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| La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... | |
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+9Claude Girod Louis Martel Daniel Laurent dhouliez François Delpla Loïc M. Louis Capdeboscq Eric Denis françois vauvillier 13 participants | |
Auteur | Message |
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françois vauvillier GBM
Nombre de messages : 3859 Localisation : Paris Date d'inscription : 09/10/2006
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Mar 21 Aoû 2012 - 22:29 | |
| Bonsoir à tous, Pas plus qu'auparavant, je ne souhaite entrer de plain-pied dans ce débat, au thème passionnant et grave, faisant l'objet de discussions qui se croisent et s'entrecroisent. Par ce post, je vais contribuer, hélas, à cette confusion. Mais je crois indispensable de revenir quelques échanges en arrière. Pas bien loin. Hier 19 h 05 : - Loïc M. a écrit:
- Eric DENIS a écrit:
- Bonjour,
Voici donc le compte-rendu du comité de guerre du 25 mai 1940. Les corrections apportées sont de la main de Reynaud : Merci pour cet éclairage. Effectivement, c'est un peu surréaliste. Ces hommes (politiques comme militaires) s'apprêtent à envoyer à la mort ou en camp de prisonniers des milliers de soldats (sans parler des pertes civiles) en remettant à plus tard la décision de jeter les armes ou au contraire de poursuivre la lutte depuis l'Empire. Une chose me frappe dans cette noble tirade. Eric Denis rafraîchit la mémoire de tous en mettant en ligne une archive fondamentale, incluse à titre d'Appendice IX de Rappelé au Service (mémoires de Weygand, tome III, Flammarion 1950, pages 599-604). Disponible publiquement depuis donc 62 ans. Et Loïc M. — si j'en juge à sa réaction mais peut-être me trompe-je et, en ce cas, je le prie de m'en excuser — semble la découvrir. Sur le fond de la question-titre " La faute de Weygand...", je suis encore plus surpris, pour le moins, de ne voir cité, depuis le début de ce fil, strictement aucun écrit du général incriminé (ou ai-je mal lu ?). Ne serait-ce que pour le contrer point par point. Il me semble qu'une méthode analytique convenable consisterait justement à citer tous les éléments utiles des écrits de Weygand (il y a sa déposition devant la commission Serre en 1949, voir GBM 77 pages 38-45. Il y a le célébrissime Rappelé au Service, déjà cité. Et il y a aussi son petit livre En lisant les mémoires du général de Gaulle (Flammarion 1955) dont les pages 33 à 37, particulièrement incisives, sont en relation exacte avec le sujet du présent débat. Certes, tous les acteurs de 1940 qui en ont eu le loisir ou le temps ont écrit leur plaidoyer pro domo. Il n'en demeure pas moins que leur parole vaut d'être entendue. Comme à la barre d'un procès équitable. Bonne continuation, bien cordialement à tous François |
| | | dhouliez Admin
Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Mar 21 Aoû 2012 - 22:41 | |
| Merci de ce rappel parfaitement utile et très diplomatique. |
| | | dhouliez Admin
Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Mer 22 Aoû 2012 - 8:41 | |
| Voici donc les erreurs et imprécisions relevées dans la première partie du texte de BRH. Je me suis limité aux problèmes d'affectations des unités puisque c'est l'argument principal. - BRH a écrit:
- Le 26 mai, le général Prételat (…) peut-il encore défendre un front qui s'étend de la Meuse à la Suisse, alors que des 30 di dont il disposait le 10 mai, il n'en a plus que 15 (dont 6 de série B et 2 di polonaises encore en cours d'instruction) (1).
1/ La situation de ses forces est fluctuante. Bruge évoque 10 DI, mais il se trompe. Le mieux est de s'en tenir à la situation le 28 mai. 15 GUF environ (sous réserve des transferts en cours). Le 28 mai, le GA2 comporte les IIe armée, IIIe, IVe, Ve et VIIIe armée. La IVe armée va être retirée. Ne compter qu’environ 15 GU, (je suppose que le « F » est de trop, les unités de forteresse n’étant par nature pas destinée à évoluer en rase campagne) c’est ne considérer que les III, IV, V et VIIIe armée, ce qui est tout à fait justifié puisque ce sont les armées chargées de la Ligne Maginot.Dans ce cas, et si l’on y ajoute les réserves du GA2, les forces « de campagne » se répartissent comme suit :En réserve de GA2 : 3 divisions (24, 31e, 1e DIPol)A la IIIe armée : 5 divisions (20, 26, 51, 56, 58e)A la IVe armée : 1 division (52e)A la Ve armée : 4 divisions (30, 62, 67, 70e) (plus 103 et 104e DIF)A la VIIIe armée : 4 divisions (45 , 54, 57, 63e) (plus 105e DIF)Soit 17 GU « de campagne » dont 10 de série B, et une DI polonaise. (la 2e DIPol est alors en réserve de GQG, dans la zone du GA2)Le 10 mai, ce sont 42 GU et non 30 qui étaient affectées à l'ensemble GA2 + GA3 (donc III, IV, V et VIIIe armées plus réserves de GA) - BRH a écrit:
- Le 2 juin (…) Weygand a donc bien considéré que les forces du GA.2 étaient réduites au minimum (15 GU) et qu'il n'était donc pas possible d'y puiser davantage. C'est bien là son erreur funeste.
Faute évidente quand on sait que le GQG retirera quand même jusqu'à six divisions pour pallier à l'effondrement du GA n°3. Entre le 28 mai et le 2 juin, le GA2 a perdu les 24e, 31e et 45e DI. Il a par contre gagné la 2e DIPol.La IVe armée lui a été retirée, les zones des 3 armées restantes ont été modifiées.La répartition est alors, sans compter la IIe armée : En réserve de GA2 : 2 divisions (20, 1e DIPol)A la IIIe armée : 5 divisions (26, 51, 56, 58, 2e DIPol)Au XXe CA (trouée de la Sarre) : 1 division (52)A la Ve armée : 3 divisions (30, 62, 70) (plus 103 et 104e DIF)A la VIIIe armée : 4 divisions (54, 57, 63, 67) (plus 105e DIF)Soit effectivement 15 DI dont 10 de série B.Sur ces 15 GU, ce ne sont en aucun cas 6 DI qui seront retirées, mais moitié moins :20e, 56e, 57e . A noter que la 56e n’a été « donnée » au GA4 que pour assurer la liaison GA2 - GA4, et l'a été à l'initiative de Prételat, et non par prélèvement du GQG.
L’essentiel de ces informations avait déjà été donné à l'auteur, mais visiblement, le temps a manqué pour corriger le réquisitoire... - BRH a écrit:
- Faute évidente quand on sait que le GQG retirera quand même jusqu'à six divisions pour pallier à l'effondrement du GA n°3.
N’ont donc été retirées par le GQG après le 2 juin que 2 divisions. - BRH a écrit:
- Faute évidente...
Ben... du coup… bof… Cordialement,DH |
| | | visaval Colonel
Nombre de messages : 1855 Age : 62 Localisation : colmar ALSACE Date d'inscription : 03/04/2009
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Mer 22 Aoû 2012 - 10:03 | |
| bonjour à tous j'estime que le général Weygand n'était pas vraiment au courant de la situation disons compromise sinon désespérée de la situation militaire lorsqu'il a accepté de reprendre la lourde charge de généralissime. Rappelons qu'au moment où il assure le remplacement il est en Syrie et Guderian fonce vers Dunkerque et l'armée française va bientôt être coupée en deux. le reste de l'armée va se battre à 1 contre 3 ou 5.... la tactique des hérissons est bonne mais comment se battre sans divisions et sans réserves ? les considérations politiques viennent pour portion congrue dans ce cas, cela dit, Weygand est royaliste et farouchement opposé au gouvernement en place et à la IIIè République mais je répète que ce n'est , à mon avis, pas ça qui compte ... Cordialement Vincent |
| | | dhouliez Admin
Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Mer 22 Aoû 2012 - 12:39 | |
| J'aimerais bien que les affirmations soient désormais étayées.
Ca ne vaut bien entendu pas que pour Vincent, et je tacherai de me l'appliquer. Ma doc sur ce sujet étant pour le moment hors de portée, je limiterai probablement ma participation.
Toutefois, le petit livre de Weygand "En lisant les mémoires de guerre du Général de Gaulle" commence en gros par cette remarque : j'accepte tout à fait que l'on juge mes actes, mais je dénie à quiconque le droit de préjuger de mes pensées... |
| | | visaval Colonel
Nombre de messages : 1855 Age : 62 Localisation : colmar ALSACE Date d'inscription : 03/04/2009
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Mer 22 Aoû 2012 - 12:54 | |
| bonjour Dhouliez je pense n'avoir choqué personne en disant que je pensais que les positions politiques du Général Weygand n'avaient rien à voir avec les opérations militaires sous son commandement. il y a une chanson rigolote de Maurice le Chevalier à ce propos (pas sur weygand) n'y voyez aucune malice. Vincent |
| | | Loïc M. Commandant
Nombre de messages : 619 Date d'inscription : 12/01/2009
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Mer 22 Aoû 2012 - 13:19 | |
| - dhouliez a écrit:
- Weygand a énoncé cet objectif au cas où la ligne Somme-Aisne serait rompue : la lutte sans espoir pour sauver l'honneur
Mais il avait déjà, le 25 mai, la certitude que la ligne serait rompue, non ? - dhouliez a écrit:
- Sauf que dans l'esprit des dirigeants, ce n'est pas l'armistice qui déroule un tapis rouge, c'est la défaite.
Certes, mais ne jouons pas avec les mots : l'armistice - et même les rumeurs qui circulent quelques jours auparavant, pour compléter ce que dit Claude Girod - va considérablement faciliter la tâche des Allemands à court, moyen et long terme. C'est le manque de vision stratégique dont je parlais il y a quelques messages : les conséquences de la mise hors jeu de la France sont planétaires et la façon dont cette élimination se fait vont faire naitre très rapidement le sentiment que les politiques et militaires n'ont pas mesuré le poids de leur décision, en-dehors des considérations de politique intérieure (ou limitée à l'allié anglais avec lequel on avait quelques comptes à régler). - dhouliez a écrit:
- Je n'ignore rien de l'après-armistice, mais je refuse de déduire des comportements des uns et des autres après l'armistice des arrières-pensées qui auraient dicté leur conduite fin mai - début juin.
Notre divergence se situe ici : pour moi la carrière d'un homme politique ou militaire doit être vue dans son ensemble. Si vous prenez De Gaulle par exemple, plusieurs zones d'ombres entachent sa carrière, mais pour autant on pourrait être tenté de ne retenir que l'homme qui a dit non le 18 juin. Eh bien ce n'est pas mon cas. - Louis Martel a écrit:
- A tort, la France de l'époque se voit comme une grande puissance. Or une
grande puissance ne remet pas son destin entre les mains d'une autre nation. Le statut de grande puissance était sans doute largement écorné depuis quelques temps, mais la faute consiste aussi à ne pas l'avoir définitivement admis suite à la perte du GA1 et par conséquent fait preuve d'un peu plus de modestie. Pour répondre à François Vauvillier : vous avez parfaitement raison en indiquant que tous les hommes impliqués ont souvent réécrit leur propre histoire a postériori. Personnellement, je n'ai pas tout lu sur Weygand, mais je fais aussi mon jugement à la lecture d'analyses faites par autrui. Mon opinion est qu'il a fait son "job" de commandant en chef correctement. Je ne pense pas qu'on pouvait piocher davantage d'unités au GA2 (ou alors marginalement). Par contre, la décision de laisser le GA2 sur place est à mon avis la faute commise, mais elle traduisait logiquement la décision qu'il avait prise en tant que commandant en chef. Il est peut-être de la responsabilité des politiques de ne pas l'avoir - au minimum - interpellé sur ce point. |
| | | dhouliez Admin
Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Mer 22 Aoû 2012 - 13:43 | |
| - Loïc M. a écrit:
- Mais [Weygand] avait déjà, le 25 mai, la certitude que la ligne serait rompue, non ?
Je n'en sais rien. - Loïc M. a écrit:
- dhouliez a écrit:
- Sauf que dans l'esprit des dirigeants, ce n'est pas l'armistice qui déroule un tapis rouge, c'est la défaite.
Certes, mais ne jouons pas avec les mots. Je ne joue pas avec les mots. Merci de me relire. - Loïc M. a écrit:
- dhouliez a écrit:
- Je n'ignore rien de l'après-armistice, mais je refuse de déduire des comportements des uns et des autres après l'armistice des arrières-pensées qui auraient dicté leur conduite fin mai - début juin.
Notre divergence se situe ici : pour moi la carrière d'un homme politique ou militaire doit être vue dans son ensemble. Où avez vous lu que je ne voulais pas voir la carrière politique et militaire dans son ensemble ? On n'est pas en train de faire le bilan de la vie de Weygand, et ce n'est pas le propos du forum. Je refuse de déduire des comportements des uns et des autres après l'armistice des arrières-pensées qui auraient dicté leur conduite fin mai - début juin... Ca n'a strictement rien à voir. Qui vous a dit que je ne retenais de Weygand que ce qui m'arrangeait ? Cordialement, DH |
| | | Loïc M. Commandant
Nombre de messages : 619 Date d'inscription : 12/01/2009
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Mer 22 Aoû 2012 - 14:02 | |
| - dhouliez a écrit:
- Loïc M. a écrit:
- Mais [Weygand] avait déjà, le 25 mai, la certitude que la ligne serait rompue, non ?
Je n'en sais rien. Je me réfère à ce qu'écrit Louis C. page précédente : Il sait que l'optique "ça passe ou ça casse" va aboutir à la destruction de l'armée française ("ou ça casse"). Il a sans doute été surpris par la rapidité de l'effondrement, mais le scénario global ne faisait guère de doute. - dhouliez a écrit:
- Loïc M. a écrit:
- dhouliez a écrit:
- Sauf que dans l'esprit des dirigeants, ce n'est pas l'armistice qui déroule un tapis rouge, c'est la défaite.
Certes, mais ne jouons pas avec les mots. Je ne joue pas avec les mots. Merci de me relire. Je ne vous accuse pas de jouer avec les mots (désolé pour la tournure de phrase), mais bel et bien les dirigeants de l'époque ! Évidemment que la défaite française ouvre un boulevard à l'Allemagne. Ce qu'on peut se demander, c'est si ces dirigeants, pendant la quinzaine de jours à partir du moment où l'idée d'armistice est soulevée et le changement de gouvernement, ont évalué l'impact (à tout point de vue, pas seulement vis à vis de la situation intérieure) d'un armistice versus une capitulation. - dhouliez a écrit:
- Où avez vous lu que je ne voulais pas voir la carrière politique et militaire dans son ensemble ? On n'est pas en train de faire le bilan de la vie de Weygand, et ce n'est pas le propos du forum. Je refuse de déduire des comportements des uns et des autres après l'armistice des arrières-pensées qui auraient dicté leur conduite fin mai - début juin... Ca n'a strictement rien à voir. Qui vous a dit que je ne retenais de Weygand que ce qui m'arrangeait ?
Je n'ai nullement prétendu ça. Ce que j'ai voulu écrire, c'est qu'il est possible que la perspective de l'armistice à plus ou moins brève échéance a pu - mais personne ne pourra sans doute jamais le prouver ni prouver le contraire - décider Weygand (mais pas uniquement lui) a se saisir de la situation pour tenter de faire passer ses idées si cet armistice venait à s'installer. Cela ne l'aurait pas empêché de conduire la bataille honnêtement, mais peut-être que ses réflexions personnelles sont venues polluer sa réflexion politico-stratégique. |
| | | dhouliez Admin
Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Jeu 23 Aoû 2012 - 15:03 | |
| Bonjour, Je reviens sur les décomptes d'unité. BRH répond à mon post sur son propre forum plutôt qu'ici (!), mais cela permet d'apporter quelques petites corrections. C'est d'ailleurs l'intérêt d'indiquer précisément des compositions, plutôt que d'avancer des chiffres en gros : les informations sont facilement vérifiables et les erreurs facilement relevées. Cela dit, les corrections à apporter sont : - l'affectation de la 67e DI à la VIIIe et non à la Ve armée. - la 45e DI est affectée à la VIe armée depuis le 20 mai. - la 2e DIPol est à la 3e armée depuis le 24 mai. 2 divisions en réserve sont encore affectées au GA2, quoiqu'en cours de transfert (24e DI, 31e DIAlp) mais elle ne seront officiellement affectées au GA3 que le 29 mai. - BRH, sur Tribune Histoire, a écrit:
- Donc, 16 GU, si on considère la 2ème DI pol en réserve de GQG. En ne comptant que les divisions de campagne (à l'exclusion des DIF, donc), on a seulement 13 GU.
Non, au total, il y a donc : officiellement affectées : 17 GU de campagne, compte inchangé réellement disponibles : deux de moins, soit 15 GU de campagne (les DIF n'étaient déjà pas prises en compte) N'hésitez pas à apporter d'autres corrections si nécessaire, je ne prétends nullement à l'infaillibilité. - BRH, sur Tribune Histoire, a écrit:
- Pour la situation au 10 mai, il faut retirer le GA.3. Il est vrai que tout sera bouleversé par la suite. Et quand Prételat évoque ses 30 GU au départ, il en soustrait mentalement les divisions de la IVème Armée, toutes parties les 1ère pour constituer la VIème armée.
Explications incohérentes, puisque la référence est au 10 mai. Il faut comparer ce qui est comparable : il est question ici du front de la Meuse à la Suisse. Donc la VIIIe armée doit être prise en compte. Je rappelle le "questionnement" de BRH qui n'était pas une citation de Prételat : - BRH a écrit:
- Peut-il encore défendre un front qui s'étend de la Meuse à la Suisse, alors que des 30 di dont il disposait le 10 mai, il n'en a plus que 15
Pour défendre le front de la Meuse à la Suisse, en retirant la petite partie qui dépend de la IIe armée, il y avait au 10 mai, sauf erreur, 42 grandes unités "de campagne". Au 28 mai, ce nombre est tombé à 15 GU disponibles. C'est donc (au bilan) du 10 au 28 mai une diminution de 27 GU et non de 15. Je ne sais pas pourquoi BRH choisit de compter au 28 mai alors qu'il situe la discussion Prételat-Georges le 26, mais c'est anecdotique. Au 2 juin, il reste bien 15 GU dont seules deux (et non 6) seront retirées par le GQG, une troisième étant "donnée" par Prételat. Les proportions sont donc totalement différentes de ce que BRH avance dans son "article". C'est l'essentiel de mon propos, les détails étant là pour permettre des vérifications. Cordialement, DH ___ Edition : erreur d'une unité sur le compte total au 28 mai : 17 au lieu de 18.
Dernière édition par dhouliez le Ven 24 Aoû 2012 - 10:25, édité 4 fois |
| | | Claude Girod Général de Brigade
Nombre de messages : 2855 Age : 73 Localisation : Jura Date d'inscription : 20/06/2010
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Ven 24 Aoû 2012 - 8:08 | |
| Bonjour à tous ! Bonjour LoïC M ! - Loïc M. a écrit:
- [Ce que j'ai voulu écrire, c'est qu'il est possible que la perspective de l'armistice à plus ou moins brève échéance a pu - mais personne ne pourra sans doute jamais le prouver ni prouver le contraire - décider Weygand (mais pas uniquement lui) a se saisir de la situation pour tenter de faire passer ses idées si cet armistice venait à s'installer. Cela ne l'aurait pas empêché de conduire la bataille honnêtement, mais peut-être que ses réflexions personnelles sont venues polluer sa réflexion politico-stratégique.
A la relecture de la déposition du général Weygand en date du 31 juillet 1945 ("Compte rendu sténographique du procès du maréchal Pétain" - Albin Michel 1945 - où les "échanges" sont tendus entre M. Reynaud et le Général), rien ne permet d'étayer cette hypothèse ... Weygand se défend de toute arrière-pensée politique et d'ambition personnelle ... Quelques courts extraits : .../... "Comme j'ai eu l'honneur de le dire à M. le Magistrat instructeur, je défie quiconque de trouver dans ma vie un acte politique" .../... .../... C'est à ce moment là, dans l'après-midi du 12 (juin) que je prends la décision - et ma décision est prise en tant que Commandant en chef - de prier le Gouvernement de demander à l'Allemagne un armistice .. /... Cette décision est prise uniquement pour des raisons militaires" .../..
.../..."Le commandant en chef - moi - ne s'est décidé à demander l'armistice que pour des raisons strictement militaires, et il l'a fait après avoir essayé tous les moyens de défense, après avoir usé les troupes autant qu'il pouvait le faire ; tant qu'il a conservé une lueur d'espoir, il n'a pas voulu demander cet armistice et il ne l'a demandé qu'à la dernière extrémité, contraint et forcé par les circonstances militaires. .../... .../... "Je crois vous avoir convaincus en vous demandant de monter avec moi le calvaire que j'ai gravi et que les armées ont gravi avec moi que nous n'avions d'autres raisons que des raisons d'ordre militaire pour demander l'armistice" .../...
.../... "Je ne dirai qu'un mot de l'honneur. Après la vie que j'ai menée, au grand jour, sans compromissions, j'affirme que personne ne peut me donner des leçons d'honneur" .../... Cordialement ! |
| | | Loïc M. Commandant
Nombre de messages : 619 Date d'inscription : 12/01/2009
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Ven 24 Aoû 2012 - 8:54 | |
| Bonjour,
Comme l'écrit F. Vauvillier : "tous les acteurs de 1940 qui en ont eu le loisir ou le temps ont écrit leur plaidoyer pro domo."
En l'occurrence, Weygand n'est pas tout à fait honnête lorsqu'il dit "Comme j'ai eu l'honneur de le dire à M. le Magistrat instructeur, je défie quiconque de trouver dans ma vie un acte politique". Sa carrière à Vichy prouve le contraire, qu'on approuve ou qu'on réprouve toute ou partie de ses actes. Il a agit en tant que politique.
C'est un homme qui se défend à la barre et, comme tout accusé, il mérite d'être entendu. Le non-lieu obtenu lors de son procès n'est pas le seul, car il fallait après-guerre obtenir la réconciliation nationale à tous prix et il avait conservé de nombreux soutiens dans l'armée. D'autres acteurs de Vichy sont passés "au travers", mais se sont vus rattrapés par leur passé bien des années après. |
| | | Claude Girod Général de Brigade
Nombre de messages : 2855 Age : 73 Localisation : Jura Date d'inscription : 20/06/2010
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Ven 24 Aoû 2012 - 15:21 | |
| Bonjour,
Je partage ce que François Vauvillier a écrit récemment sur le plaidoyer pro domo des acteurs de 1940.
Ayant acquis récemment le compte rendu sténographique du procès du Maréchal Pétain, j'ai relevé ces extraits pour information ...
Bien cordialement ! |
| | | visaval Colonel
Nombre de messages : 1855 Age : 62 Localisation : colmar ALSACE Date d'inscription : 03/04/2009
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Ven 24 Aoû 2012 - 15:57 | |
| bonjour à tous Je sais que Weygand était en très mauvais termes avec De Gaulle et qu'il l'avait rétrogradé Colonel avant de le condamner à mort à l'été 40... Son désaccord avec le gouvernement Reynaud est patent, il ne supporte pas la IIIè République MAIS je ne peux pas dire que, pour autant, il a pris sciemment des décisions néfastes au point de vue militaire car les divisions placées à l'est étaient face à des troupes menaçant de les attaquer à tout moment et c'est d'ailleurs ce qui s'est passé dans la région de Neuf-brisach Colmar une fois que l'artillerie a été retirée pour renforcer un autre secteur... Pour la suite et sa participation à un Gouvernement de Vichy .... c'était sans doute ses opinions politiques mais ça .... il faut, je crois, faire la part des choses et séparer le militaire et l'homme politique dans un gouvernement Pétain Merci de comprendre ce que j'ai écrit mais peut être n'ai-je pas toutes les cartes en main pour essayer de comprendre ce qu'il s'est passé Cordialement
Vincent |
| | | visaval Colonel
Nombre de messages : 1855 Age : 62 Localisation : colmar ALSACE Date d'inscription : 03/04/2009
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Dim 26 Aoû 2012 - 12:28 | |
| je reviens sur le sujet avec un nouvel élément : La bataille de France jour après jour (Lormier) page 273 "le général Gamelin a bien apprécié l'urgence de monter une opération isolant les panzerdivisions très engagées à l'ouest, mais toutes les contre-attaques d'unités blindées franco-britanniques, effectuées le plus souvent au milieu d'une masse de réfugiés, ont été repoussées par l'artillerie et la Luftwaffe. Comme le remarque sévèrement Jean-Louis Crémieux-Brilhac, on assiste à la démoralisation d'une partie du Haut Commandement: "Gamelin et Georges sont accablés, vraissemblablement aussi Billotte, et pire encore, le général Blanchard qui succède à Billotte à la tête du groupa d'armée du Nord et dont le défaitisme annihile toute aptitude à décider. L'accablement des états-majors est d'autant plus grand qu'éloignés du champs de bataille, ils ne comprennent pas le comportement de la troupe. Pour ce qui est du général Weygand, soucieux qu'il est de sauver l'honneur de l'armée par une bataille d'arrêt qu'il juge perdue d'avance, on sait ce que furent les conséquences politiques de son défaitisme" Jean-Louis Crémieux-Brilhac, op.cit. je crois que ce passage est important et c'est pourquoi je l'ai mis in-extenso avez vous des commentaires ? Cdt Vincent |
| | | dhouliez Admin
Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Dim 26 Aoû 2012 - 12:50 | |
| A part le fait que je ne considère pas Lormier comme un historien de référence ?
"on sait ce que furent les conséquences politiques de son défaitisme"... ou comment exonérer discrètement les décideurs politiques de leurs responsabilités. |
| | | Daniel Laurent Adjudant
Nombre de messages : 181 Age : 71 Localisation : Francais de Bangkok Date d'inscription : 10/12/2006
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Dim 26 Aoû 2012 - 12:57 | |
| Bonjour, - dhouliez a écrit:
- A part le fait que je ne considère pas Lormier comme un historien de référence ?
Tiens, j'attendais Alain Adam sur ce coup-la ! Ceci dit, je partage votre avis au sujet de Lormier. |
| | | visaval Colonel
Nombre de messages : 1855 Age : 62 Localisation : colmar ALSACE Date d'inscription : 03/04/2009
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Dim 26 Aoû 2012 - 13:00 | |
| bonjour Didier, là apparemment c'est pas Lormier qui s'exprime c'est Crémieux-Brilhac Lormier fait une citation... et je ne connais pas ce Crémieux-Brilhac à part qu'il est historien et à soutenu Mendès par la suite...politiquement. Vincent et bonjour à BHR |
| | | Louis Capdeboscq Colonel
Nombre de messages : 1335 Localisation : Paris Date d'inscription : 26/05/2007
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Mer 29 Aoû 2012 - 21:04 | |
| Moi qui connais à la fois "ce Crémieux-Brilhac" et son livre (très bon au demeurant), j'avoue mal voir ce que la citation apporte au débat: elle ne fait que résumer ce que l'on dit depuis le début. La démoralisation de Gamelin et de Georges n'ont rien à voir avec le sujet du fil, pas plus que celles de Billotte ou de Blanchard (l'un est mort, l'autre n'est pas sur place).
Par ailleurs, je ne souhaite pas voir répétée l'assertion selon laquelle Weygand avait commis une erreur en ne repliant pas son aile droite tant qu'il n'y aura pas eu l'exposé, ici ou sur un autre fil, de la stratégie alternative à la sienne. Dire "il fallait se replier" ne dit pas quand, où, ni avec quoi. Ces questions ont été soulevées dans un message précédent. Comme je n'ai pas explicitement posé une question à Loïc je ne vais pas appliquer la même règle que dans le fil sur Dunkerque, mais je ne laisserai plus passer de telles répétitions non justifiées.
Afin d'être constructif, et avec toutes mes excuses pour le délai mis à revenir sur ce fil, je vois que face à l'unanimité des réactions devant le compte rendu de la conférence du 25 mai mis en ligne par Eric, il va me falloir m'expliquer sur mon interprétation (rappel: les pages sont page 5 de ce fil, ou sinon ici ici ici et ici). Or à la relecture le document était conforme à mon souvenir. Je persiste et signe que la communication de Weygand n'est pas automatiquement interprétable comme "tout est plié, il n'y a plus qu'à demander un armistice", et voici pourquoi.
Pour commencer, il faut lire ce compte rendu non pas avec ce que nous savons aujourd'hui, mais avec l'état d'esprit de quelqu'un à qui on vient d'apprendre une catastrophe. La nature humaine cherche spontanément des solutions dans ces cas-là, et il faut toujours insister lorsqu'il s'agit de faire comprendre que non, c'est absolument fichu. Dans ce qui suit, les mots en gras sont soulignés par moi et pas par Weygand, naturellement.
"J'ai donc le devoir (...) d'envisager le pire, c'est à dire ce qui se produirait si nous ne disposions plus des troupes qui constituent le groupe d'armées du nord. J'ai envisagé cette hypothèse dans mes conversations avec le Président du Conseil." => première remarque: on comprend évidemment que la situation est très sérieuse, mais lorsqu'on entend parler d'"envisager le pire" on peut le plus souvent espérer que les choses ne se résolvent en-deçà de ce "pire". Or on apprend à ce moment-là que, justement, la situation des armées en question s'aggrave. Quel est donc ce pire qu'il a fallu envisager ? On n'en parle pas.
A la place, Weygand parle de la ligne tenue par le reste des troupes, ligne qui comprend la Ligne Maginot - présumée inexpugnable - et des lignes d'eau. Cela donne l'impression d'une position relativement conséquente: "Ce redressement a été conçu et exécuté (...). Un front continu a ainsi été réalisé (...). Une ligne de défense nouvelle (...) est ainsi en formation." et Weygand enchaine avec la description de ses efforts - énergiques - pour la garnir de troupes. Certes, nous allons nous battre à 1 contre 3. Les choses sont sérieuses, on l'a dit. Mais il y a la Ligne Maginot, le souvenir de Verdun, l'espoir (irréaliste mais réel) d'une intervention de la Providence ou des Américains, et d'ailleurs Weygand ne dit pas clairement que les choses sont sans espoir, au contraire: "Dans ces circonstances, que faire ? Chercher une ligne plus courte (...)." Il démontre ensuite que ces solutions n'en sont pas, mais il n'est pas dit clairement que la seule réponse possible est une bataille désespérée. Difficile, oui. Risquée, oui. Mais apparemment il existe des réponses puisque Weygand semble en avoir. La conclusion de Weygand est "il faut tenir." Et s'il y a percée allemande, là encore une réponse militaire semble être apportée: "Nous pouvons donc être crevés. Dans ce cas, les fragments constitueront des môles.". Tout juste Weygand parle-t-il de "redressement futur", allusion à demi-mot au fait que le redressement n'est pas pour cette guerre ci, mais qui peut aussi être compris comme des lendemains meilleurs sans capitulation préalable. Weygand reconnait aussi que la gravité de la situation rend raisonnable qu'on envisage des conditions d'une paix avec l'Angleterre, mais ce n'est pas la même chose que de dire "nous avons perdu, nous allons inévitablement devoir demander la paix, avec ou sans les Anglais".
Pour moi, quelqu'un de désespéré comme l'étaient la plupart des interlocuteurs de Weygand, pouvait trouver largement matière à espérer dans cette présentation.
Weygand a donc, techniquement, fait son devoir. Il a présenté et expliqué les choix militaires qui lui semblaient les plus appropriés. C'est son rôle de commandant en chef. Il a également dit, clairement et intelligiblement, que la situation était très grave. Il a nettement laissé entendre que la bataille qui s'engageait serait celle de la dernière chance. Il n'a pas dit, clairement et intelligiblement, que la bataille et le pays étaient pratiquement perdus. Je ne prétends pas savoir pourquoi. Peut-être son tempérament de battant - avéré - le poussait davantage à rechercher des solutions qu'à contempler le pire. Peut-être, dans un contexte politique très chargé et tendu, a-t-il voulu rester au dessus des factions politiques, sans s'aligner avec le parti de la capitulation (pour lui, tous les politiques étaient à mettre à peu près dans le même sac, de toutes façons). Peut-être n'a-t-il pas voulu être celui qui parlerait le premier de mettre fin à la guerre pour préserver l'honneur de l'Armée. Peut-être autre chose: je ne sais pas, personne ne peut le savoir, et faire des hypothèses dans le vide n'apportera pas grand-chose.
Il me semble un peu vain de lui reprocher son comportement. Certes, il met en place un engrenage dont il sait qu'il conduira vraisemblablement à l'armistice, mais il ne s'agit pas forcément d'une manoeuvre politique: pour lui, la lutte outre-mer est irréaliste et irréalisable, et l'Angleterre va bientôt devoir capituler elle aussi. Comme un joueur d'échecs dans une position perdante, il continue de déplacer ses pièces selon la stratégie qui lui semble la meilleure possible, même s'il sait que, sauf miracle, elle aboutira à la défaite. Ce n'est pas la même chose que d'avoir sciemment provoqué cette défaite. A-t-il torpillé la poursuite de la lutte outremer ? Oui, indéniablement. A-t-il volontairement sacrifié des unités venues d'AFN dans le seul but de tordre le cou aux analyses des irréductibles ? J'en doute énormément. Sa stratégie consiste à tout miser sur une dernière bataille, et c'est ce qu'il fait. Au final, la responsabilité repose tout de même sur le gouvernement, responsable en dernier recours des choix militaires qu'il a acceptés. On ne peut pas exonérer un gouvernement de sa responsabilité sous prétexte qu'une des clauses du contrat était rédigée en plus petits caractères que le reste, c'est pour ça que ses membres sont ministres et pas simples consommateurs. |
| | | dhouliez Admin
Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Mer 29 Aoû 2012 - 21:29 | |
| Bonsoir, Je suis globalement d'accord avec l'analyse de Louis, mais je souhaite apporter une précision : - Citation :
- A-t-il torpillé la poursuite de la lutte outremer ?
Personne auparavant parmi les responsables, et jusqu'à preuve du contraire, n'avait envisagé l'AFN comme une position de repli. Par ailleurs, la décision de faire venir en métrople la 84e et la 85e DIA a été prise avant la prise de commandement de Weygand. (Source : le Général Alphonse Georges, par Max Schiavon) Cordialement, DH [Tu as raison, ma formulation est maladroite. Pour mieux exprimer ma pensée, j'aurais dû écrire "ses actions ont-elles rendue impossible la poursuite de la lutte..." Je ne suggérais pas une manoeuvre politique, ou disons que tordre le cou à ce scénario n'a sans doute pas été l'objectif principal de Weygand - LC] |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Jeu 30 Aoû 2012 - 0:39 | |
| - Daniel Laurent a écrit:
- Bonjour,
- dhouliez a écrit:
- A part le fait que je ne considère pas Lormier comme un historien de référence ?
Tiens, j'attendais Alain Adam sur ce coup-la ! Ceci dit, je partage votre avis au sujet de Lormier. Il faut croire que je ne suis pas le seul a penser certaines choses au sujet de Lormier ... Et par ailleurs, je n'avais pas vu l'intervention avant ce soir . Alain EDIT : ceci dit , j'en discutais il n'y a pas si longtemps avec un historien de métier , ce type de personne n'a aucun problème a assumer le regard des passionnés et autres historiens spécialisés , vu ce qu'il gagne en écrivant des textes qui ne pourraient pas paraître dans une revue sérieuse . Je n'ai qu'une chose a lui souhaiter : que cela continue . |
| | | Louis Capdeboscq Colonel
Nombre de messages : 1335 Localisation : Paris Date d'inscription : 26/05/2007
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Jeu 30 Aoû 2012 - 12:54 | |
| Bonjour à tous,
Je suis d'accord avec François que la discussion des premières décisions de Weygand devrait faire l'objet d'un fil séparé.
Pour revenir vaguement dans le sujet, on peut comparer la présentation de Weygand le 25 mai avec celle faite par Gamelin le 15. D'après le compte rendu horrifié qu'en donne Churchill, Gamelin se serait borné à décrire la manoeuvre allemande, qui était alors devenue apparente avec la percée, tout en ajoutant qu'il n'avait plus de réserves. Sous réserve Churchill soit digne de foi - il l'est parfois mais pas toujours, et je n'ai pas lu de compte rendu de cette intervention de source française - il y aurait donc une grande différence entre le détachement avec lequel Gamelin aurait annoncé une défaite imminente, et les manières énergiques de Weygand qui ne pouvait pas s'empêcher de prendre un problème, fût-il insoluble, à bras le corps. Ce dynamisme est attesté par tous les témoins de l'époque, qu'ils aient été favorables au personnage ou non.
Cela participe de ce que j'écrivais en faisant remarquer que non, l'intervention de Weygand n'avait pas été comprise comme annonçant une défaite inévitable (et ça c'est plutôt du "dur" parce que plusieurs témoignages concordent là-dessus). Savoir si Weygand a sciemment conçu sa conférence comme laissant entr'ouverte la possibilité d'un redressement militaire pour qu'un scénario de poursuite de la lutte outremer ne soit pas évoqué, ou bien s'il a simplement été naturel, c'est en revanche du "mou" sur lequel chacun est libre de former une opinion mais dont il est stérile de discuter ici faute d'informations supplémentaires. |
| | | François Delpla Capitaine
Nombre de messages : 554 Date d'inscription : 05/06/2010
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Jeu 30 Aoû 2012 - 14:46 | |
| Bonjour Je rappelle tout d'abord ma remarque déjà un peu ancienne sur la réunion Weygand-Georges-Doumenc-Besson du 6 juin après-midi, objet d'un texte signé Laurent-Adam sur ce même site. Elle montre à l'évidence que, la ligne Somme-Aisne une fois crevée, Weygand ne voulait pas entendre parler de replis et que ses subordonnés ont dû lui faire avaler la chose comme de l'huile de foie de morue, pour employer une expression de l'époque. Il y a bien d'autres éléments, certains connus depuis longtemps, comme son refus tout aussi mordicus, tout aussi sot et tout aussi ruiné par le réel que les autorités quittent Paris pour Bordeaux (c'est d'ailleurs le seul de ses actes à propos duquel il ait présenté une autocritique après la guerre). Mais il y a surtout depuis 2010 la publication des mémoires-journal de Roland de Margerie, dont j'ai résumé ici http://www.delpla.org/article.php3?id_article=458 le passage essentiel (la scène se passe le 26 mai au matin sur le trajet Paris-Le Bourget) : - Citation :
- En préparant avec
lui et son conseiller militaire, le colonel de Villelume, le discours à tenir aux Anglais lors d’un voyage à Londres, Margerie a la surprise d’entendre le chef du gouvernement annoncer son intention de déclarer que la France s’apprête à déposer les armes. Il se réclame de l’expertise militaire du général Weygand : le commandant en chef a, dit-il, déclaré la veille devant le comité de guerre que les Allemands perceraient "où et quand ils voudraient" la ligne improvisée le long de l’Aisne et de la Somme, une fois terminée la bataille en cours dans les Flandres. Aucune défense du territoire ne serait plus alors possible et Reynaud, sans se réclamer cette fois de Weygand, avait déclaré que dans ces conditions le maintien de l’ordre devrait devenir la préoccupation première car "en France, les désastres militaires s’accompagnent toujours de troubles révolutionnaires". Il s’agissait donc de demander aux Allemands leurs conditions de paix (et non celles d’un simple armistice), tout en se battant avec énergie sur la Somme puis la Seine pendant les "éventuelles négociations", puis après leur éventuel échec, si les Allemands avaient posé des conditions "incompatibles avec l’honneur". |
| | | visaval Colonel
Nombre de messages : 1855 Age : 62 Localisation : colmar ALSACE Date d'inscription : 03/04/2009
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Jeu 30 Aoû 2012 - 15:52 | |
| [Message hors-sujet supprimé. Merci d'ouvrir un fil spécifique une question vous vient à l'esprit par association d'idées. - LC] |
| | | Loïc M. Commandant
Nombre de messages : 619 Date d'inscription : 12/01/2009
| Sujet: Re: La faute (?) de Weygand et la colère de Prételat... Jeu 30 Aoû 2012 - 18:44 | |
| Je reviens sur le CR du comité de guerre du 25 mai. Il est donc écrit : - Citation :
- Le Général WEYGAND indique comment il a étudié avec le Général GEORGES le raccourcissement du front [...]
Des documents relatifs à cette étude (qui comporte 3 solutions de repli) ont-ils été conservés ? - François Delpla a écrit:
- Mais il y a surtout depuis 2010 la publication des mémoires-journal de Roland de Margerie, dont j'ai résumé ici http://www.delpla.org/article.php3?id_article=458 le passage essentiel (la scène se passe le 26 mai au matin sur le trajet Paris-Le Bourget) :
- Citation :
- En préparant avec
lui et son conseiller militaire, le colonel de Villelume, le discours à tenir aux Anglais lors d’un voyage à Londres, Margerie a la surprise d’entendre le chef du gouvernement annoncer son intention de déclarer que la France s’apprête à déposer les armes. Il se réclame de l’expertise militaire du général Weygand : le commandant en chef a, dit-il, déclaré la veille devant le comité de guerre que les Allemands perceraient "où et quand ils voudraient" la ligne improvisée le long de l’Aisne et de la Somme, une fois terminée la bataille en cours dans les Flandres. Le CR du comité étant disponible, il est curieux que l'on n'y retrouve pas la phrase que Reynaud attribue à Weygand : " les Allemands perceraient "où et quand ils voudraient" la ligne improvisée le long de l’Aisne et de la Somme, une fois terminée la bataille en cours dans les Flandres.". Donc : 1) soit Reynaud interprète les propos de Weygand en s'adressant à ses deux collaborateurs ; mais, comme l'a montré le CR de la veille, il semble bien que Reynaud fasse confiance au jugement du général ("remarquable exposé") et il serait curieux qu'il déforme ses propos (ou en invente carrément), sachant qu'il y a des témoins de taille et que Margerie et Villelume ont probablement déjà des échos du conseil ; 2) soit ce sont des propos tenus "en off" par Weygand (à part Reynaud, qui les a entendus ?) et on peut s'interroger à ce sujet : pourquoi ne figurent-ils pas au compte-rendu, alors que leur teneur (la percée allemande est certaine) diffère sensiblement de ce dernier (nous pouvons être crevés) ? 3) dernière possibilité : c'est une interprétation de Margerie quand il écrit ses mémoires. |
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