de faire écouler les troupes sur la sudiste route et que certainement nos hommes l’avaient prise aussi.
Nous nous engageâmes sur cette route et effectivement, tout près de Chémery, nous retrouvâmes notre détachement au complet.
Le Capitaine CRANNEY, qui commandait ce détachement, ne nous voyant pas arriver à Chémery, avait été au bureau de la place où aucun renseignement n’avait pu lui être donné et ramenait les hommes à notre CR à Oches, pensant que les ordres le toucheraient fatalement à cet endroit, où il retrouverait nos tracteurs.
Le chef d’escadron lui confirma l’ordre d’aller en effet à Oches où nous les précéderions pour mettre en route les tracteurs afin, suivant les circonstances, d’aller chercher nos pièces où de ramener nos hommes aux positions de batterie en camions.
La circulation sur la grande route étant extrêmement difficile en auto, nous prîmes la route d’Artaise le Vivier, pensant gagner Oches par Stonnes où on apercevait un incendie.
Cette route était effectivement à peu près libre et nous arrivâmes sans trop d’encombre mais assez lentement à cause de l’obscurité et des trous de bombes vers le Huttes d’ Ogny, à 2 Kms avant Stonnes.
Là nous fûmes arrêtés par quelques camionnettes dont les conducteurs nous indiquèrent que la route était barrée par des tirs de mitrailleuse provenant du bois voisin émanant de parachutistes et que du reste on ne pouvait pas passer à Stonnes, la route étant coupée par d’énormes trous de bombes entre des maisons en flamme.
Je m’approchai de la lisière du bois et fus accueilli par quelques rafales de mitraillette semblant assez rapprochée.
Un sous-officiers (du train m’a-t-il semblé) d’approcha de moi et me demanda de l’amener à la division où avait des renseignements urgents à porter.
Il nous indiqua que des patrouilles allemandes avaient été aperçues se dirigeant sur Stonnes.
Ce sous-officiers avait l’air très ému et peu sur de lui.
Je lui dis que notre voiture était au complet, mais il insista pour être emmené, nous disant qu’il connaissait bien la région et pourrait nous être utile par cette nuit obscure et nous l’emmenâmes accroupi dans notre coffre à bagages.
Devant ces indications nous fîmes demi-tour pour reprendre la route de Tannay.
En passant à Artaise le Vivier, nous nous trompâmes de route dans l’obscurité. Etant descendu de voiture pour me rendre compte du points où nous nous trouvions je demandai au sous-officier de nous indiquer le chemin qu’il avait dit connaître. Il ne put donner aucun renseignement.
Nous étant repérés, nous retrouvâmes le sous-officier conversant avec quelques fantassins et leur disant que les allemands avançaient en direction de Stonnes.
Nous croisâmes une colonne de tanks légers qui prenaient position dans les bois de la Base, puis nous arrivâmes à la grand-route de Tannay au petit jour.
Cette route était maintenant entièrement libre.
Quant au sous-officier du train il avait sauté de notre voiture, ce qui nous rendit sa conduite suspecte

Nous étions à Oches vers 5 heures.
Les officiers et hommes des batteries y arrivaient mais la CR était partie avec tous les véhicules : le Colonel PONCELET, commandant de l’ALCA, était en effet venu à Oches vers minuit et avait donné l’ordre à la CR de bivouaquer dans un bois aux environs.
Pendant qu’on s’occupait de faire rallier Oches par les tracteurs et les camions à personnel, le Chef d’escadron allait faire son rapport au Général DUHAUTOIS, commandant l’AIO.
Sur ordres de celui-ci de tâcher, si c’était possible, de retirer nos pièces, les tracteurs et les camions à personnel reçurent ordre de se mettre en route vers Flaba, cependant que le Chef d’escadron et moi-même partions à Flaba où le Général DUHAUTOIS nous avait dit que nous rencontrerions le Colonel PONCELET.
Effectivement celui-ci déclara au Chef d’escadron que les allemands occupaient nos positions depuis le matin 4 heures et donna l’ordre à toute le groupe de regagner Oches.
A 13 heures, le Colonel DOURZAL vint à Oches nous porter l’ordre d’aller bivouaquer dans le bois de Bolt, à environ 15 km au sud, où devait se regrouper tout le Xè corps.
Toute cette journée du 14, l’aviation ennemie manifesta une grande activité et de nombreuses bombes tombèrent à proximité des bivouacs ; en particulier les voitures d’une de nos batteries reçurent des bombes qui, bien que tombées entre les voitures ne causèrent que des dégâts insignifiants.

La bataille de Sedan était finie pour nous.
Quelques jours après, nous fûmes mis à la disposition du 18è corps et allâmes dans les bois de Consenvoye, au NO de verdun.
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyVen 15 Fév 2008 - 16:21

2ème Partie

Renseignement donnés par le Lieutenant JULLIARD, de notre groupe, actuellement prisonnier, et qui a passé la journée du 13 Mai à l’observatoire

Les colonnes de camions allemands ont été très bien vues dès leur débouché de la forêt de Sedan, sur la route de la Chapelle en particulier.
Les camions se suivaient de très près.
Les fantassins allemands ont été vus à plusieurs reprises essayant de déboucher des bosquets dans la région de Balan.
Les barrages d’artillerie les arrêtaient net et ils regagnaient leurs couverts, n’essayant pas de passer sous le barrage.
Dans l’après-midi, nouveaux essais : il n’y eut pas de barrage et les Allemands purent avancer.
Les Allemands procédaient par bonds successifs sur différents points, de la façon suivante : l’infanterie allemande lançait une fumée au point où elle voulait attaquer.
Dix minutes exactement après arrivait une escadre d’une trentaine de stukas qui en piqué bombardaient les positions d’infanterie puis les observatoires et enfin les batteries.
Vers 19 heures les Allemands, venant de Wadelincourt, arrivaient par le bois de la Marfée aux environs immédiats de l’observatoire, sans paraître gênés par des feux d’infanterie.
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Renseignements provenant d’une conférence faite au camp de Nurmberg (Oflag XIII B) par un capitaine d’engins anti-chars qui était arrivés le 13 au matin
et avait été mis à la disposition de la 55è DI.

Il avait à ce titre parcouru le front de la division ; de plus il avait recueilli des renseignements auprès des nombreux officiers prisonniers ayant pris part à cette action et dans les documents allemands.
L’attaque a été menée en particulier par le régiment GROSSGEUTCHLAND qui avait pendant un mois fait des manœuvres de répétition du passage de la Meuse à Sedan.
Chaque chef de section savait exactement le point qu’il devait attaquer et en avait un croquis détaillé.
Des spécialistes étaient désignés pour l’attaque des blockhaus et avaient un plan de cheminement défilé pour y parvenir et l’attaquer à la grenade.
Les pontonniers avaient également l’emplacement précis des ponts à jeter et les itinéraires et points de stationnement de leurs équipages. Le premier pont construit fut celui d’Iges, juste au SE4 du canal coupant la boucle de la Meuse.
Je crois me rappeler qu’il a été commencé à 17 heures et terminé à 17h35. D’autres ponts furent construits dans la nuit vers Balan et Bazeilles.
Les colonnes allemandes ont eu de nombreux embouteillages dans leur marche d’approche et la tête de colonne arrivait à Sedan alors que la queue n’avait pas encore quitté Coblents, son point de concentration.
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Renseignements provenant d’un article paru dans une revue militaire allemande
article écrit par un Felfwebel d’infanterie.

Dès l’arrivée à la frontière française on avait l’impression de la guerre : trous d’obus, voitures démolies. Givonne était infranchissable sous les tirs d’artillerie et le bataillon le contourna non sans éprouver des pertes.
Entre Givonne et Balan il fut à plusieurs reprises obligé de se retirer devant les barrages d’artillerie.
Le feldwebel raconte avoir vu les essais de passage de la Meuse en bateaux de caoutchouc et plusieurs furent coulés.
Deux cependant franchirent la Meuse avec une douzaine d’hommes, qui attaquèrent les blockhaus à la grenade.
Les autres blockhaus se rendirent en élevant des chiffons blancs.
Le bataillon ne put pas franchir la Meuse ce soir là et après avoir passé l’après-midi dans les terrains marécageux il alla coucher à Balan.
Le lendemain à l’aube la Meuse fut franchie sur des ponts et des bateaux. Il ne signale pas de résistance du côté français : quelques fantassins se rendaient, la plupart se repliaient.
Le bataillon arriva assez rapidement à Thélonne.

Aurillac le 27 Novembre 1941
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MessageSujet: 5e DLC   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyVen 15 Fév 2008 - 18:35

A noter qu'un historique de la 5e DLC est disponible sur ATF40 :
http://alain.adam.perso.cegetel.net/historiques/5eDLC.htm
Mais celui ci ne se prolonge pas sur la période qui nous interesse ( 13/14 mai ) , par contre on y trouve des informations assez precises , par exemple la liste des unités rattachées :

1. - Groupes de Reconnaissance (GR):

- 60e GRDI (de la 71e DI)

- 64e GRDI (de la 55e DI) chacun à 3 escadrons: 1er à cheval, 2e moto, 3e de Mi et engins (8 Mi et 2 canons de 25)

-12e GRCA (du Xe Corps), à 2 groupes:
- Ier à cheval, à 2 escadrons (1er et 2e) renforcés par des Mi, des mortiers et des canons de 25
- IIe, motorisé, à 2 escadrons: le 3e motocycliste, et le 4e de MI et engins (8 Mi, 1 mortier de 60 mm et 4 canons de 25)
matériel roulant: 22 voiturettes et 67 motos, remplaçant les side-cars prévus.

2. - Infanterie: Ier bataillon du 295e RI, de la 55e DI, et IIIe bataillon du 12e Zouaves, de la 3e DINA

3. - Génie: 3 compagnies et demie, du Xe Corps. Pour les destructions à opérer en territoire belge, et la pose de mines (57 dispositifs sur routes). Ces compagnies sont transportées en camions.


12e GRCA: Lt-colonel Crémière; capitaine Bouillard (adjoint), capitaine Simonin (renseignements), Lt Morhet (transmissions), Lt Plailly (officier des détails)
Escadron hors rang: capitaine Delacour
Ier groupe: commandant de Boissesson
1er escadron: Lt Dollais; pelotons Le Mas, Roche, Rivain, Mairesse, Zeutz d'Alnois
2e escadron: capitaine Lescot; pelotons Bonduelle, de Laurens, Gillette, Daumesnil
IIe groupe: commandant Mouton
3e escadron: capitaine Lebel; Lt Josset, Guillerie, Hachette
4e escadron: capitaine Desvergnes; Lt Marchand, de Montenit, Bourel.

60e GRDI: Lt-colonel du Passage
ler escadron: capitaine André; Lts Delisée, Laguette
2e escadron: capitaine Saulnier-Blache; Lt de la Morandière
3e escadron: capitaine Arthuys.

64e GRDI: Lt-colonel Mallet; capitaine Hallier, capitaine Girade, Lt Parouty, Lt Cornilleau (transmissions), Lt Bernier, Lt Barbier, Lt Monchicourt; médecin-Lt Devallée
1er escadron: capitaine Gerdes; Lt Gaullier, Benoist d'Azy, SLt Joffre, aspirant de Vansay
2e escadron: Lt Plotter; Lt Reverdy, Paulmier, aspirants Meyer, Lefèvre
3e escadron: Lt de la Rochetterie; Lt Berger, de Toulgoët, de Pommereau (groupe Mi), Garnier (canons de 25).
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyVen 15 Fév 2008 - 21:05

Louis Capdeboscq a écrit:

En ce qui concerne la dispersion des troupes, tu as raison j'ai sans doute exagéré. Si je résume, et sauf erreur de ma part, la 55e DI a 9 bataillons dans ses 3 régiments (un régiment est en réserve, mais il y a le 147e RIF que je compte dans le total) plus le 11e BM plus le GRD, donc 11 bataillons dont un est en réserve (en plus du 213e RI).

Bon imaginons une division a effectifs faibles donc dans les 14.000 hommes ( ça s'explique surtout par un RAMD au lieu d'un RAD et un RALD )
J'enleve un GR et un bataillon donc dans les 1600 hommes .
J'ote un régiment , mais je rajoute un petit régiment ( 147e ) et un bataillon de mitrailleurs .
Grosso modo , ça ne change rien aux effectifs .
1600/14000 c'est tout de meme plus proche de 10% que de 20% ...

Tranchons la poire en deux et disons 15 Wink

Alain
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyVen 15 Fév 2008 - 22:10

Intéressants les témoignages. J'ai relu un peu sur la bataille, et c'est un peu compliqué. Pour trier, il y a les éléments suivants (dans le désordre):

1. D'une part le caractère destructeur du bombardement. Tous les témoignages attestent que la position est dévastée, le matériel détruit. Alors évidemment, quand on a abandonné sa pièce on ne va pas raconter qu'elle était intacte, mais on trouve aussi ce genre de témoignages de la part de prisonniers qui ont résisté.

Si j'étais quelqu'un de bien je ferais un calcul pifométrique sur la quantité d'explosif que les défenseurs de Sedan se sont pris sur la figure: plus de 800 sorties si je me souviens bien ça fait beaucoup d'explosif, plus l'artillerie des assaillants qui a participé à la fête elle aussi (au minimum pour la 1. Pz, pour les autres il faudrait que je vérifie). Si on compare ça au secteur attaqué et au fait que ce volume de feu a été déversé en à peu près 6 heures à vue de nez on bat largement 1918 mais il faudrait faire le calcul et je n'ai pas le temps ce soir.

2. Les défenseurs sont un peu moins de 15.000 avec quelque chose comme 180 tubes d'artillerie. En face il y a 3 divisions à plein effectif plus le régiment GrossDeutschland plus les pionniers etc. Donc sur le front d'attaque on est largement à 4 contre 1 avec en plus une grosse supériorité en puissance de feu - je pense aux pièces AC et aux chars utilisés en tir direct. La 55e DI a aussi simplement été submergée.

3. Sur les fuites, il y en a de deux catégories. On retrouve pas mal de témoignages sur les fuyards venant des avant-postes. Pas dans les JMO évidemment mais les "vieilles" histoires des années 50 ou 60 sont pleines de ce genre de témoignages. Difficile de se faire une idée de l'ampleur du phénomène, si ça représente beaucoup de monde ou si c'est simplement la proportion à peu près inévitable à attendre dans ce genre de situation. Après tout, la 55e DI à Sedan ce n'est pas les paras allemands à Cassino !

Ensuite il y a les paniques apparemment sans fondement, comme celle de Bulson. Mais c'est peut-être une catégorie à part, et/ou ça a pu être instrumentalisé. A noter que sur le front de la 9e Armée il y a aussi beaucoup de cas de déroutes face aux chars allemands (et même parfois face aux chars français !). Evidemment, à chaque fois les fuyards ne disent pas "on s'enfuit sans ordres parce qu'on ne veut plus se battre", ils disent "on nous a dit de partir" et pour une bonne partie c'est même sans doute sincère: le type en plein combat, qui ne sait pas trop ce qui se passe mais qui sent bien que c'est chaud, s'il entend "on se replie !" il lui faudra des nerfs d'acier pour faire la différence entre un ordre légitime et quelqu'un qui craque. Dès que plusieurs personnes se mettent à suivre le mouvement, ça devient pratiquement surhumain de faire la part des choses.

J'en reviens un peu à ce que j'écrivais dans le fil "l'effondrement": les troupes françaises qui se débandent ne le font pas par manque de courage mais parce qu'elles sont confrontées à une situation qui est à la fois très stressante et à laquelle elles sont mal préparées. Voir aussi le nombre de témoignages où les futurs défenseurs de Sedan se disent incrédules de se retrouver jamais en première ligne: pour eux, il est clair qu'ils sont une unité de seconde zone sur un secteur sans grande importance, voir apparaître la crème de la Wehrmacht c'est à peu près aussi réaliste que de voir débouler les chars soviétiques à l'époque où je faisais mon service.
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyDim 16 Mar 2008 - 10:45

J'ai parcouru peut-être un peu rapidement ce fil, mais il me semble que l'on omet toujours de préciser la carence des positions défensives de la 55ème DI; notamment l'absence de tranchées aménagées comme en 1918: profondeur insuffisante, occupation résiduelle, un seul réseau de barbelés (ce qui est une anomalie flagrante), pas de liens suffisants avec les blocs anti-chars de la berge ouest. Les assaillants ont vraiment bénéficié de conditions très favorables. Avec les mêmes effectifs et le même armement, ils auraient échoué en 1918 contre une simple position de campagne...
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyDim 16 Mar 2008 - 14:25

Roy-Henry a écrit:
Avec les mêmes effectifs et le même armement, ils auraient échoué en 1918 contre une simple position de campagne...

Personnellement, je n'ai pas le temps de faire le calcul pour l'instant mais il me semble qu'en terme de densité de feu les moyens étaient très supérieurs à ce que les belligérants de 1918 pouvaient mettre en oeuvre.

Près d'un millier de sorties aériennes soit l'équivalent en tonnage d'explosifs d'un énorme bombardement, le tout en quelques heures, plus toutes les armes capables de prendre à partie les blocs en tir direct et d'établir une supériorité de feu (chars, canons anti-aériens etc), pour moi ça représente quelque chose de nouveau par rapport à 1918.

Maintenant, comparer la position de la 55e DI à Sedan avec une position défensive normale en 1918 serait un exercice intéressant. Attention, au passage, que la défense en profondeur n'entre dans les moeurs qu'au milieu de l'année: cf. la claque du Chemin des Dames.
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyLun 17 Mar 2008 - 8:55

Si on se réfère à une comparaison en tonnages d'explosifs, je ne crois pas que ce tonnage soit supérieur le 13 mai 1940 à la 1ère journée de bombardement des positions françaises en février 1916 à Verdun... Mais la comparaison serait intéressante, bien entendu. De plus, une bome de stuka me semble beaucoup moins destructrice qu'un obus de 77 ou de 155...

Même sans évoquer une deuxième ligne telle qu'elle existait en Champagne en juillet 1918, il convient de rappeler que nos "premières positions" comportaient dès 1915, 3 réseaux de tranchées qui communiquaient entre elles: la prise de la tranchée en 1ère ligne n'entraînait donc pas la chute de la position. Par contre, elle donnait toujours lieu à une contre-attaque pour réoccuper le réseau tombé au pouvoir de l'ennemi.

A Sedan, ce dispositif n'existait pas ou était à peine esquissé. De toute façon, la concentration des troupes était insuffisante pour permettre une contre-attaque locale immédiate. Et où étaient les trois réseaux de barbelés qui couvraient en général nos 1ère lignes (installées souvent de manière périlleuse sous le feu de l'ennemi ?).

Mon grand-père paternel, ancien combattant de 1918, avait discuté, après-guerre, avec un collègue de travail qui était à Sedan, le 13 mai. Il m'a toujours dit que nos positions en 1940 n'avaient pas respectées les normes de 14/18. Les blocs et la Meuse constituaient bien un obstacle anti-char, mais n'étaient pas de nature à bloquer une attaque d'infanterie...
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyMer 28 Avr 2010 - 22:46

Bonsoir,

Voici un extrait de l’Historique du 10ème Corps d’Armée 1939-1940
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Par le Général C. GRANDSARD
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1ère Partie :

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Mise en place du 10ème CA : Dispositif, Conception de la défense

Au début de la cocentration, la zone Chiers-Meuse a été occupée par la 71ème DI de série B, aux ordres du Corps d’Armée F (général Duffour), Corps d’Armée d’un type tout particulier, puisqu’il ne possède pas d’éléments organiques. Le commandement du général commandant le Corps d’Armée F s’étend également à l’est de la zone Chiers-Meuse, sur la tête de pont de Montmédy.

L’introduction du 10ème CA dans la position de résistance n’a pas pour origine une modification dans l’idée de manœuvre du commandement : il a seulement apparu opportun de relever le Corps d’Armée F par un autre normalement doté. Le 10ème CA, qui se trouvait en réserve de la II° Armée dans les arrières du Corps d’Armée F, avait en effet dû prçeter à celui-ci son groupe de reconnaissance, son régiment de pionniers et des organes de réparation de son Parc d’Artillerie.

La prise de commandement par le général commandant le 10ème CA a lieu le 12 octobre à midi à Buzancy, mais les troupes destinées à occuper la zone ne sont en place qu’à partir du 21 octobre.

A cette date le dispositif est le suivant :

La zone du 10èle CA comporte deux secteurs. Chaque secteur est tenu par une grande Unité, coiffant des éléments de renforcement.

a) Secteur de Mouzon : 71ème division – Q.G. Beaumout – P.C. avancé : bois de Villemontry – 136ème R.I.F.

b) Secteur de Sedan : 55èle Division – Q.G. Raucourt – P.C. avancé : Bulson – 147ème R.I.F. – II° Bataillon de Mitrailleurs.

Les régiments de forteresse sont déployés sur la ligne principale de résistance. Ils assurent en avant de cette ligne un barrage continu. Leur dispositif sur le terrain, qui a fait l’objet de reconnaissances approfondies en temps de paix et qui s’appuie sur des ouvrages permanents, constitue en quelque sorte l’ossature minimum de la position. Il est indépendant du dispositif d’occupation des troupes de renforcement, il est prescrit de ne le modifier en aucun cas. Les troupes de renforcement s’échelonnent en arrière dans la profondeur de la position (ordre général d’opération n°6 du 17/10 de la II° Armée).

Le commandement sera cependant organisé en profondeur dans chaque quartier, troupes de forteresse et troupes de campagne étant sous les ordres d’un même chef.

c) Réserves : un régiment d’infanterie fourni par la 55ème DI ; et les G.R. après repli.

d) L’artillerie de renforcement comporte : les éléments de forteresse du 99ème R.A.F. (2 groupes de 75) et du 169ème R.A.F. (3 batterie de 105L 13 et 1 batterie de 155L 18) et des éléments d’artillerie longue du 145ème R.A.L. (1 groupe de 105L 13) et du 185ème R.A.L. (1 groupe de 155L 16).

L’artillerie lourde longue constitue deux groupements adaptés à chacun des secteurs :

Secteur de Mouzon :

2 Batteries de position du 169ème R.A.F. (1 bie de 105L 13, 1bie de 155L 18).

1 groupe de 155L du 110ème R.A.L.H.

1 groupe de 105L 13 du 145ème R.A.L.T.

1 groupe de 155L 16 du 185ème R.A.L.T.

Secteur de Sedan :

2 groupe de 105L 13 du 110ème R.A.L.H.

1 groupe de 155L 17 du 110ème R.A.L.H.

2 batterie de 105L 13 de position du 169ème R.A.F.

e) Avancées : A la mobilisation les avancées ont été occupées par 3 compagnie de Frontaliers, de classes anciennes et 2 pelotons de G.R.M. Depuis le 16 octobre des unités de cavalerie destinées à une action éventuelle en Belgique sont placées entre la Meuse, La Chiers et la frontière. Elle comprennent :

- dans la région de Carignan, la 2ème Division de Cavalerie

- dans la région de Sedan, un groupement, dit « de Bouillon » avec le 12ème G.R.C.A. du 10° CA, le 60ème G.R.D.I. de la 71° DI, le 93ème G.R.D.I. de la 3° DINA, remplacé quelques jours après par le 64ème G.R.D.I. de la 55° DI.

La 2ème DC relève directement du général commandant l’Armée. Le groupement de Bouillon relève directement du général commandant le 10ème CA. La zone d’action de la 2ème DC déborde largement à droite la limite du 10ème CA ; la limite entre elle et le groupement de Bouillon ne coïncide pas avec les limites des secteurs tenus par les D.I.

La mission du 10ème CA est d’assurer l’intégrité de la position de résistance dans sa zone. Le général commandant le Corps d’Armée décide de faire porter son effort défensif :

a) sur les débouchés sud-ouest de Sedan vers la vallée de la Bar.

b) Sur les hauteurs de Vaux-les-Mouzon

D’une part, c’est là qu’aboutissent deux importants faisceaux routiers qui réunissent les itinéraires venant de Belgique et qui permettent à l’ennemi soit une arrivée rapide de moyens importants, suivis d’une attaque brusquée ; soit l’établissement d’importants systèmes d’artillerie permettant une attaque méthodique et puissante.

D’autre part, comme on l’a déjà vu :

- la région de Sedan est particulièrement favorable pour une tentative de passage de la Meuse ;

- la région de Carignan – Mouzon est celle qui permet à l’ennemi d’atteindre le plus rapidement possible la Meuse à travers la position du secteur de Mouzon.

L’ennemi sera pris par l’artillerie sur ses itinéraires d’accès, aux débouchés de la forêt des Ardennes et quand il abordera les destructions.

La défense sera organisée en profondeur ; à cet effet, il est prescrit :

… un barrage continu et dense sera réalisé devant la ligne principale …

… la défense sera organisée en profondeur jusqu’à la ligne d’arrêt devant laquelle, en tout état de cause, sera réalisé un barrage continu …

Dans le cas où l’ennemi pénétrerait dans la position de résistance, des contre-attaques seraient, après colmatage, exécutées en vue de rétablir l’intégrité de la position (ordre général d’opération n°6 du 14/10/39, II° armée) …

Précisant, en ce qui concerne, comment sera conçue l’organisation en profondeur de la P.R., le général commandant le 10ème CA prescrit ( ordre général d’opération n° 2 du 16/10/39, 10° CA et ordre général du 20 octobre) :

Dans toute la profondeur de la position, sur la ligne principale comme sur la ligne d’arrêt ou entre ces lignes, la défense sera organisée en points d’appui ou centre de résistance cerclés, capable de se défendre isolément même dépassés par l’infanterie et les chars ennemis. Les P.A. ou C.R. s’accrocheront par conséquent aux obstacles du terrain, bois, villages, etc.

En raison de la présence de la cavalerie, en avant de la P.R., en raison de la valeur de l’obstacle qui la couvre, cette P.R. ne peut se trouver en butte à une irruption subite de l’ennemi et cet ennemi, avant d’employer ses chars en masse, devra conquérir de vive force des passages sur la Meuse ou la Chiers.

Dans ces conditions, les réserves (annexe au plan de défense du 10° CA, 24/10/39) ne seront pas initialement réparties au profit de l’un et de l’autre des secteurs, mais placées en un dispositif articulé dans une position centrale qui leur permette, en une étape de nuit, dès que la zone d’attaque ennemie sera décelée, de se porter dans cette zone en arrière de la ligne d’arrêt en travers des principaux couloirs d’accès en question, soit de recevoir du général commandant la division intéressée une mission de colmatage et éventuellement de contre-attaque.

Les missions pour lesquelles les réserves doivent faire des reconnaissances sont données dans l’ordre ci-après :

1° Barrage de la trouée de la Bar ;

2° Renforcement du secteur de Mouzon dans sa partie centrale :

a) soit en rive est de la Meuse, région bois de Cernay, Vaux-les-Mouzon ;

b) soit sur la rive ouest de la Meuse de Petit-Remilly à Mouzon.

3° Renforcement du secteur de Sedan dans les directions : Bazeilles – Bulson ;

Remilly – Raucourt ;

A hauteur des bois de la Marfée et d’Angecourt ;

4° Renforcement du secteur de Mouzon dans sa partie est entre Vaux-les-Mouzon et Malandry.

La zone de rassemblement initial est choisie à une étape environ de la ligne d’arrêt, en position centrale, dans la région Raucourt-Artaise-Yoncq pour le régiment d’infanterie réservé.. Les groupes de reconnaissance doivent être regroupés, au sud, sur la ligne La Berlière-Sommauthe- Laneuville-sur-Meuse.

Avant l’arrivée de la cavalerie au nord de la Chiers et de la Meuse, la défense des avancées de la P.R. est confiée, nous l’avons vu, à 3 compagnies de frontaliers et un escadron à 2 pelotons de G.R.M. Ces éléments s’appuient à la ligne des maisons fortes. Leurs effectifs ne leur permettent, sur ce front de quarante kilomètres, ni défense continue, ni profondeur : ils ne sont là que pour alerter la P.R. et donner le temps aux troupes d’occupation de garnir la position. Aussi les maisons fortes doivent-elles tenir jusqu’à la mort.

La présence de cavalerie modifie la situation ; bien que ses effectifs ne soient pas considérables (la valeur de trente-trois escadrons pour une zone de cinquante kilomètres de large environ) elle peut porter la couverture sur la Semoy et chercher le renseignement au delà.

La manœuvre de la cavalerie et celle des frontaliers s’ajusteront.

Avant l’alerte, la cavalerie sera en cantonnement en arrière de la ligne des maisons fortes qui la couvrira et l’alertera si l’alerte n’est pas venue par le commandement.

A l’alerte la cavalerie gagnera la Smoy, y trouvera les frontaliers, les absorbera et , quand elle devra abandonner cette ligne, les libérera.

Il y a donc un ajustage très précis à faire entre les manœuvres de la cavalerie et des frontaliers. Il faudra aussi que la cavalerie couvre l’exécution des destructions et que les troupes en secteur appuient de leur artillerie la manœuvre de la cavalerie et assurent aux éléments de cavalerie le passage au sud de la Chiers et de la Meuse.

Cet ajustage sera compliqué du fait qu’il n’y a pas concordance entre les limites d’action des G.U. de cavalerie et les limites des zones d’action de G.U. en secteur.

A suivre (2° partie - Valeur de la défense au 21 octobre)

Cordialement
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyJeu 29 Avr 2010 - 22:25

Bonsoir,


2ème Partie :

Valeur de la défense le 21 octobre

La situation des grandes Unités subordonnées et celle des troupes de forteresse en secteur présentent les mêmes faiblesses.

A – 55ème et 71ème DI

1°) Personnel :

La 55ème et la 71ème DI sont de série B, uniquement composées de réservistes.

Tous les officiers, sauf les chefs de corps, sont de réserve. Qu’ils aient suivi les cours des Ecoles de perfectionnement ou qu’ils n’aient rien fait pour se tenir au courant de l’évolution militaire, les officiers (à part quelques exceptions) sont peu aptes au commandement. Les écoles de perfectionnement ont distribué, au prix d’un effort certes méritoire, une instruction théorique, sans connaissances pratiques, sans connaissances administratives, et surtout sans contact avec la troupe. Quelques officiers ont fait l’autre guerre et sont titulaires de belles citations ; mais ils ont vieilli dans leur grade et sont cristallisés dans les habitudes de 1918.

Dans l’ensemble, pas de connaissances pratiques, pas de désir de commander et de se faire obéir.

Les sous-officiers sont issus de la loi d’un an ; ils ont été nommés sous-officiers dans la réserve sans avoir exercé dans l’armée active un commandement supérieur à celui de caporal ou brigadier. Connaissant mal leur métier, ils n’osent ni ne veulent commander. Ils sont incapables de s’imposer à des hommes qui étaient leurs camarades, quelquefois leurs chefs, dans la vie civile. Ils n’ont aucun sentiment de leur responsabilité et les officiers, bien souvent, nepouvant rien en obtenir, s’adressent directement aux hommes plutôt que de travailler à former de bons sous-officiers.

Les hommes non plus n’ont aucune imprégnation militaire. Le service d’un an n’a laissé que des traces d’instruction, il n’a pas réussi à donner à l’homme un esprit militaire. Les cas de mauvaise volonté sont rares , mais l’ardeur au travail, à l’instruction, et le désir de se battre sont plus rares encore. La nonchalance est générale ; elle s’accompagne du sentiment que la France ne peut être battue, que l’Allemagne sera vaincue sans combat.

Dans l’infanterie, les hommes ont de trente à trente-deux ans, la valeur physique est bonne. Mais les hommes sont gras et lourds. L’instruction est à reprendre, elle est même complètement à faire pour les hommes en provenance d’autres armes : artillerie, marine, aviation …

Dans l’artillerie, les hommes sont plus agés. L’instruction est médiocre. A noter au 45ème RAD de la 55ème DI un déficit de 68 sous-officiers pour un effectif théorique de 278.

Cette appréciation de la valeur des unités des 55ème et 71ème DI découle directement des remarques et comptes rendus faits par les chefs de corps.

Est-elle pour surprendre ?

La situation, à la mobilisation des 55ème et 71ème DI ne leur est pas particulière ; elle est celle de toutes les divisions de série B et elle est bien connue du commandement. Quelques années avant la guerre, une expérience avait été faite de réunion dans un grand camp, pour une période d’instruction, de tous les éléments d’une division de cette série. Elle fut commandée par un chef hautement qualifié, manieur d’hommes remarquable, qui avait fait à cet égard ses preuves comme commandant de 1914 à 1918, successivement, des 91ème et 152ème RI, deux régiments qui se sont magnifiquement comportés : j’ai nommé le général Barrard. Bien que le silence eût été fait sur le résultat de cette expérience, toute l’armée croyait savoir qu’elle avait été absolument et entièrement décevante. Le général Gamelin, dans son livre Servir, rappelle comment, par ses notes du 12/10/1938 (n°853/D.N. 3) et du 26/10/38 (n° 936/D.N. 3), il appelle l’attention du gouvernement sur la nécessité d’améliorer au premier chef les unités de formation.

2°) Matériel :

a) L’armement de ces divisions de série B révèle la lenteur des fabrications du temps de paix. Si les armes automatiques sont au complet ; ayant pu être stockées depuis longtemps, l’armement antichars, que cependant les dotations théoriques ont fixé d’une manière parcimonieuse, est loin d’être complet.

Ni l’une, ni l’autre de ces divisions n’ont de compagnie divisionnaire antichars.

A la 71ème division, il manque 44 canons de 25 pour une dotation théorique de 52. On y supplée, dans une faible part, avec 14 canons de 37. La B.D.A.C. est armée de 75 au lieu de 47 ; bon canon, certes , mais qui doit être placé sur plateforme et n’a plus aucune mobilité.

A la 55ème division le déficit est encore plus important. Un seul canon de 25 (sans lunette de pointage) et 13 canons de 37 au lieu de 52 canons de 25. La B.D.A.C. n’existe pas.

Dans ces deux divisions, le matériel des régiments d’artillerie est au complet, mais il ne comporte organiquement qu’un seul groupe de 155C. Les groupes ont pour leur défense rapprochée des mitrailleuses type Saint-Etienne et des fusils-mitrailleurs 1915, armement incapable de participer efficacement à la lutte antiaérienne, soit à cause de son inaptitude au tir sous de grands angles, soit à cause d’une cadence de tir trop lente.

b) Matériel auto – Dans les division de série B, le matériel auto est organiquement réduit au minimum ; cependant, des déficits initiaux de 11% à la 55ème division , de 16% à la 71ème division, sont relevés par rapport aux dotations réglementaires. Le matériel existant, produit d’une réquisition qui a dû commencer par équiper des grandes unités à mobilisation plus rapide, est bien incapable de suppléer par sa qualité à ces déficits. De fait, en raison de la mauvaise qualité du matériel et en raison du service intense qu’on exigera de lui pour réaliser l’organisation de la position, l’état du matériel auto ira en empirant sans cesse.

c) Habillement – Bien que mis sur pied par des régions différentes, les déficits sont comparables dans les divisions et dans les E.O.C.A./10. les différents déficits sont pour la 55ème DI : chemises ?; brodequins 12% ; culottes 13% ; toiles de tentes 54%. Pour la 71ème DI : chemises 16%; brodequins 39% ; culottes 42% ; toiles de tentes 17%.

Les artilleurs de la 55ème DI sont en grande partie coiffés de casquettes.

Le déficit en couvertures est important dans les deux divisions.

3°) Chevaux

Les déficits en chevaux sont faibles, mais l’âge moyen des chevaux est élevé.

B – Eléments de renforcement

1°) Infanterie (136ème R.I.F., 147ème R.I.F.)

Ces deux régiments sont formés, comme tous les régiments de forteresse, par détriplement d’un bataillon du temps de paix. Par suite, ils ont un noyau important de cadres actifs et d’hommes du contingent.

L’armement de ces corps comporte un nombre d’armes automatiques et de canons antichars, correspondant à l’équipement des ouvrages à tenir. Mais là encore, un certain déficit apparaît en ce qui concerne les armes antichars.

Au 136ème RIF, les dotation théorique et les déficit sont :

Fusils-mitrailleurs : 162 / néant ;

Mitrailleuses : 144 / néant ;

Canons de 25 : 27 / 5 ;

Canons de 37 : 7 / 4 ;

Canons de 47 : 8 / néant ;

Mortiers de 81 : 21 / néant ;

Au 147ème RIF, les dotation théorique et les déficit sont :

Fusils-mitrailleurs : 126 / néant ;

Mitrailleuses : 135 / néant ;

Canons de 25 : 22 / 5 ;

Canons de 37 : 8 / 4 ;

Canons de 47 : 3 / néant ;

Mortiers de 81 : 27 / néant ;

Le matériel auto est complet, mais sans homogénéité. C’est ainsi qu’au 147ème RIF, on compte 50% de véhicules en bon état, 35 % dans un état médiocre, 15 % en mauvais état ou inutilisables.

IIème B.M. – Le IIème B.M. a été formé à la mobilisation. Sa dotation théorique d’armes automatiques est réalisée, mais il lui manque 6 sur 9 des canons de 25 prévus.

2°) Artillerie

Les matériels d’artillerie de renforcement : III/145ème RAL (145-155), II/185ème RAL (canons de 155L modèle 1916 tractés par véhicules anciens et très lents) sont complets.

Munitions – Pour toute l’artillerie, qu’elle soit organique ou de renforcement, les ordres prescrivent de n’avoir aux positions que 1,5 unité de feu en plus du plein des coffres. Cet approvisionnement est bien insuffisant pour mener un combat de quelque durée (l’unité de feu comprend par pièce de 75 :200 coups ; par pièce de 105L : 100 coups ; par pièce de155C : 75 coups ; par pièce de 155L de 75 à 100 suivant les types).

C – Quelle résistance peuvent offrir les troupes en secteur sur le terrain considéré ?

a) Alors qu’on admettait avant la guerre que la densité des armes automatiques devait être de 52 armes au kilomètre pour une position de résistance normale, on trouve :

- au secteur de Mouzon, 32 armes automatiques au kilomètre ;

au secteur de Sedan, 32 armes automatiques au kilomètre.

b) Si l’on rapproche le nombre des ouvrages bétonnés de celui des armes automatiques des troupes d’occupation, on fait les constatations suivantes :

Secteur de Mouzon – Moins du tiers des armes automatiques peut être abrité sous béton, 200 environ sur 670 (se décomposant comme suit : 136ème RIF, 306 armes ; 71ème DI pour 7 bataillons, les 2 autres bataillons étant en réserve : 364 armes automatiques).

Secteur de Sedan – Le huitième des armes automatiques seulement peut être abrité sous béton : 80 environ sur 647 (se décomposant comme suit : 147ème RIF, 261 ; IIème B.M., 74, 55ème DI : en admettant 6 bataillon en lignes, les 3 autres bataillons étant en réserve, 312).

Il est possible de ne pas relever que le secteur de Sedan est , de beaucoup, le plus pauvre.

c) En ce qui concerne l’armement antichars on trouve la densité linéaire suivante :

Secteur de Mouzon – 62 armes antichars (y compris les 6 canons de 75 de la BDAC de la 71ème division) sur 21 kilomètres de front, soit une densité linéaire kilométrique de 2,9.

Secteur de Sedan – 58 armes antichars pour 20 kilomètres de front, soit une densité linéaire kilométrique de 2,9.

d) La défense antiaérienne ne comporte, dans toute la zone du 10ème CA, pas une seule arme spécialisée. On s’efforce d’y suppléer dans l’infanterie, en disposant à côté de chaque emplacement de combat pour armes automatiques un emplacement pour tir antiaérien. Ce système n’a de valeur que si l’ennemi ne tente pas d’aborder la position puisque, à ce moment, toutes les armes automatiques doivent évidemment se réserver pour l’action contre l’infanterie ennemie. L’armement que possèdent les batteries d’artillerie pour leur défense rapprochée (fusils-mitrailleurs 1915, mitrailleuses Saint-Etienne type 1907) est impropre, on l’a vu, au tir antiaérien. Les organes de commandement ne disposent pas organiquement d’un armement antiaérien ; ils ne peuvent donc établir une défense antiaérienne des P.C. que par prélèvement sur l’armement des corps de troupe.

Armées d’une manière peu efficace contre l’aviation ennemie volant à base altitude, les troupes en secteur sont impuissantes contre les avions volant au-dessus de 1 200 à 1 500 mètres.

e) La densité d’artillerie est à peine celle qui était admise avant la guerre pour une défense sur grands fronts. Au total : 8 groupes de 75, 3 groupes de 105L ; 2 groupes de 155C ; 4 groupes de 155L , pour un front de 41 kilomètres. La faible quantité de 75, en particulier, donne à raison de 600 mètres par groupe, des possibilités de tir d’arrêt sur 4 800 mètres seulement sur 41 kilomètres de la zone Chiers-Meuse. La largeur de la zone ne permet pas des concentrations massives d’artillerie longue.

f) Les réserves sont peu importantes pour un front aussi étendu. Elles se composent d’un régiment d’infanterie à 3 bataillons qui devra être employé d’une manière d’autant plus diluée que l’attaque ennemie intéressera un front plus large, et du groupement de G.R. dont le regroupement au sud de la Meuse ne se fera pas sans difficultés.

De ces diverses constatations, il résulte que la position, telle qu’elle est organisée et occupée le 21 octobre, présente une faible valeur défensive :

- contre une attaque (bien improbable d’ailleurs) qui serait menée sans engins blindés : faible densité d’armes automatiques, insuffisance de protection de ces armes, faible densité de l’artillerie ;

- Contre une attaque menée avec le concours d’engins blindés, la situation serait plus grave encore : la Meuse et la Chiers ne sont pas infranchissables et la densité réalisée de trois armes antichars au kilomètre ne correspond pas au dixième des armes nécessaires pour arrêter une telle attaque. Les études allemandes sur l’emploi des chars envisagent une densité de 100 chars au kilomètre. Que pèseraient, devant ces 100 chars , 3 armes antichars réparties sur une profondeur de quelque 2 kilomètres ?

Enfin, que l’attaque soit appuyée par une intense action d’aviation contre laquelle les troupes sont impuissantes, et la position risque de céder rapidement.

Il faudrait, pour tenir dans ces conditions, une troupe parfaitement instruite, connaissant à fond l’emploi de ses armes, ayant un moral élevé et la volonté de se battre ; les cadres et la troupe des unités en secteur ne montrent pas, on l’a vu, les qualités qui seraient nécessaires.

En avant de la P.R., l’action de la cavalerie se heurte à de grosses difficultés. Celles qui résultent de la complexité de la manœuvre seront résolues avec le temps. Mais la faiblesse des effectifs en regard de la largeur de la zone d’action, le manque de blindés et de moyens antichars – le groupement de Bouillon a en tout 4 canons de 25 et 1 canon de 37 pour une zone d’action d’environ 22 kilomètres de largeur – ne permettent pas d’espérer, dans les meilleurs conditions, que cette cavalerie puisse infliger à l’ennemi des pertes et un ralentissement importants et obligent à craindre, au contraire, qu’elle ne subisse elle-même des pertes sensibles.

En revanche, on peut faire fond sur la solidité de la troupe, même les G.R., et son aptitude manœuvrière, au moins en ce qui concerne la 2ème D.C.

Enfin, ni l’armée ni le corps d’armée ne possèdent d’aviation de combat susceptible d’aller attaquer au loin des colonnes ennemies prétendant traverser les Ardennes.

Ainsi, la situation est, dans son ensemble, précaire dans l’hypothèse d’une attaque ennemie.

Renforcer la position par des travaux de campagne et de bétonnage et par la création de bretelles ; instruire les troupes, compléter l’armement et les matériels de toute nature ; régler les points délicats de la manœuvre de la cavalerie ; mettre au point l’application du Plan de défense, les hypothèses et les études de renforcement par des grandes unités supplémentaires : tels sont les buts à échéance plus ou moins lointaine que se fixe le commandement aussitôt que le dispositif se trouve réalisé.

A suivre (3° partie : Evolution du plan de défense de la position de résistance.).

Cordialement
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptySam 1 Mai 2010 - 17:04

Bonjour,

3ème partie :

Evolution du plan de défense de la position de résistance


3ème Partie :

Evolution du plan de défense de la position de résistance.

A - Etudes du renforcement de la zone

Dès janvier 1940, le commandant envisage l’intervention éventuelle d’une troisième division :

- soit pour renforcement, en venant occuper au centre de la zone un secteur limité à l’est par la ligne Sachy (exclu) – lombut (exclu) – Latruche (exclu) – mouzon (inclus) et à l’ouest par la ligne Pont-Maugis (inclus) – Noyer (exclu) – Thélonne (inclus) - Bulson (exclu). Dans cette zone se trouvent au mois d’octobre, le R.I. de droite de la 55ème D.I. (sous-secteur d’Angécourt) et le R.I. de gauche de la 71ème D.I. (sous-secteur d’Amblimont) ;
- soit pour l’occupation de bretelles : bretelle de la Meuse entre Petit-Remilly et Inor, libérant ainsi les éléments de la 71ème D.I. (2 bataillons) qui en tiennent les points principaux : bretelle Donchery – Vendresse, assurant le barrage de la vallée de la Bar et la liaison avec la deuxième position dans le secteur du corps d’armée voisin ;
- soit pour contre-attaques.

L’introduction d’une troisième division dans la zone aurait des conséquences heureuses en étoffant un peu l’occupation de la position de résistance.
En fonction de son idée essentielle de manœuvre, qui est de porter son effort, d’une part dans la région sud-ouest de Sedan, d’autre part sur l’axe Carignan – Mouzon, le général commandant le 10ème C.A. règle ainsi son dispositif éventuel.
La division de gauche récupérera les éléments initialement placé dans le secteur cédé à la division du centre (E.M. de R.I., 1 bataillon d’infanterie, E.M., Cie F.V. et engins, 2 C.M. du IIème B.M., 1 groupe d’artillerie, le III/45). La densité de ses armes automatiques se trouvera portée à 42 armes automatiques au kilomètre environ.
Elle pourra maintenir un R.I. en réserve de corps d’armée, qui sera d’ailleurs placé de manière à pouvoir intervenir rapidement à son profit en cas de besoin.
La division de droite récupérera un régiment. En raison de son éloignement du P.C. du corps d’armée et de la difficulté de faire passer des réserves d’une rive à l’autre de la Meuse, ce R.I. sera laisse à la D.I., avec obligation de ne pas le mettre en secteur et de placer ses gros au nord de la Meuse.
La division du centre, dont le secteur est le moins exposé, relèvera simplement avec deux R.I. les deux R.I. déjà en place et elle mettra un R.I. en réserve de corps d’armée, en mesure d’intervenir rapidement soit à son profit,
Soit au profit de la D.I. de gauche, ou bien encore, avec un délai un peu plus long, au profit de la D.I. de droite.
Le bénéfice serait donc sensible : renforcement de la densité du secteur de Sedan ; augmentation importante des réserves. En revanche, en raison de l’étendue des fronts, l’augmentation de la densité des armes antichars est insignifiante (1/2 arme au kilomètre pour la 55ème D.I.).
Dans le nouveau secteur de Sedan, dont le front serait ramené à 14 kilomètres, trois sous-secteurs seront organisés, correspondant aux trois zones de terrain bien caractéristiques : vallée de la Bar, massif de la Croix-Piot, région Fresnois, Wadelincourt, La Marfée. La création d’un P.C. pour le nouveau troisième sous-secteur est étudiée et réalisée.

L’emploi des réserves du corps d’armée est ainsi précisé :

Le régiment A serait regroupé en cas d’alerte dans la région Chémery (EM et 1 bataillon), Maisoncelle-et-Villers (1 bataillon), Artaise-le-Vivier (1 bataillon) à portée immédiate de la D.I. de gauche sur laquelle le R.I. est prélevé ; le régiment B, dans la région La Besace, bois de Raucourt (1 bataillon), Yoncq et bois de Yoncq (1 bataillon), La Bagnolle, Franclieu et bois au sud (1 bataillon), à portée immédiate de la division du centre sur laquelle le R.I. est prélevé, et de la D.I. de gauche.
Le G.R.C.A., après la fin de sa mission en Belgique serait au repos, mais prêt à être alerté, dans la zone des Grandes-Armoises, La Berlière.
Le régiment A aurait en première urgence à barrer la trouée de la Bar, en deuxième urgence la direction Pont-Maugis, Bulson.
Le régiment B devrait :
- soit renforcer la bretelle de la Meuse de Petit-Remilly à la ferme Givodeau ;
- soit barrer la valée de l’Ennemane ;
- soit intervenir en colmatage de la ligne d’arrêt dans la région de Vaux-lès-Mouzon.

Toutes ces dispositions sont codifiées par une annexe au plan de défense du 10ème C.A. (321/3 du 29 janvier 1940 et 691/3 du 3mars). Elles donnent lieu à l’établissement par la 3ème D.I.N.A., à ce moment division de réserve d’armée, d’un ordre de défense qui approuvé par le commandement du C.A. Des travaux sont entrepris par cette division pour l’installation de l’artillerie et pour la construction d’un P.C. de D.I. (route Raucourt – Autrecourt, à environ 1 kilomètre nord-est de Raucourt).
Au mois d’avril, sur les plateaux au sud de Sedan, un exercice de cadres de C.A., poussé dans le détail, étudie les modalités d’une contre-attaque menée par une D.C.R. et deux divisions réservées pour chasser après colmatage les éléments blindés ennemis du plateau de Bulson entre Bar et Ennemane.
Il fait ressortir l’intérêt que représente, pour arrêter une avance ennemie, la ligne bois de la Minière – cote 311 (hauteur entièrement boisée) – bois de Haye et bois du Rond-Caillou, déjà envisagée comme première ligne à atteindre par les réserves du C.A. et base de départ de contre-attaque.
Le général commandant la IIème Armée est venu assister à cet exercice et l’a entièrement approuvé.
Aux effectifs près, c’est la contre-attaque qui sera prescrite par le commandant du 10ème C.A. dans la nuit du 13 au 14 mai.
On prévoit enfin l’emploi d’une division réservée (1ère D.I.C.) qui serait mise à la disposition du 10ème C.A. pour :

a) occuper la bretelle La Ferté – Inor – Sommauthe dans sa portion situé à l’ouest de la Meuse.
b) Contre-attaquer, en partant de cette bretelle supposée tenue, en vue de reprendre les hauteurs nord-ouest de Beaumont (278, La Harnoterie, La Thibaudine).

B – Modifications réalisées ou projetées au plan de défense.

I – Conduite de la défense :

1) Une note de la IIème Armée du 14 novembre prescrit de réaliser partout où l’obstacle antichars existe, un allégement du dispositif des armes antichars de première ligne, en vue d’en augmenter la densité dans la profondeur de la position ; ces prescriptions modifient dans ce qu’elle avaient de trop absolu les prescriptions antérieures qui interdisaient toutes modifications au dispositif des troupes de forteresse ;
2) Une annexe 4 du 14 novembre au plan de défense de la IIème Armée traite de la manœuvre des plans de feu de l’infanterie. Les mitrailleuses des ouvrages ne doivent pas être confinées dans l’eécution de leur mission de flanquement de l’obstacle, elles doivent également au besoin, en sortant momentanément des blockhaus, participer aux barrages contre avions volant bas et retarder par des feux lointains le resserement du contact avec la P.R. Les F.M. doivent faire l’objet des mêmes dispositions dans la mesure de leur portée utile.
Prescriptions judicieuses certainement, mais qui ne peuvent apporter qu’un bien faible palliatif au manque d’armes spécialisées de défense aérienne ; car, si les armes automatiques de l’infanterie, destinées à la lutte à terre peuvent également être employées contre l’aviation volant bas (et celle-ci seulement), elles ne peuvent au même moment tirer contre l’ennemi à terre et contre l’ennemi aérien. Or, l’ennemi attaquera à terre sous la protection concomitante de son aviation ;
3) Le plan de défense du 22 décembre de la IIème Armée prescrit une organisation en profondeur des secteurs qui obligera à relever une partie des troupes de forteresse sur la ligne principale de résistance par des troupes de campagne : ces dispositions sont confirmées par une note du 15 mars prescrivant d’organiser, pour leur permettre de poursuivre leur instruction, la relève par unités constituées des troupe de forteresse.

II – Tracé de la position :

a) La ligne principale de résistance à l’ouest de Sedan où elle forme ce que l’on appelle le champignon de Glaire-et-Villette présente des inconvénients.
Une solution plus économique consisterait à reporter la ligne principale sur la ligne Bellevue – Wadelincourt qui coupe le champignon. On y disposerait de bons observatoires pour l’appui par l’artillerie et on éviterait les actions d’enfilade qui menacent actuellement les éléments du champignon. D’autre part, on diminuerait la profondeur de la position qui oblige actuellemnt soit à échelonner les unités sur trois lignes distinctes (ligne principale, ligne intermédiaire, ligne d’arrêt), soit à répartir le commandement en deux échelons successifs, l’un sur le canal, l’autre englobant la ligne intermédiaire et la ligne d’arrêt.
On décida donc, dès le mois de novembre, d’équiper la ligne Bellevue – Wadelincourt pour qu’elle puisse jouer le rôle de ligne principale de résistance ; en particulier est entreprise la création d’un fossé antichars et de trois nouveaux blockhaus bétonnés. Mais, au mois de mai ces travaux ne sont pas terminés et la ligne de résistance est toujours au champignon.
b) Dès la fin de l’automne et après une inspection de général en chef, a pris naissance un projet relatif à la création d’une ligne d’avant-poste fortifiés englobant la ville de Sedan. Elle aurait pour objet d’obliger l’ennemi à une attaque pour s’emparer de Sedan et ainsi de le priver le plus longtemps possible des facilités de franchissement que lui offrirait la ville. Le tracé de cette ligne serait jalonné par Glaire-et-Villette, monument de Floing, cote 244, Vieux-Camp, contre-pente de la cote 206, partie nord de Balan ; on y prévoit la construction d’une vingtaine de blocs bétonnés.
Les avantages de cette ligne sont incontestables ; malgré quelque difficultés, son appui par l’artillerie est réalisable. Mais son établissement et sa défense présentent deux objections pour le moment insurmontables.
D’autre part, aucune troupe n’est disponible sur une position déjà insuffisamment garnie pour occuper cette nouvelle ligne.
c) On a vu que, dans son plan de défense, le commandant de la IIème Armée avait prescrit l’établissement de deux barrages de feux continus, l’un suivant la ligne principale de résistance (ou lisière extérieure de la position), l’autre suivant la ligne d’arrêt (ou limite arrière de cette position) ; conception classique et réglementaire. Elle était entièrement justifiée en ce qui concerne la ligne principale de résistance ; dans le secteur de Sedan, en particulier, couvert par la Meuse, sur la surface de laquelle s’appliquait le barrage, les chars ennemis ne pouvaient franchir la rivière qu’après que l’infanterie y eût conquis, sur la rive sud, une tête de pont suffisante ; il fallait, avant tout, interdite le passage de l’infanterie et le barrage continu s’imposait.

Les reconnaissances faites dès le début de l’occupation de la zone par le commandant du C.A. l’amenèrent à constater que, dans le secteur de Sedan, la ligne d’arrêt ne s’appuyait à aucun obstacle : les bois qu’elle traversait étaient clairsemés et sillonnés de nombreux couloirs ; et elle laissait derrière elle, à quelques centaines de mètres les hauteurs de la Boulette et de la Marfé dont les pentes étaient suffisamment raides pour que les chars ne puissent les gravir et même pour que des chars parvenus à leur pied ne puissent atteindre la crête de leur feu.

Aussi, le commandant du C.A. décida-t-il de reporter sur ces hauteurs la ligne d’arrêt du secteur de Sedan. Il ne lui échappa pas que l’augmentation de la profondeur qui en résultait, combinée avec la création, dans cette profondeur, de points d’appui ou centres de résistance entièrement cerclés risquait, par manque d’effectifs, de compromettre la continuité du barrage de la ligne d’arrêt ; mais s’il fallait choisir, il choisissait la conception des points d’appui cerclés échelonnés dans la profondeur jusqu’à l’obstacle.

Le général commandant la IIème Armée, sans s’opposer à la création de points d’appui fermés, n’admit pas le report en arrière de la ligne d’arrêt du secteur de Sedan qui resta ainsi en avant du pied des hauteurs, sans obstacle naturel pour la couvrir. Il en résulta en outre que ces hauteurs, qui donnent des vues étendues sur tout l’arrière du secteur de Sedan, n’étaient pas englobées dans la position de résistance et ne purent être occupées que par des observatoires d’artillerie.

III – Dispositif :

En avril, la 71ème D.I. tout entière est remplacée sur la position dans le secteur de Mouzon, par la 3ème D.I.N.A. pour être mise en réserve de la IIème Armée. C’est donc à la 71ème D.I. qu’il appartiendra, s’il y a lieu, de renforcer le 10ème C.A. à la place de la 3ème D.I.N.A. (tant qu’elle sera à la disposition de la IIème Armée. Elle doit, en effet, être envoyée en Lorraine pour y tenir un secteur). La 71ème D.I. laisse d’ailleurs en secteur, outre son G.R.D.I. qui fait partie du groupement des G.R. aux ordres du général commandant la 5ème D.L.C., deux compagnies de sapeurs-mineurs, ses équipes spécialisées de bétonnage, le 205ème R.I. qui est appliqué à l’organisation de la bretelle Donchery – Omont et deux batteries de 75 (du II/38) maintenus en déploiement avancé. La 71ème D.I. prend connaissance du dossier antérieurement établi par la 3ème D.I.N.A.
Ces relèves n’affectent pas l’assiette générale du dispositif, mais l’introduction de la 3ème D.I.N.A., division de série A de très bonne valeur, à l’armement presque complet, augmente la capacité de résistance dans la partie de la zone qu’elle occupe. Par contre, en cas de renforcement par une division réservée, l’appoint de la 71ème D.I. sera moins efficace que ne l’aurait été celui de la 3ème D.I.N.A.
Au milieu d’avril, l’artillerie de la 71ème D.I. monte en ligne dans le secteur qui serait éventuellement celui de la division.

Cordialement
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyLun 24 Mai 2010 - 1:36

Bonsoir,

voici ce qu'écrit le Général C. GRANDSARD sur :

Le Renforcement de l’organisation du terrain et mise en condition des troupes.

Cette partie sera découpée de la manière suivante :
I LES TRAVAUX

1ère partie : les travaux sur la position de résistance ;

2ème partie : les travaux sur les arrières

3ème partie : en avant de la position de résistance ;

II MISE EN CONDITION DES TROUPES

1ère partie : instruction et entraînement

2ème partie l’action sur le moral

3ème partie organisation des unités

Général C. GRANDSARD a écrit:

La mise en condition des troupes s’impose. Il faut développer leur aptitude au combat au quadruple point de vue : moral, physique, technique et matériel.
Les bases de cette mise en condition seront :
- L’amélioration du moral de la troupe : faire de l’homme un combattant, créer la cohésion des unités ;
- Le développement de son instruction technique et de son entraînement physique, qui vont de pair, et dont la qualité réagira profondément sur la valeur morale du combattant ;
- L’amélioration de l’encadrement des unités et de leur dotation en matériel.
Travaux et instruction, ces deux questions sont intimement liées puisque, à part l’instruction spéciale concernant les travaux de campagne, le temps passé aux travaux était perdu pour l’instruction et inversement. Le commandement s’est efforcé de mener simultanément les deux besognes et il ne pouvait évidemment faire autrement. Etant donné le peu d’instruction des troupes des E.O.C.A./10 et des 55ème et 71ème D.I. et la faiblesse de l’organisation des secteurs, il eût fallu, pour venir à bout de ces tâches avant le printemps, un double jeu de division, les unes s’instruisant, les autres travaillant.
C’est ce que fait ressortir le compte rendu adressé le 11 avril 1940 par le général commandant la IIème Armée.
« Les moyens dont dispose la IIème Armée pour un front de 80 kilomètres et une profondeur presque égale ne lui permettent pas d’assurer concurremment dans de bonnes conditions l’exécution des travaux et l’instruction des troupes. Pour y parvenir, il serait nécessaire que la IIème Armée disposât d’un plus grand nombre de division. »
Dès le début, d’ailleurs, le général commandant le 10ème C.A. avait souligné l’intérêt qu’il y aurait à donner l’instruction par grandes Unités constituées, ce qui permettrait également, par relève, d’appliquer les troupes aux travaux sans servitude d’instruction.

I – TRAVAUX

1) Sur la position de résistance :
Deux types de travaux se distingue, les travaux de bétonnage et les travaux de campagne (emplacements d’armes automatiques, tranchées, boyaux, abris …).

a) Travaux de bétonnage. – Un plan de construction d’ouvrages bétonnés fut entrepris dès le début de novembre. On se proposait de renforcer la position de résistance pour obtenir :
- un flanquement complet de l’obstacle antichars et un réseau de fil de fer en avant de la ligne principale de résistance, d’une part, et en avant de la ligne d’arrêt d’autre part ;
- un ou plusieurs barrages intermédiaires dans les zones sensibles.
Ce plan aboutissait, le 25 novembre, après diverses études et controverses à un premier programme devant porter la densité moyenne des blockhaus de 3 à 6,5 au kilomètre environ. Ce programme prévoyait la construction de 115 ouvrages de types standardisés variant de 100 à 450 mètres cubes : 66 ouvrages destinés au secteur de Sedan, le plus pauvre ; 49 au secteur de mouzon.
Ils représentent un cubage d’environ 22 000 mètres cubes, nécessitant 45 000 tonnes de matériaux.
A part les bois de coffrage dont une partie pouvait être faite et livrée dans la zone du C.A., les matériaux nécessaires devaient venir de l’arrière. Ils comprenaient du sable, des cailloux, du ciment et des fers ; ils arrivaient par voie ferrée ou par voie d’eau, d’où la nécessité d’équiper les gares d’eau de Sedan, de Mouzon et de Stenay avec des engins de déchargement appropriés. Le transport de ces matériaux imposait de nombreuses manutentions et l’emploi d’un personnel et d’un matériel considérables. Arrivés à la gare, les matériaux étaient chargés sur camions, mais il fallait les décharger sur place pour les recharger sur camions, quand les arrivages ne correspondaient pas à la capacité des camions, afin de libérer les wagons ; ils étaient ensuite transportés et déchargés au chantier ; bien souvent, quand le chantier n’était pas en bordure d’une route, il était nécessaire de les recharger sur voitures hippo ou sur wagonnets de voie de 0,60 m. On a été amené progressivement à établir 4 kilomètres de voie de 0,60 m, tout ce dont on a pu disposer, et 4 téléfériques. Les véhicules hippos employés faisaient au total 50 tonnes (dont 15 tonnes de véhicules organiques de 35 tonnes de renforcement) donnant approximativement une capacité journalière de100 tonnes. Les véhicules autos faisaient 180 tonnes donnant une capacité journalière de 540 tonnes environ. Les ordres prescrivent d’utiliser ce matériel à plein « en profitant de toute la longueur de la journée ».
Pour la construction des ouvrages, des équipes furent constituées, comprenant une quinzaine de spécialistes en ciment et en bois de 70 à 80 auxiliaires et composées indifféremment de sapeurs ou de fantassins.
Il fallait enfin des matériels spéciaux, bétonnières, appareils de damage à compresseurs, tonnes à eau. On en a trouvé sur le pays. Quelques-uns vinrent de l’arrière. Mais on n’eut jamais le nombre qui eût été nécessaire (24 bétonnières au lieu de 30, 3 appareils de damage au lieu de 16).
Les travaux commencèrent le 5 décembre et furent poussés avec toute l’activité possible malgré la pluie et le froid. Pratiquement, c’est l’arrivé des matériaux qui régla leur avance. Le froid ralentit considérablement cette arrivée par suite de l’arrêt complet du trafic des canaux et de la gêne qu’il apporta à la marche des trains, des camions et des voitures hippos.
A la date du 10 janvier, 9 800 tonnes sont arrivées. Fin mars :
- 34 000 tonnes sont arrivées ;
- 22 ouvrages dans le secteur de Sedan, 14 ouvrages dans le secteur de Mouzon sont terminés quant au bétonnage ;
- 16 autres sont en train.
Au début de mai, 54 ouvrages sont terminés quant au bétonnage, mais les cuirassements (portes et créneaux) ont été livrés avec un retard considérable, de sorte que presque tous les ouvrages sont sans porte et ont leurs créneaux béants ou masqués par des moyens de fortune inefficaces contre les coups d’embrasure. Les rocaillages ne sont pas faits, les chantiers non nettoyés restent très visibles à l’aviation, et parfois même présentent encore des amas de matériaux gênant les champs de tir.
Avec les ouvrages existant en septembre, on dispose d’environ 200 ouvrages pour un front de 40 kilomètres, soit à peu près 5 au kilomètre, mais nombre de ces ouvrages sont inachevés. La ligue Siefgried comporte une densité d’ouvrages de 20 à30, 40 parfois au kilomètre (22 000 ouvrages sur 600 kilomètres de frontière, soit 36 au kilomètre).
La cadence de l’arrivée des matériaux n’a pas permis l’ouverture d’un plus grand nombre de chantiers.

b) Travaux de campagne – Les travaux de campagne furent exécutés suivant deux programmes successifs :le premier correspondant à la fin de l’année 1939, le deuxième au début de 1940, après les grands froids.
- Première période. – Quand le 10ème C.A. est entré dans la zone Chiers – Meuse, les troupes du secteur avaient commencé les travaux suivant les directives données par le général commandant le C.A. « F ».
Les secteurs ne disposant pas ce moment en quantité appréciable des matériaux et de l’outillage nécessaires pour des travaux de bétonnage, il s’agissait avant tout de travaux de campagne qui portaient sur :
- emplacement des armes automatiques ou antichars,
- parallèles et boyaux,
- abris,
- défenses accessoires.
Or, à l’exception du fil de fer, il n’y avait pas de matériel d’organisation du terrain (rondins, bois de coffrage, rails, tôles cintrées ou ondulées, clayonnages ou matériaux de revêtements, etc…).
L’un des premiers soucis du commandant du 10ème C.A. fut de livrer aux troupes ce qui leur manquait à cet égard. On réquisitionna ce que l’on put trouver dans les usines de la zone du C.A., des tôles plates par exemple ; mais on ne trouva ni tôle cintrées, si tôle ondulées ; on organisa des chantiers de coupes de bois, les unes exploitées par les corps de troupe eux-mêmes, les autres par les pionniers du C.A. Cela demanda quelques délais, car il convenait, avant d’entreprendre les coupes, de s’assurer qu’elles ne nuiraient pas à la valeur tactique de la position (obstacle, camouflage). Des ateliers de bûcherons furent constitués pour abattre les arbres et les débiter en grumes. Des ateliers de charroi amenaient les grumes aux scieries. On exploita les scieries existantes et l’on en monta d’autres. Il fallut un certain temps pour la mise en train de ces exploitations ; à partir de fin décembre, six scieries purent débiter 200 mètres cubes de rondins et de matériel de boisage par semaine.
Dès la fin d’octobre, on constata que les pluies et les inondations avaient ruiné une partie des travaux exécutés le mois précédent dans des conditions précaires. Pour remédier à l’instruction technique insuffisante des travailleurs, cause première de ces malfaçons, les divisions durent faire entreprendre par des équipes de spécialiste confirmés, encadrés par les unités du génie, quelques éléments de travaux types qui servirent de modèle aux unités et particulièrement aux cadres subalternes.
Mais les pluies d’automne tombèrent en extrême abondance et à une époque inaccoutumée, ce qui provoqua, à partir du mois de novembre , l’inondation des travaux et même de certains blocs de la vallée de la Chiers.
Les grands froids de janvier et de février, accompagnés d’abondantes chutes de neige, réduisirent l’activité des troupes et ralentirent considérablement le débit des scieries par suite de l’impossibilité de sortir des grumes des forêts.
Pratiquement, les travaux de campagne furent interrompus pendant deux mois.
Il fut nécessaire, d’ailleurs, en raison de la précarité de la plupart des cantonnements qui exigeaient impérieusement un chauffage efficace, en raison, d’autre part, des difficultés éprouvées par le service de l’intendance pour se procurer et transporter le combustible, de permettre aux corps de troupe de pouvoir eux-mêmes à leurs besoins en bois de chauffage et les corvées de bois employèrent un grand nombre de travailleurs.
- Deuxième période. – Dès qu’il fut possible d’envisager la fin des grands froids, on reprit le projet d’aménagement des positions.
Il s’agissait :
- d’achever les obstacles antichars déjà prévus.
- De remettre en état ou de créer les emplacements d’armes automatiques, de tendre un réseau de fil de fer devant la ligne d’arrêt, d’aménager des abris pour les garnisons des points d’appui.
L’achèvement des travaux ci-dessus étant lié à la livraison des matériels nécessaires, il fut décidé que les travailleurs momentanément disponibles seraient employés au piquetage et au décapage des boyaux et parallèles nécessaires dans le secteur, mais ces éléments ne seraient pas creusés à profondeur normale sans être munis de gabions et fascines. Pour ne pas avoir pris soin, en effet, aux travaux d’automne, la 71ème D.I., par exemple, avait à refaire 18 000 mètre de tranchées.
Le général commandant le 10ème C.A. insista, d’autre part, pour que les emplacements de batterie soient protégés contre les bombardements aériens, particulièrement sur les positions avancées, car ces batteries peuvent être soumises dès le début de la bataille à des bombardements aériens d’une intensité et d’une efficacité inconnues jusqu’ici.
Les travaux prévus par ce deuxième programme pouvaient et devaient être entrepris et poussés méthodiquement :
- Les scieries et les exploitation forestières pouvaient reprendre leur plein rendement à partir de mars
- Le matériel d’organisation du terrain arrivait de l’arrière en quantité satisfaisante à partir de janvier.
- La troupe avait acquis une expérience qui devait lui permettre de ne plus retomber dans les fautes commises.
Le 9 mai, l’état des travaux de campagne peut être résumé comme suit :
Défense antichars – Obstacle continu devant la ligne principale dans le secteur de Sedan (Meuse et canal) et presque total dans le secteur de Mouzon. Pratiquement rien devant la ligne d’arrêt, rien à l’intérieur de la position que les obstacles naturels.
Point d’appui et défenses accessoires – la position était organisée en points d’appui à l’intérieur desquels existaient des emplacements d’armes automatiques, parfois sous béton (200 blocs environ) reliés en partie par communications enterrées.
Le quadrillage des tranchées et boyaux devant relier ces points d’appui entre eux était tracé, dégagé par endroits, mais n’était pas en général creusé en profondeur normale. Un réseau continu de fils de fer barbelés courait devant la ligne principale de résistance, un autre devant la ligne d’arrêt ; l’encerclement des P.A. était amorcé ; dans le secteur de Sedan, un troisième réseau continu courait à l’intérieur de la position.
Un certain nombre d’abris existaient pour la troupe. La plupart des échelons du commandement disposaient d’un P.C. enterré.
Qu’il s’agisse de travaux de campagne ou de travaux de bétonnage, au 10 mai le résultat n’était pas satisfaisant : on aurait pu croire que six mois de travail avec des divisions en secteur, auraient permis la création d’une position achevée, riche en ouvrages bétonnés et possédant une organisation complète d’obstacles, d’abris actifs ou passifs et de communications enterrées.
La situation était toute autre. A quoi cela tenait-il ?
- D’abord à la multiplicité et à l’importance des travaux.
- Puis à la saison. Les pluies d’automne ont complètement ruiné les terrassement entrepris en septembre et octobre. Le froid, qui fut exceptionnel, interrompit radicalement pendant deux mois au moins les travaux de campagne et ralentit considérablement les travaux de bétonnage. D’autre part, les journées sont courtes en hiver et le mauvais temps diminue le rendement du travail ;
- Au mauvais équipement du secteur. Quand le 10ème C.A. est entré en ligne, il n’existait (à part le fil de fer) aucun matériel d’organisation du terrain. Les mesures prises par le Corps d’Armée ne produisirent naturellement leur effet qu’au bout de quelques semaines ; elles ne permettaient d’ailleurs pas de satisfaire tous les besoins ; le matériel envoyé de l’arrière ne commença qu’en janvier à arriver d’une manière satisfaisante. Le matériel de bétonnage ne pouvait être trouvé sur place, il devait tout entier venir de l’arrière ; étant donné l’énormité des demandes faites sur l’ensemble du front et la répartition faite par le Haut Commandement, étant donné également le rendement des moyens de transport (canaux, voies ferrées, camions à la disposition du Corps d’Armée) les matériaux arrivèrent en quantités nettement inférieures aux capacités d’absorption du Corps d’Armée ;
- A la faiblesse des effectifs par rapport aux fronts des divisions et aux charges qui pesaient sur les troupes des secteurs. Des sondages effectués dans les divisions ont montré qu’ils n’y avait guère plus de 4 000 hommes chaque jour aux travaux, les autres représentaient les absents (5 000) et les effectifs employés aux services, corvées ou servitudes diverses (soins aux chevaux, entretien des autos, ravitaillement, agriculture et jardin potagers) aux gardes et aux guets (5 000). D’une division à l’autre, les constatations furent les mêmes ;
- Aux alertes (du 15 au 17 octobre, du 12 au 15 janvier, du 11 au 18 avril) qui immobilisent tous les effectifs et dont les effets de perturbation se prolongent plusieurs jours après la cessation de l’alerte ;
- Aux séances d’instruction ;
- Au fait que les troupes n’occupaient pas en permanence leurs emplacements, mais partaient du cantonnement pour le travail et y rentraient ;
- Enfin, aussi et certainement au mauvais rendement du travail.
Le commandement aux échelons élevés ne cessa de donner une énergie impulsion aux travaux. Commandants du Groupe d’Armées, de l’Armée et du Corps d’Armée interviennent constamment par leurs instructions ou leurs inspection pour guider et actionner l’activité des troupes. Dans les deux divisions du 10ème C.A., le résultat fut inégal. Il varia aussi suivant la façon dont fut organisé le travail : partout où il fut organisé par sous-secteur, il fut meilleur que là où subsistèrent les vieux errements consistant à charger le génie du travail en lui fournissant des « auxiliaires », errements si invétérés parfois qu’on eut la plus grande peine à les faire disparaître.
Cependant, dans l’une comme dans l’autre des divisions, le commandement se heurta à la mollesse des hommes d’une part, à l’incapacité de commandement de la plupart des cadres subalternes d’autre part. Paresse chez les hommes, manque d’autorité et de savoir-faire chez les cadres subalternes qui ne savaient ni organiser un chantier, ni guider l’exécutant au cours du travail, ni exiger un résultat, tendance générale à considérer le travail comme une corvée et non comme un acte de combattant, expliquent en grande partie le faible rendement du travail.
Les équipes de bétonnage firent exception : spécialisées, bien encadrées, mises en face d’un travail dont elles comprenaient le but et dont elles voyaient l’aboutissement, elles travaillèrent avec ardeur et conscience et quelques-unes fournirent des efforts considérables.
Il est permis d’affirmer qu’il était impossible d’obtenir mieux à la 55ème D.I., énergiquement conduite par ses chefs, les généraux BRITSCH, puis LAFONTAINE, eux-mêmes parfaitement secondés par leur commandant de génie le Lieutenant-Colonel DUBOIS de MONTREYNAUD, et qui surent, dès le début, organiser le travail et animer l’exécution. En ce qui concerne en particulier les travaux de bétonnage, le général BILLOTTE, commandant le G.A. I, déclara, au cours de son inspection passée au printemps, que de tous les secteurs de son G.A., c’est le secteur de Sedan qui avait obtenu les meilleurs résultats.
.

A suivre les travaux sur les arrières

Cordialement
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyLun 24 Mai 2010 - 12:05

"Il est permis d’affirmer qu’il était impossible d’obtenir mieux à la 55ème D.I., énergiquement conduite par ses chefs, les généraux BRITSCH, puis LAFONTAINE, eux-mêmes parfaitement secondés par leur commandant de génie le Lieutenant-Colonel DUBOIS de MONTREYNAUD, et qui surent, dès le début, organiser le travail et animer l’exécution. En ce qui concerne en particulier les travaux de bétonnage, le général BILLOTTE, commandant le G.A. I, déclara, au cours de son inspection passée au printemps, que de tous les secteurs de son G.A., c’est le secteur de Sedan qui avait obtenu les meilleurs résultats."

Voici une conclusion fort contestable. Sans doute, Gransard et Huntziger
firent-ils de leur mieux pour renforcer les positions de la 55ème Di. Mais, dès lors que les travaux avaient pris du retard, il y avait bien un moyen d'y remédier !

C'était d'organiser la position comme elle l'aurait été sur le front en 1917 ! En particulier, tous les ouvrages auraient dû être couverts par une ligne de tranchées continue avec plusieurs réseaux de fils barbelés à l'avant. Ligne de tranchées doublée à l'arrière au pied ou à mi-hauteur des collines...

Il s'agissait avant tout d'interdire à une infanterie d'assaut d'avancer, à supposer qu'elle ait pu franchir la Meuse. Celle-ci devait être considérée comme un fossé anti-chars et tenue en conséquence.

On peut affirmer, comme l'a fait le colonel Rocolle, qu'en l'absence des ouvrages bétonnés, si la position avait été tenue et organisée comme en 1917, que les sept bataillons allemands qui lui ont donné l'assaut, s'y seraient cassés les dents, faute d'un bombardement suffisant : les bombes des stukas ne pouvant en tenir lieu !
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alfred
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyLun 24 Mai 2010 - 12:20

Merci à tous pour ce fil particulièrement intéressant....Pour ma part ,j'ai entre autres le "Sedan " de Claude Gounelle.....
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avz94
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptySam 29 Mai 2010 - 11:17

Bonjour,

voici la suite

Général C. GRANDSARD a écrit:


2) Sur les arrières :

De nombreuses autres taches, également urgentes, demandaient une main d’œuvre spécialisée (unités du Génie du Corps d'Armée, pionniers aidés par des auxiliaires d'Infanterie et des unités spéciales telles que sapeurs de ponts lourds); Par suite, d'ailleurs, des déficits de 10 à 15% que les effectifs du génie ont accusés pendant toute la période considérée, les troupes de cette arme, qui furent dans l'ensemble très bien conduites, ne purent réaliser, malgré un bon rendement; ce qu'on aurait pu espérer d'unités au complet.
- Ponts : En raison de la situation du secteur de Mouzon enserré entre la Chiers et la Meuse, il fut nécessaire de multiplier les passages sur cette rivière; quatre ponts furent projetés :

* Trois ponts de pilots, chacun pour charges de 12 tonnes, furent entrepris à Mouzon, à la ferme de l'Alma et à Letanne, soit 800 mètres de ponts. Les deux premiers étaient achevés, le troisième était en voie d'achèvement le 10 mai. Le matériel bois fut entièrement fourni par les exploitations du corps d'armée;

* Un pont de 44 tonnes, pont métallique dont les éléments furent apportés de l'arrière, fut lancé à Pouilly par une compagnie de sapeurs de ponts lourds prêtés à cet effet par le Groupe d'armées.

- Routes : Pour adapter le système routier aux besoins du corps d'armée, il fallut :

* créer des routes nouvelles (accès aux nouveaux ponts, circuits près des chantiers de ravitaillement); le corps d'armée créa de toutes pièces quatre kilomètres de routes nouvelles demandant 12 000 tonnes de matériaux;

* Elargir des routes pour augmenter leur débit; ce travail porta sur quarante kilomètres demandant 16 000 tonnes de matériaux;

* Entretenir l'ensemble du réseau routier et particulièrement certaines routes plus fragiles ou plus nécessaires, d'une longueur de quinze kilomètres environ.

Les matériaux furent fournis :

en partie par l'exploitation des carrières ouvertes et exploitées par le corps d'armée, qui ne pouvaient donner que de la pierre tendre, inutilisable seule;
en partie par envois de l'arrière en pierre dure, sable, gravillon, goudron.
Il faut ajouter, à ces travaux proprement dits des unités spécialisées, les précautions que rendirent nécessaires, après les grands froids, plusieurs périodes de dégel durant lesquelles la circulation fut interdite sur certains itinéraires et sévèrement réglementée partout; grâce à la mise en place opportune des "barrières de dégel", le réseau routier fut conservé en bon état.

- Poste de commandement du corps d'armée : Quand les travaux de bétonnage furent en train sur la position ainsi que la construction des P.C. aux divers échelons subordonnés, le corps d'armée fit entreprendre un P.C. avancé à la Berlière. Il représentait 1 700 mètres cubes de béton et demanda 3 500 tonnes de matériaux.

- Construction de baraques : Un projet portant sur la construction de six cents baraques environ fut établi dans le triple but de :

* Desserrer les cantonnements pour améliorer l'hygiène et diminuer le danger des bombardements aériens;

* Adapter le stationnement aux nécessités de la défense;

* Créer des ressources en cantonnements dans la bande boisée qui barrait la zone du corps d'armée dans toute sa largeur par une ligne de forêt ininterrompue (exception faite de la clairière Stonne - La Berlière). Il y avait, en effet, un espace d'une dizaine de kilomètres de largeur privé de toutes ressources entre les cantonnements situés respectivement au nord et au sud de ces forêts; l'organisation des mouvements entre la zone des divisions et les arrières du corps d'armée s'en trouvait constamment gênée, d'où la décision d'aménager deux camps de baraques dans les bois de Raucourt et du grand-Dieulet.

Fin avril, deux cent vingt-quatre baraques avaient été perçues et transportées à pied d’œuvre, la construction de cent dix d'entre elles était terminée.

3) En avant de la position de résistance :

a) Les dispositifs des destructions des itinéraires routiers et des ouvrages d'art avaient été chargés à la mobilisation. Par suite des pluies qui avaient noyé les dispositifs, puis des gelés, il fut nécessaire de reviser tous les dispositifs. Quatre équipes d'une dizaine de gradés et sapeurs furent employés en permanences à partir du mois de février à cette besogne délicate qui fut achevée au début de mai.
De même, il fut nécessaire de relever toutes les mines antichars et de reviser leur système d'amorçage.

b) L'organisation du champ de bataille aux avancées, commencée par les compagnies de frontaliers, fut poursuivie par la cavalerie. En raison de l'immensité de ce terrain par rapport aux effectifs, des charges imposées à la cavalerie (garde des dispositifs, patrouilles, soins à donner aux chevaux) et des distances à parcourir, le travail fait ne donna pas et ne pouvait pas donner un très grand résultat. L'organisation resta rudimentaire mais cependant appréciable.


A suivre MISE EN CONDITION DES TROUPES

Cordialement
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyLun 31 Mai 2010 - 19:09

J'ai ce même rapport , ainsi qu'un ouvrage du Gal Lafontaine ;
Rassures moi , AVZ , tu ne le retapes pas a la main , tout de même ?

Alain
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyMar 1 Juin 2010 - 23:17

Bonsoir Alain

mon ouvrage est du Gal C. GRANDSARD et je retapes à la main les passages qui décrivent la période sept 39 à mai 40, donc période avant la bataille de Sedan. Cela permet peut être de mieux comprendre cette bataille.

Cordialement


Dernière édition par avz94 le Ven 4 Juin 2010 - 20:07, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyVen 4 Juin 2010 - 20:03

Bonjour,

voici la suite

Général C. GRANDSARD a écrit:


II - MISE EN CONDITION DES TROUPES

1) Instruction et entraînement :

Dès le mois de septembre 1939 les instructions du commandement prescrivirent de poursuivre, concurremment avec l'organisation de la position de résistance, la mise en condition de la troupe et des cadres, L'instruction devait se faire à chaque échelon. Dans le cadre des divisions on perfectionnerait la troupe : instruction de l'homme (emploi des armes, entraînement physique), des gradés, des petites unités. on devait à l'origine consacrer deux tiers du temps aux travaux et un tiers à l'instruction par journées entières. En raison de l'ampleur des travaux à exécuter et aussi du mauvais temps qui rendait improductives des séances d'instruction d'une journée entière on arriva rapidement au régime de la demi-journée d'instruction par semaine.
Des champs de tir furent organisés aux abords des cantonnements à Yoncq, Vendresse, Marquigny, bois des Moines, Hannogne.

un centre d'instruction était, d'autre part, organisé à Verdun par les soins de l'armée pour la formation des spécialistes (mitrailleurs, conducteurs de chenillettes, servants de mortiers de 60 et 81mm, servants des armes de défense contre avions, des armes antichars, pionniers, spécialistes des transmissions). Notons enfin, pour mémoire, les nombreux cours organisés pour les cadres subalternes aux échelons supérieurs du commandement.
Il apparut rapidement que ces dispositions étaient insuffisantes et qu'il était préférable d'adopter un système qui permît à la troupe soit de travailler sans interruption dans ses travaux, soit de s'instruire par périodes plus longues. Le 10ème CA fut ainsi amené à organiser dans ses arrières deux zones d'instruction, chacune pour un régiment, l'une englobant Brieulles-sur-Bar, Boult-aux-Bois, Briquenay, l'autre comprenant Bayonville, Barricourt. L'organisation comportait la création de champs de tir avec terrains de lancement de grenades et l'aménagement des cantonnements qui permît leur occupation même en hivers.
Cependant les grands froids interdirent de passer aussitôt à l'exécution; d'abord parce que l'instruction n'aurait eu aucun rendement, ensuite parce qu'il n'était pas possible de faire quitter aux hommes des cantonnements qu'ils avaient aménagés à grand'peine contre le froid, pour les transporter dans des cantonnements nouveaux dont l'aménagement était forcément incomplet.

C'est au début de mars seulement qu'il fut possible d'envoyer deux RI à l'arrière pour une période de trois semaines, l'un de la 55ème DI, l'autre de la 71ème DI. A la fin de mars, un autre régiment de la 55ème DI y partit et, à la fin d'avril, le troisième régiment (213ème RI). A al fin de mars d'autre part, toute la 71ème DI était relevée par la 3ème DINA et placée en réserve d'armée; elle n'avait plus de lien avec le 10ème CA. Dans ces zones d'instruction, les RI purent manoeuvrer avec la collaboration des cadres de l'artillerie et quelques unités de chars.
Ces dispositions ont-elles été efficaces ? De grosses difficultés sont apparues; en particulier du fait de l'insuffisance des moyens d'instruction du tir, les terrains sommairement organisés n'ayant qu'un rendement médiocre. On a donné aux hommes l'occasion de se servir de leur armement, on les a dégrossis quant à la manoeuvre des petites unités, on leur a montré des chars et on a pu faire manoeuvrer avec eux quelques bataillons, on a amélioré la discipline et la tenue, mais ces résultats ne pouvaient être que très superficiels.
L'artillerie poursuivit son instruction sur ses positions et put exécuter quelques écoles à feu. Pour elle également, on ne put inculquer aux hommes et aux cadres qu'un rudiment d'instruction.

En dehors de ces périodes d'instruction, le séjour sur les positions a été utilisé, bien entendu, pour familiariser cadres et hommes avec les prescriptions du plan de défense. Dans cet ordre d'idée s'est révélée l'incapacité de la plupart des cadres à sortir des schémas de 1918; nos règlements en sont imbus et les cadres réservistes, qu'ils aient ou non fait la guerre 14-18, n'ont aucunement participé à l'évolution qui s'est faite dans les esprits avertis de l'armée active. Recherche de la ligne de feux continue, recherche de la rasance pour les armes automatiques dominent tout; les ordres du commandant du 10ème CA ont prescrit dès octobre la constitution de points d'appui et de centres de résistance fermés, s'appuyant aux obstacles du terrain et devant résister, même dépassés par les chars; cette notion simple a le plus grand mal à s'implanter dans les cerveaux. Au cours de ses inspections, le commandant du corps d'armée le constate presque partout; s'agit-il d'un bois à organiser, d'un village à défendre, on s'installe devant pour rechercher les grands champs de tir au lieu de s'organiser aux lisières et à l'intérieur; s'agit-il d'un talus, on s'installe au pied pour rechercher la rasance au lieu de s'installer en haut pour s'abriter derrière l'obstacle. Les réflexes sont ceux d'une armée qui a bien fait la guerre en 1918 avec des chars mais qui n'en a jamais eu contre elle. Peu à peu, à la suite de rectifications successives on se rapproche de la solution sur le terrain, mais les esprit sont-ils conquis ?
L'entraînement physique fut poursuivi concurremment à l'instruction et par des séances spéciales d'éducation physique. Là aussi, là surtout, la carence des instructeurs ne permit pas d'obtenir de résultat tangibles;heureusement les jeux, en particulier le ballon, permirent aux hommes de retrouver en partie l'agilité de leur âge.


A suivre l'action sur le moral.

Cordialement
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyVen 4 Juin 2010 - 20:18

La Meuse étant un fossé anti-chars, il fallait rechercher à aménager la position comme en 1917. Cela n'a pas été fait ou très incomplètement. Habituer la troupe à combattre les chars était une mauvaise idée. Les chars ne devaient pas pouvoir franchir la Meuse. Pour cela, il suffisait d'empêcher l'infanterie ennemie de s'y installer.

Or, que constate-t-on quand les pionniers allemands réussissent à franchir la rivière ? Ils se baladent, coupent quelques barbelés et investissent les bunkers les uns après les autres. Ils coupent les barbelés qui les protègent encore et balancent leurs grenades à l'intérieur... Invraisemblable !!!

Je viens de relire ici la prose de Takata qui est du même avis :

Takata a écrit:
Jusque-là donc, rien de très nouveau, surtout si l'on fait abstraction de la représentation du terrain, des berges escarpées du fleuve, de la densité des troupes et de l'artillerie françaises, qui même s'ils elles étaient très médiocres, n'auraient jamais dû permettre le franchissement de l'infanterie ennemie à cet endroit. En fait, on peut même dire que n'importe quelle unité française de dernière catégorie en 1918, avec son matériel de l'époque, l'aurait certainement empêché sans grande difficulté. Le seul facteur nouveau, ce sont les Stukas, mais on sait qu'ils n'ont pas fait le carnage des défenseurs enterrés qui a ensuite été colporté par la propagande Nazie et reprise par celle de Vichy. Quant aux chars, ils n'ont évidemment pas pu franchir tant que l'autre côté n'était pas sécurisé.
Quand on a la carte de Frieser sous les yeux, on comprend mieux comment les Allemands ont pu se jouer de nos défenses...

Trois Régiments pour défendre 12 km derrière une rivière et un véritable capharnaüm d'unités emmêlées, enchevêtrées, c'est ubuesque !

Non, vraiment : Lafontaine était un charlot et Gransard un clown !!!

Ne pouvaient-ils donc pas aligner deux bion en 1ère lignes et un en réserve ? Ce qui faisait un bion pour 2 km.

Pire, je ne compte que 14 sections en 1ère ligne, de Vrigne à Pont-Maugis (exclu). Si on compte 50 hommes par section, ça nous fait
700 hommes en 1ère ligne, à peine un bataillon ! Etonnez-vous avec ça que les Allemands aient percé nos défenses !!!
Le mystère de Sedan, c'est celui-ci. Qui a pris la responsabilité d'organiser un tel foutoir ?
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptySam 5 Juin 2010 - 15:31

Le responsable est bel bien Grandsard :

"Précisant, en ce qui concerne, comment sera conçue l’organisation en profondeur de la P.R., le général commandant le 10ème CA prescrit ( ordre général d’opération n° 2 du 16/10/39, 10° CA et ordre général du 20 octobre) :

Dans toute la profondeur de la position, sur la ligne principale comme sur la ligne d’arrêt ou entre ces lignes, la défense sera organisée en points d’appui ou centre de résistance cerclés, capable de se défendre isolément même dépassés par l’infanterie et les chars ennemis. Les P.A. ou C.R. s’accrocheront par conséquent aux obstacles du terrain, bois, villages, etc."


Le problème, justement, c'est qu'il fallait s'occuper en priorité de l'infanterie ennemie, de manière à la rejeter avant même qu'elle puisse permettre le lancement d'un pont sur la Meuse !

La défense mise en place par Grandsard est conforme au nouveau manuel tactique de l'infanterie, mais c'est une sottise. Son dispositif n'était pas adapté à une défense ferme derrière une coupure d'eau.
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MessageSujet: Re: 55e DI à Sedan   55e DI à Sedan - Page 3 EmptyDim 6 Juin 2010 - 12:35

N'oublions pas qu'il manquait une division entre la 55e et la 3e DINA : la 71e DI .
Les positions défensives auraient été plus denses si elle avait été en position .
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